Manifestante au pouce arraché à Rouen : la victime dépose plainte contre X, l'IGPN est saisie

L'IGPN va enquêter sur une éventuelle bavure policière à Rouen lors de la manifestation du 23 mars 2023 contre la réforme des retraites. Une femme a perdu un doigt dans des circonstances qui restent à éclaircir. Elle porte plainte.

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Le parquet de Rouen a annoncé saisir l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) pour enquêter sur les circonstances dans lesquelles une manifestante a eu le pouce arraché le 23 mars, en marge de la mobilisation contre la réforme des retraites à Rouen.

La victime a également porté plainte contre X "pour violences ayant entrainées une infirmité permamente par personne dépositaire de l'autorité publique et avec arme".

Un autre manifestant a également porté plainte à Rouen. Il est atteint de surdité après une "explosion" près de lui lors de la manifestation du 23 mars. 

Utilisation non conventionnelle de la force ?

Cette mère de deux enfants s'est effondrée au sol vers 16 heures, boulevard du Général Leclerc, dans le centre-ville. L'accident a eu lieu alors que des affrontements étaient en cours entre un groupe de manifestants et la police.

Selon nos informations, la victime âgée d'une quarantaine d'années n'était pas en première ligne à ce moment-là. Elle se trouvait plus en retrait, dans un groupe de manifestants plus calmes, prêts à coopérer avec les forces de l'ordre. "Il y a des personnes âgées et des familles qui sont là à se prendre des gaz lacrymogènes, alors qu'ils manifestent calmement", raconte un témoin de la scène.

De nouveaux éléments ont été portés à la connaissance du parquet de Rouen au sujet des circonstances dans lesquelles une manifestante a été gravement blessée à la main jeudi dernier. Il en résulte la probabilité que ces blessures aient été causées par l’explosion d’une grenade lacrymogène.

Frédéric Teillet, procureur de la République de Rouen

L'intersyndicale de Seine-Maritime avait dénoncé "la violence d'État et l'usage brutal de la force contre des manifestants pacifiques", affirmant que "plusieurs syndicalistes ont été blessés et hospitalisés dont l'une avec le pouce arraché".

Au total parmi les manifestants, 11 personnes avaient été légèrement blessés lors de la manifestation du 23 mars à Rouen. La préfecture de Seine-Maritime avait également compté deux policiers blessés.

Grenade lacrymogène ou grenade de désencerclement ?

Dans un premier temps, le jet d'une grenade de désenclercement avait été évoqué pour expliquer la blessure grave qui a touché la manifestante prise en charge par les secours. Ces armes utilisées pour le maintien de l'ordre en France servent notamment à disperser des foules qui se montreraient agressives. Selon le procureur de la République, Frédéric Teillet, ce serait finalement une grenade lacrymogène qui a mutilé la main de la victime.

Sollicitée, maître Julia Massardier, l'avocate de la manifestante se réjouit de la saisine de l'IGPN.

Maître Massardier explique également qu'une plainte a été déposée contre X. "Nous espérons que cela menera à la vérité et nous surveillerons l'enquête avec beaucoup d'intérêt", souligne l'avocate, "nous réclamions la saisine de l'IGPN, il s'agit de l'autorité naturelle dans ce genre d'affaire."

A Rouen, pour tenter d'enrayer la violence, le dispositif de maintien de l'ordre a été revu à la hausse lors de cette 10ème journée de mobilisation intersyndicale. Le préfet de Seine-Maritime, Jean-Benoît Albertini a annoncé que 200 policiers seraient présents dans les rues de Rouen, soit 40 de plus que lors de la précédente manifestation.

Des blessés à Rouen et ailleurs

Depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites, la police des polices a été saisie a plusieurs reprises pour étudier le comportement de certains fonctionnaires notamment ceux de la BRAV-M. Au moins 18 enquêtes ont été ouvertes.

La brigade de répression des actions violentes motorisée (BRAV-M) est accusée par des manifestants d'usage de la force disproportionnée. A Paris, un policier de cette brigade controversée a tenu des propos menaçants qui ont été enregistrés et diffusés par nos confrères du Monde. On y entend un fonctionnaire : "la prochaine fois qu'on vient, tu ne monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu'on appelle ambulance pour aller à l'hôpital."

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez a souligné que ces menaces n'étaient "pas acceptables". 

Une pétition en ligne sur le site de l'Assemblée Nationale vise même la dissolution de cette brigade qui n'agit pour l'heure qu'à Paris lors des manifestations.

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