Le conseiller régional de Normandie et ancien vice-président du Rassemblement National va-t-il quitter Marine Le Pen pour Eric Zemmour ? Selon beaucoup de responsables au sein du parti, c'est un secret de polichinelle. Nicolas Bay devrait rallier le candidat Reconquête d'ici le 20 février.
Son nom circule depuis plusieurs semaines parmi les transfuges potentiels de la campagne de Marine Le Pen vers celle d'Eric Zemmour. Nicolas Bay, conseiller régional de Normandie, soutiendra-t-il la candidate du Rassemblement National ou l'ancien chroniqueur de CNews, Eric Zemmour ?
Le parti de Marine Le Pen a indiqué le 15 février, suspendre Nicolas Bay de toutes ses fonctions au sein du RN et lui retirer le porte-parolat de la campagne présidentielle.
Nicolas Bay, eurodéputé et membre dirigeant du RN, a été suspendu de ses fonctions, selon le parti, qui l’accuse d’avoir transmis des “éléments stratégiques et confidentiels” à Eric Zemmour #AFP 1/5 pic.twitter.com/6N8LtHfpfO
— Agence France-Presse (@afpfr) February 15, 2022
La direction du parti le soupçonne d’avoir transmis des informations stratégiques à l’équipe de campagne d’Eric Zemmour.
Nous avons eu confirmation que Nicolas Bay profitant de sa présence dans les plus hautes instances de la campagne, transmet depuis des mois des éléments stratégiques et confidentiels à notre concurrent direct, Eric Zemmour
Communiqué du bureau éxécutif du RN
Quelques heures plus tôt, l'eurodéputé RN avait demandé une réunion à son parti : " Une explication franche est non seulement nécessaire, mais aussi urgente. La direction du RN ne peut pas continuer à ignorer la crise que nous traversons". Une réunion qui finalement n'aura pas lieu.
"C'est quoi tes valeurs Nicolas? La loyauté? Barre-toi maintenant"
Déjà le 29 janvier dernier, Nicolas Bay avait été recadré par des membres de son parti après une interview accordée à BFMTV dans laquelle il refuse d'affirmer qu'il soutiendra Marine Le Pen jusqu'au soir du 1er tour, le 10 avril prochain. Le ton était monté entre lui et l'attachée de presse de la candidate d'extrême-droite. " C'est quoi tes valeurs Nicolas? La loyauté? Barre-toi maintenant plutôt que de bouffer le plus longtemps possible au râtelier", avait lâchée Caroline Parmentier. La réponse de Nicolas Bay n'aurait pas été tendre non plus.
Nicolas Bay ne fera gober à personne que je suis une attachée de presse qui commet des « fautes professionnelles ». En lui donnant mon sentiment précis sur son duplex de Madrid à BFMTV, j’ai fait mon boulot. Qu’il fasse le sien ! @Marine2022 pic.twitter.com/4Cz1YyVWyf
— Caroline Parmentier Ⓜ️ (@Parmentiercaro7) January 30, 2022
Nicolas Bay menace de porter plainte pour diffamation
De son côté l'élu normand réfute la trahison. " L’accusation est grossière : ne participant à aucune instance de la direction de campagne, comment aurais-je pu connaître et transmettre de prétendues « informations stratégiques » !?", rétorque M. Bay sur Twitter. Il renchérit un peu plus tard :" Je porterai plainte en diffamation s'ils ne rétropédalent pas".
À peine une heure après avoir demandé une discussion en Bureau exécutif, j’en suis suspendu !
— Nicolas Bay (@NicolasBay_) February 15, 2022
L’accusation est grossière : ne participant à aucune instance de la direction de campagne, comment aurais-je pu connaître et transmettre de prétendues « informations stratégiques » !? https://t.co/91zEn2tcOQ
Au sein du Rassemblement National, les mots ne sont pas tendres à l'égard du prétendu traitre. En conférence de presse Marine Le Pen ose une comparaison peu flatteuse : " Ceux qui opèrent la stratégie de la limace doit accélérer leurs départs. La limace est lente et poisseuse". Dans la matinale de nos confrères de France Inter, le président du parti, Jordan Bardella en rajoute une couche : " quand vous n'avez pas les responsabilités que vous souhaitez dans une équipe de campagne, vous essayez de les trouver ailleurs".
. @J_Bardella sur le départ de Nicolas Bay : "On ne peut pas être dans une forme de sabotage qui vise à feuilletonner son départ, en attendant le plus longtemps possible pour trouver le bon moment pour rejoindre la concurrence, pour faire le plus de mal possible" #le79Inter pic.twitter.com/rIbWxJLX6Y
— France Inter (@franceinter) February 16, 2022
A Rouen, Guillaume Pennelle, responsable du RN local, minimise le départ de son collègue au Conseil Régional de Normandie : " l'aventure personnelle de Nicolas Bay n'intéresse ni les Normands ni les Français. Les transfuges jouent la technique 'du salami', en annonçant chaque semaine, un nouveau départ vers Eric Zemmour." Depuis le début de la campagne présidentielle, plusieurs élus RN ont rejoint l'ancien polémiste, à l'image de Jérôme Rivière, Stéphane Ravier ou Gilbert Collard. "C'est pas très glorieux mais c'est ainsi, ça fait partie de la vie politique", juge M. Pennelle.
Des "anciens amis" chez Zemmour
Selon certains journalistes politiques, Nicolas Bay pourrait annoncer son ralliement à Eric Zemmour dès le 17 février. Une date opportune avant un meeting prévu du candidat Reconquête en Normandie le week-end prochain. Dans le parti de M. Zemmour, l'eurodéputé normand retrouvera Stéphane Ravier avec lequel il partageait une ligne politique identitaire au sein du RN. Des idées également partagées par Marion Maréchal, soutien potentiel d'Eric Zemmour. Enfin, Nicolas Bay renouera avec un ancien compagnon politique, le député (ex-LR) Guillaume Peltier, avec lequel il avait milité au sien de l'association " Jeunesse action chrétienté" à la fin des années 90, un mouvement mobilisé contre la création du PACS.
Mis à l'écart depuis 2019
Les relations entre Nicolas Bay et Marine Le Pen ne sont pas au beau fixe depuis plusieurs années maintenant. Après le départ de Florian Philippot du RN, l'élu normand a lui aussi été la cible d'attaques internes de la part de nouveaux arrivants dans le parti d'extrême droite. Son influence auprès de la présidente du parti pouvait être mal perçue et Marine Le Pen a coupé court à ses ambitions. Tête de liste "logique" aux élections européennes de 2019 (Nicolas Bay a été chef de la délégation RN au parlement européen entre 2017 et 2019), le parti lui a finalement préféré le jeune Jordan Bardella. Le normand avait lui été relégué à la septième place sur la liste Rassemblement National.