Fréquents en Normandie, et tout particulièrement à Rouen, les épisodes de pollution de l'air font l'objet de procédures de "recommandations" par les préfectures. Des consignes pas toujours respectées et qui ne doivent pas faire oublier la pollution quotidienne et ses dangers pour la santé.
Le 24 mars 2022 la préfecture de la Seine-Maritime déclenchait une procédure "d'information-recommandation" en raison d'un épisode de pollution de l'air par les particules fines.
Une prévision de dégradation de la qualité de l'air ambiant due "à la combinaison de conditions météorologiques favorables à l’accumulation de polluants dans l’atmosphère avec une concentration de particules fines dans l’atmosphère."
Un phénomène récurrent en Normandie, et particulièrement à Rouen qui, comme l'a expliqué Christophe Legrand, directeur adjoint d'Atmo-Normandie à notre journaliste François Pesquet, est la conjonction de deux phénomènes, l'un naturel, l'autre d'origine humaine :
"Il y a d'abord des particules qui se créent dans l'atmosphère directement et qui peuvent être la conséquence de masses d'air et du beau temps, et puis, deuxièmement, les émissions de certains polluants qui viennent de l'activité agricole et de la circulation automobile : ce sont l'ammoniac et les oxydes d'azote qui se recombinent dans l'air pour former des particules."
Des recommandations préfectorales suffisamment suivies et efficaces ?
Comme à chaque épisode de pollution de l'air par les particules à Rouen, la préfecture émet des "recommandations sanitaires et comportementales". Les premières visent à alerter les personnes sensibles et vulnérables afin qu'elles évitent certaines activités et efforts.
Les secondes, les "recommandations comportementales" s'adressent à l'ensemble de la population dans le but de limiter la pollution de l'air en évitant certaines pratiques comme les feux, l'usage d'engins à moteur (comme les groupes électrogènes ou les tondeuses) et d'éviter de prendre sa voiture au profit des transports en commun. A Rouen, ces derniers sont désormais gratuits lors de ces épisodes de pollution).
Les autres recommandations concernent les automobilistes qui sont invités à réduire leur vitesse de 20 km/h. Les sociétés de transports, les industries et les activités agricoles sont elles aussi incitées à suivre des mesures de réduction d'activité.
Mais, et notre journaliste l'a constaté, la majorité des conducteurs roulaient à la vitesse habituelle, ignorant la mesure préfectorale… Pourtant la pollution de l'air tue. En Normandie, selon Santé publique France, elle est à l'origine de 2600 décès prématurés par an.
Un chiffre qui inquiète les professionnels de santé mais aussi les associations de défense de l'environnement. C'est le cas de "Rouen Respire". Pour Pierre-Emmanuel Brunet, son président, les recommandations ponctuelles sont insuffisantes :
"On voit bien qu'avec les pollutions industrielles, et vous avez des sites SEVESO, qu'on fait peu de choses encore : on n'a pas de plan, vraiment, pour réduire ce genre de problème ! Il y a des activités pour lesquelles nous ne faisons pas assez pour réduire ces émissions de polluants."
Une pollution permanente
Si les alertes de pollution par les particules nous interpellent régulièrement et ponctuellement, elle ne doivent pas nous faire oublier qu'au quotidien, la pollution de l'air est permanente.
Et Atmo Normandie précise que cette pollution de l’air quotidienne a davantage de conséquences sanitaires que les épisodes de pics ponctuels qui, eux, disparaitront à la prochaine pluie…