Sport et santé sont indissociables et pourtant la France n’est pas un exemple en termes de pratique d’activité sportive. Un programme destiné aux femmes des quartiers prioritaires de Rouen (Seine-Maritime) a été mis en place pour trouver avec elles une activité physique adaptée. Au-delà de ce dispositif, les maisons sport santé sont accessibles à tous et peuvent vous réconcilier avec le sport. Reportage.
Pour découvrir ce dispositif, j’avais rendez-vous dans les Hauts-de-Rouen, au gymnase Jean Giraudoux, avec Simon Foulongne enseignant en activité physique adaptée. Il est également coordinateur de la maison sport-santé de l’institut médecine du sport située à Bois Guillaume.
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En charge du programme « Femmes QPV », il m’a présenté les participantes aux deux sessions organisées ce lundi matin. Souriantes, toutes me disent apprécier ce moment-là où elles prennent une heure pour elle. C’est le cas de Karima, 45 ans qui a découvert ce dispositif sur les réseaux sociaux : "je n’aime pas souffrir pour moi le sport était souvent synonyme de douleurs, d’efforts intenses et j’ai très peu de cardio donc ça me rebutait à chaque fois que je commence, j'arrête très rapidement. L’avantage de ces séances, c'est qu’on prend en compte les difficultés de chacune et ça permet de faire du sport, de bouger, sans sentir l’effort. C’est complètement adapté. On ressent après les courbatures et les effets, mais à aucun moment pendant l’heure je dois m’arrêter alors que dans certains autres clubs je devais m’interrompre parce que l’effort était trop intense pour moi"
"En fait tout est une question de priorité, j’ai noté dans mon agenda ce créneau chaque lundi et je m’y tiens ! Je me motive chaque semaine même quand il ne fait pas beau et c’est un plaisir désormais", me confie la quarantenaire dans le vestiaire juste avant de rejoindre sa coach.
Quelques minutes d’échauffement et les participantes découvrent aujourd’hui un jeu de raquettes collaboratif : le badminton. Après quelques volants dans le filet, elles commencent à s’amuser vraiment et leur rire témoigne du lâcher prise obtenu grâce à cette séance.
Chacune repart ravie en se donnant rendez-vous le lundi suivant. Juste avant de quitter le gymnase, leur coach Lucie enregistre leur ressenti sur une application qui permet de référencer les patients et d’avoir un suivi de parcours.
Prendre chaque patient comme il est
Lucie Démare est enseignante en activité physique adaptée à l’IRM S2. Titulaire d’un master en Staps, elle propose des séances à des personnes qui n’ont pas l’autonomie de faire du sport par elles-mêmes. "À chaque fois, on fait un bilan pour voir les capacités des personnes et pour proposer les séances les plus adaptées à leur objectif : des ateliers plus faciles, un échauffement et le temps de récupération adapté. Les consignes sont différentes en fonction du public. Par exemple, on va prendre en compte certains symptômes comme l’obésité ou des maladies cardiovasculaires".
Lucie essaye de casser les codes, par exemple dans son programme « entrainement à l’effort » elle fait découvrir à ses patients des séances de « soft rugby » : "ces genres de sports collectifs font assez peur et là, on leur explique qu’il n’y aura pas de contact ou de course à pied. Notre but, c'est de mettre des initiations en place afin de leur montrer qu’ils sont totalement capables parce que c’est du sport santé et pas de la compétition, pas de la performance.
Le meilleur retour des participantes c’est lorsqu’elles disent à Lucie que la séance est passée vite : "ça me fait plaisir que ça ne soit pas une punition pour elle de venir faire du sport. Et certaines font déjà plus attention à leur alimentation et elles commencent à perdre un peu de poids donc elles sont super contentes, ça les motive encore plus."
Les maisons sport-santé ouvertes à tous
Lancé en mai 2024, le programme est destiné aux femmes des quartiers prioritaires de la Ville (QPV) des Hauts de Rouen : "le but est de disposer d’une séance d’activité physique adaptée par semaine dans le but d’accentuer le reconditionnement à l’effort et travailler sur l’activité physique comme vecteur d’intégration sociale et professionnelle", explique Simon Foulongne enseignant en activité physique adaptée et coordinateur de la maison sport santé de l’institut médecine du sport située à Bois Guillaume.
Ces femmes seront accompagnées sur un an avec différents thèmes d’activités physiques chaque mois pratiqués dans des lieux d’exercice différent : gymnase Jean Giraudoux pour les sports collectifs. Pour travailler l’aspect musculation, la salle du Keops en partenariat avec le RHE qui prête leur salle de musculation. La Ville de Rouen met à disposition la Maison du Plateau dans le quartier du châtelet pour disposer d’un espace multisport.
L’objectif final est de travailler avec les associations locales et favoriser l’intégration locale dans les associations sportives : « en ayant essayé plusieurs activités sportives, les patientes peuvent voir directement avec les associations pour créer du lien et les intégrer dans le tissu associatif local »
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On se bouge 30 minutes par jour !
Vous avez peut-être entendu parler du slogan "30 minutes bouge" à l’occasion des JO. Simon le valide à 100 % mais précise qu’il faut savoir comment bouger. Par exemple en évitant la sédentarité au travail et casser les temps de position assise.
Depuis 2019, le dispositif maison sport santé a été mis en place. Il est ouvert à tout public : pour des personnes atteintes de pathologie mais aussi pour les personnes éloignées de l’activité physique. "Notre rôle, c'est adapter, donner des conseils pour accompagner les personnes sur la reprise d’une activité physique et atteinte ces fameuses 30 minutes bouge !"
"Le premier bilan en maison sport santé est pris en charge pour tous les patients, la porte d’entrée est gratuite", tient à rappeler Simon
Pour tout renseignement : vous pouvez joindre la Maison Sport Santé au 07 69 94 59 05, ou envoyer un mail à l'adresse suivante : sportsante@institut-medecine-sport.fr.