Près de Rouen, un médecin "pro-vaccin" menacé de mort sur les réseaux sociaux

Alors que les débats autour du pass sanitaire et de la vaccination restent houleux dans notre société, des médecins sont régulièrement pris à partie et menacés de mort. C'est le cas de Franck Clarot, près de Rouen, après avoir publiquement défendu la vaccination sur les réseaux sociaux. Il témoigne.

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Franck Clarot est radiologue près de Rouen. Il est aussi très actif sur Twitter (plus de 70.000 abonnés) et membre d'un groupe indépendant de scientifiques. En 30 ans d'exercice, il n'avait subi aucune violence verbale ou physique. Mais depuis la crise du Covid-19 et la campagne de vaccination en faveur de laquelle il s'est engagé, ce médecin est la cible sur les réseaux sociaux de menaces de mort répétées. 

"Depuis le début de la crise sanitaire, sur les réseaux sociaux, les médecins ont commencé à faire l'objet d'un certain nombre de menaces. Au début c'était des insultes tous les jours, toutes les semaines", explique le Docteur Clarot. Puis les choses se corsent : 

J'ai été menacé de mort par un compte Twitter qui a été créé exprès pour moi.

Franck Clarot, radiologue près de Rouen

"Un bon doc est un doc mort". "Tu nous pourris la vie avec ta dictature sanitaire de merde, vivement que je te tue", peut-on lire sur Twitter.

"Tous les caractères de violence verbale y passent", ajoute Franck Clarot. "Quand je vois ça, je me dis que les choses ont bien dérapées.. On n'est plus du tout sur le terrain de la discussion. C'est inquiétant... Je dors beaucoup moins bien mais j'essaye de faire en sorte que ça s'arrête."

Des menaces qui se sont accrues avec l'annonce du président de la République Emmanuel Macron sur l'obligation vaccinale pour les soignants et la mise en place du pass sanitaire. "Les gens se sont déchaînés. On a été plusieurs à recevoir de nombreuses menaces. Ca nous a secoué, on n'est pas du tout habitué à ça dans notre profession."

Une plainte en cours

Le docteur Clarot a porté plainte et depuis les menaces et insultes se sont calmées. Mais ces dernières sont reparties de plus belle il y a quelques jours depuis la publication d'un article du média controversé FranceSoir titré : "La "harcelosphère" contre l'IHU-Méditerranée et le professeur Raoult : de l'obscène aux menaces" Le site l'accuse d'harceler le professeur Raoult. "850 000 personnes environ viennent de recevoir notre tronche en photo... et nous sommes catalogués comme des agresseurs proférant des obscénités", s'indigne le Dr Clarot.

Le radiologue souligne que le débat scientifique a changé de paradigme. Pour la première fois, il est au cœur de toutes les conversations. Au comptoir du bar, sur les plateaux télé et sur les réseaux sociaux donnant parfois le sentiment que toutes les paroles se valent. 

Auparavant, les discussions entre les scientifiques et les médecins se faisaient dans les revues scientifiques, dans des blogs scientifiques... sur des terrains scientifiques ou des congrès. C'est gênant quand un chanteur a une position assez aberrante et puisse être entendu autant que celle d'un grand scientifique.

Franck Clarot

Les menaces n'arrêtent pas le docteur Franck Clarot, bien au contraire. Lui et une dizaine de ses confrères ont créé un site internet baptisé "Du côté de la Science". L'objectif : démonter les fausses informations et démontrer que la vaccination reste pour l'heure le meilleur moyen de lutter contre le virus. "On essaye d'expliquer aux gens en vulgarisant au maximum l'intérêt de la vaccination et d'informer de façon la plus honnête possible pour que les gens puissent se décider. On essaie aussi de lutter contre les fake news et les fausses informations qui circulent."

Que faire face au harcèlement en ligne?

Des cas comme celui du Dr Clarot, il y en a des milliers. Et on se sent souvent impuissant face à ces attaques parfois anonymes. Alors que peut-on faire si on est victime de cyber-harcèlement ? Le cyber-harcèlement se traduit par des propos ou des comportements répétés, commis en ligne, et portant atteinte à l’intégrité physique ou mentale d’une personne. Insultes, menaces, moqueries… il peut se faire sur beaucoup de supports: pendant une partie de jeu vidéo en ligne, sur un forum, sur les réseaux sociaux comme Facebook, ou Tik Tok. Le cyber-harcèlement étant un délit, il est donc possible de porter plainte.

En privé, par SMS ou via WhatsApp, c’est pareil : le cyber-harcèlement peut faire l’objet d’un dépôt de plainte. Les auteurs des faits peuvent être condamnés à 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende si la victime a plus de 15 ans, davantage si la victime est plus jeune.

Contre qui porter plainte ? 

Si les menaces sur les réseaux sociaux sont anonymes, il faut porter plainte contre X. Il y a des procédures pour forcer les hébergeurs et les plateformes à donner l’identité d’un internaute anonyme. Mais ces enquêtes sont difficiles et parfois, souvent même, ne donnent rien.

Mais avant l’action policière et judiciaire, il y a des choses que l’on peut faire soi-même. "Quand on est victime de cyber-harcèlement, dans un premier temps, on peut conserver les messages électroniques et prendre des captures d’écran, idéalement horodatés. Si on a de nombreux messages, les faire constater par un huissier de justice. On peut écrire sur le réseau social concerné directement sur la plateforme", explique Me Lucie Contassot-Vivier, avocate spécialiste en droit numérique.

Signaler un comportement abusif sur les réseaux, c’est simple, et c’est important, car ces plateformes, comme elles ne sont pas auteur des propos, elles ne peuvent pas être considérées comme responsables. En revanche, quand elles sont notifiées, quand on fait le signalement, elles sont dans l’obligation de retirer le contenu.

Me Lucie Contassot-Vivier, avocate spécialiste en droit numérique

Le cyber-harcèlement est un fléau, particulièrement chez les jeunes et peut faire des dégâts… En 2017 à Grand-Quevilly, près de Rouen, une collégienne de 13 ans s'est suicidée suite à des appels et des messages menaçant de dévoiler des photos compromettantes d’elle. Il existe un numéro dédié pour les jeunes victimes de violences numériques, le 30 18.Un numéro gratuit, anonyme et confidentiel.

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