Médaillé à Pékin, Londres, puis Rio, le pongiste originaire de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime) Florian Merrien compte bien réitérer pour sa quatrième participation aux Jeux paralympiques. La compétition démarre le 25 août à Tokyo.
L’or en équipe à Pékin en 2008, le bronze toujours en équipe à Londres en 2012, puis en individuel à Rio en 2016. Florian Merrien espère bien accrocher une quatrième médaille olympique autour de son cou cette année à Tokyo. Le calendrier des compétitions a placé les épreuves de qualification du tennis de table le mercredi 25 août 2021.
Né à Mont-Saint-Aignan en 1984, le jeune Florian a attrapé un virus dans la moelle épinière à l’âge de 18 mois. « Je suis devenue paralysé en une heure à peu près. J’ai fait ma vie avec ce handicap, mes parents m’ont toujours expliqué que j’étais différent mais ils m’ont toujours poussé à être avec les autres et faire avec les autres », révèle-t-il.
C’est ainsi que le Seinomarin a commencé le tennis de table à l’âge de dix ans, au club de tennis de table de Grand-Quevilly (76), un club valide. « Je suis arrivé au gymnase en disant : "Bonjour je veux faire du ping pong !", je pense que les entraîneurs ont dû se dire, "Oh là là quelle galère ! Qu’est-ce qu’on va faire de lui ?", se remémore-t-il, amusé. « Moi je suis venu là pour faire du sport, pas en me disant un jour que je serai champion paralympique de tennis de table ! »
Il adore vraiment l’entraînement. C’est un compétiteur… il faut gagner ! Mal jouer ce n’est pas grave… il faut gagner !
5 heures d'entraînement par jour
Mais la graine de la compétition a bel et bien germé. Florian peut monter jusqu’à cinq heures d’entrainement par jour pendant les périodes de préparation aux compétitions. « Il adore vraiment l’entraînement. C’est un compétiteur… il faut gagner ! Mal jouer ce n’est pas grave… il faut gagner ! », confie son beau-frère et entraîneur Florian Dheilly.
Pour construire ses victoires, Florian s’appuie sur sa créativité et son sens de la contre-attaque. Une qualité qui ne doit rien à l’improvisation. « C’est comme si j’étais un musicien. Pour jouer un morceau complet, il faut répéter des notes, faire ses gammes. Je suis beaucoup dans l’automatisation des coups, des schémas de jeu. Si la balle arrive là, il n’y a pas cinquante solutions. Je sais où ça va être efficace. C’est un sport de reflexe, les balles arrivent à plus de 100 km/h », détaille le numéro 3 mondial.
Quand toi tu joues au tennis de table, tu regardes la balle. Et bien nous, on ne la regarde pratiquement plus.
Et puis il y a l’observation de l’adversaire. « Quand toi tu joues au tennis de table tu regardes la balle et bien nous, on ne la regarde pratiquement plus. On se fie au son de l’impact de la balle sur la raquette. On se fie au mouvement de poignet de l’adversaire. Il y a vraiment plein de choses, c’est un sport très stratégique », confie le pongiste.
Des soins hebdomadaires spécifiques
Aux entraînements quotidiens, s’ajoutent les séances obligatoires chez son kinésithérapeute chaque semaine. « Il y a pas mal de contractures et de contractions qui s’appellent la spasticité qui sont complétement involontaires et donc on essaye de lutter contre cette spasticité qui peut entraîner des raideurs. » confie son kinésithérapeute à Mesnil-Esnard, Jean-Pierre Sedillot.
« En fait je ne peux pas du tout utiliser mes jambes mais par contre j’ai la sensibilité totale. Elles se mettent à trembler quand elles sont mal installées sur le cale-pieds du fauteuil. Ça peut m’empêcher de dormir. Si on ne le fait pas régulièrement ça me gêne vraiment dans ma vie quotidienne, et dans le sport », témoigne Florian Merrien.
Malgré des Jeux à huis clos, le plaisir prédomine
Avec l’équipe médicale, Florian Merrien est arrivé sur le sol nippon le 17 août. Le Covid apporte son lot de contraintes et de complications. « On échappe aux tests PCR mais on a des tests salivaires chaque matin et on croise tous les doigts pour être négatifs » révèle-t-il.
Evidemment, la déception de ne pas avoir ses proches près de soi se fait sentir. Les parents de Florian, jeunes retraités, auraient dû se rendre au Japon. Sa petite amie, sa sœur et bien sûr son beau-frère et coach personnel également. « C’est pareil pour tout le monde », temporise le champion, « pour tous les Français mais aussi pour tous les adversaires donc on sera à égalité sur ce point. »
On a fait une super prépa et l'équipe est très soudée, il y a une super ambiance avec le staff et on a hâte d’en découdre !
« On aurait tous voulu qu’il y ait des supporters, et même des supporters étrangers, c’est toujours sympa quand il y a de l’ambiance et des échanges… » Après un an et demi sans compétition internationale, Florian est reconnaissant de pouvoir participer aux Jeux : « Ça reste quand même LA complet’ de référence ! On a une chance énorme de pouvoir la faire avec tout de même de très bonnes conditions. On a fait une super prépa et l'équipe est très soudée, il y a une super ambiance avec le staff et on a hâte d’en découdre ! », s’enflamme-t-il.
36 ans, et toutes ses chances !
La même ferveur qu’au départ, mais avec l’expérience en plus. « Quand on arrive aux Jeux la première fois, on a les yeux qui se baladent partout et pas forcément sur la table de ping » ironise-t-il. Savoir gérer l’attente et un peu mieux le stress ou la pression même si ce n’est pas forcément ce qui le gêne le plus. « J’espère que ça me servira dans les moments importants ou dans les moments les plus chauds. Je me connais mieux aujourd’hui », observe-t-il.
D’après le pongiste multimédaillé, le tennis de table est un sport qui permet de jouer à haut niveau un peu plus tard que dans d’autres disciplines. Et le handisport a aussi une spécificité. « J’ai tendance à répéter que malheureusement le handicap pour la grand majorité des gens intervient à la suite d’un accident, de la route ou autre, entre 18 et 25 ans. Le temps d’être dans un centre de rééducation, de sortir de ce centre... On est encore considérés comme jeunes dans la discipline entre 25 et 30 ans », explique-t-il.
Même si la jeune génération arrive, Florian Merrien compte bien défendre sa place au maximum. « Pour l’instant, je ne ressens pas encore le poids de l’âge donc j’essaye d’en profiter » se réjouit-il.
Et Paris en 2024 ?
« Evidemment Paris ça fait rêver. Quand je vois les yeux des étrangers qui brillent quand ils reçoivent les jeux à la maison… Oui j’ai envie de vivre cette expérience, mais là je suis concentré sur Tokyo ». Le médaillé de bronze à Rio est lucide : « Il ne faut pas brûler les étapes et être performant ici. Ça aidera à continuer dans la même voie de préparation. Il faut que je sois bon ici et ça me servira forcément pour Paris. »
Ses deux premiers matchs auront lieu le mercredi 25 août. Le premier l'opposera au Thaïlandais Anurak Laowong dès 9h00 heure locale, soit 2h00 du matin en France. Pour son deuxième match, Florian Merrien affrontera son ami argentin Gabriel Copola à 19h20 heure locale, soit 12h20 en France.