Après la condamnation de trois hommes lundi 3 décembre 2018 à Rouen, leurs avocates dénoncent des peines "pour l’exemple". Ils ont participé aux manifestations des gilets jaunes le week-end dernier.
8 à 6 mois de prison ferme, ce sont les peines prononcées par le tribunal correctionnel de Rouen lundi 3 décembre 2018. Trois hommes comparaissaient pour violence à l’encontre des forces de l’ordre lors du troisième week-end de manifestation des gilets jaunes.
Des hommes âgés entre 25 et 40 ans, salariés et qui soutiennent le mouvement des gilets jaunes, ce sont les points communs entre les trois hommes jugés lundi 3 décembre en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Rouen.
Les trois hommes sont jugés pour avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre sur les différents ronds-points bloqués à Rouen et dans son agglomération. Ils nient les faits.
Leurs avocates regrettent des peines pour l'exemple
Maître Nadia Lebeche, avocate de permanence les 1 et 2 décembre, se dit "dérangée par ces comparutions immédiates"
Finalement cet individu n’a pas comparu, le juge des libertés a décidé de lui remettre une convocation.j’ai le sentiment qu’un mot d’ordre est donné aux parquetiers de faire renvoyer tous ceux qui seraient susceptibles d’avoir jeter des projectiles en comparution immédiate alors même que dans le cadre d’un autre événement, ils n’auraient pas été renvoyés en comparution immédiate, ils seraient partis avec de simples convocations. De voir un père de famille de 36 ans, sans casier judiciaire, et qui conteste les faits, qui a été pompier volontaire et qui explique qu’il a toujours travaillé avec la police, se retrouvé interpellé, placé en garde à vue, déféré devant le procureur et un maintien en détention dans l’attente de la comparution immédiate ca me choque.
Ce qu’on ne dit pas c’est que beaucoup de policiers soutiennent les gilets jaunes mais qu’ils n’ont pas envie de se mettre en porte-à-faux avec leur hiérarchie. C’est compliqué pour ces policiers-là d’exécuter des consignes notamment des interpellations et des gardes à vue pour des personnes qu’ils comprennent.
Maître Cécile Madeline, avocate d'un des individus
Il est indispensable de réprimer durement les casseurs car ils décrédibilisent un mouvement qui peut paraître légitime mais ça ne veut pas dire des enquêtes bâclées. On veut faire des exemples, il fallait que des condamnations tombent tout de suite on prend pas le temps de faire des confrontations entre les services de police et mon client qui dit qu’il n’a rien fait
Les vrais casseurs s’en fichent complètement, ils sont désespérés et n’ont plus rien à perdre. Malheureusement, ce sont des gens comme mon client qui sont arrêtés et vont avoir leur vie complètement fichue. Il a un travail, il essaye de s’en sortir, il est solidaire des gilets jaunes et malheureusement il était au mauvais endroit au mauvais moment.
Une autre condamnation au Havre
Au Havre, un jeune mécanicien automobile âgé de 22 ans a été jugé en comparution immédiate. Interpellé samedi vers 22h00, il a été entendu deux fois lors de sa garde à vue.Il a été condamné à quatre mois de prison ferme pour sa participation aux dégradations (feux de palettes et incendies de poubelles) et pour détention de stupéfiants en récidive. Sa peine est assortie d'un mandat de dépôt.