Alain Ploton a toujours vécu avec ses parents et sa fratrie dans un logement social à Montigny, près de Rouen (Seine-Maritime). Après le décès de sa mère en juin 2024, le bailleur veut qu’il quitte son logement, jugé trop grand pour une personne seule.
"C’est la double peine", se désole Alain, 62 ans, habitant de Montigny depuis toujours. Le 23 juin 2024, sa maman, avec qui il a toujours vécu, décède à 98 ans. Après le décès, Alain adresse un courrier à Habitat 76 pour que le bail de la petite maison où il vit soit désormais à son nom.
Ma pauvre petite mère, si elle voyait ce qu'il m’arrive.
Alain Plotonà France 3 Normandie
Trop grand pour une personne seule
"Je pensais que ce n’était qu’une formalité", confie Alain. "Je ne m'attendais pas à cette réponse."
Le bailleur lui répond en effet qu’au regard :"des articles 14 et 40 de la loi du 6 juillet 1989 modifiée par la loi du 17 juillet 2019, vous ne remplissez pas les conditions pour pouvoir bénéficier d’un droit de suite, l’occupation d’un logement de type T4 par une personne impliquant une sous-occupation des lieux".
Une figure du village
Amoureux de son village, Alain Ploton y est apprécié et occupe depuis bientôt 10 ans le poste d’adjoint technique aux espaces verts à la commune. Intarissable sur le patrimoine de Montigny, il nous parle avec émotion de la transformation du village au fil des décennies.
Accueillant près de 1 250 habitants, la commune est appréciée pour sa proximité avec Rouen et son cadre de vie entre Seine et forêt. Le bourg dispose de plusieurs commerces dont un café/épicerie... où trône depuis une semaine une pétition "Permettez à Alain de rester dans sa maison".
De nombreux habitants ne comprennent pas la décision d’Habitat 76, à commencer par le maire (SE) Christian Poissant : "Dans 'bailleur social', il y a 'social'. Hors, dans ce cas, l’humain n’est pas pris en compte du tout".
L’édile a appuyé la demande d’Alain en adressant un courrier au bailleur: "L’éviction prochaine d’un pavillon avec jardin pour un éventuel logement en appartement hors commune aurait un impact psychologique important sur une personne de santé fragile".
Un départ avant le 20 décembre 2024
Malgré ce soutien, Habitat 76 campe sur ses positions et indique à Alain Ploton qu’il doit quitter son logement d’ici le 20 décembre 2024.
Les logements sociaux de Montigny sont actuellement en pleine rénovation énergétique, le maire craint qu'ils ne soient, à terme, destinés à la vente : "Il y en a 10 dans le village et 2 biens ont déjà été vendus pour une valeur d’environ 140 000 euros".
Tous les signataires de la pétition espèrent que la mobilisation fera changer d’avis le bailleur social. Contacté, Habitat 76 n'a pas encore répondu à notre sollicitation.