Le mercredi 9 mars 2022, à Paris, la cour d'assises spéciale a rendu son verdict après plus de trois semaines de procès.
C'est le 14 février 2022, six ans après l'assassinat du père Hamel dans son église par Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean (abattus par la police après l'attentat) qu'a débuté le procès de l'attentat de Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime) à la cour d'assises spéciale de Paris.
Jugés pour "association de malfaiteurs terroriste" quatre hommes étaient accusés : Farid Khelil, Jean-Philippe Jean Louis, et Yassine Sebaihia. Absent du procès, Rachid Kassim, le quatrième accusé, est présumé mort dans un bombardement en Irak en février 2017.
Des peines de prison
C'est un peu après 17h30 que le verdict de la cour d'assises spéciale de Paris a rendu son verdict ce mercredi 9 mars 2022. Les trois accusés présents au procès ont été condamnés à des peines de prison ferme, un peu différentes de celles des réquisitions (lire plus bas) : Jean-Philippe Jean Louis à 13 ans, Farid Khelil à 10 ans, Yassine Sebaihia à 8 ans.
Une période de sûreté des deux tiers a été prononcé pour Jean-Philippe Jean Louis
et Farid Khelil et, pour les trois accusés, un suivi socio-judiciaire d'une durée de cinq ans après leur sortie de prison, comprenant notamment une obligation d'activité professionnelle ou de formation, et une obligation de soins.
Le quatrième accusé, Rachid Kassim, jugé par contumace, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans pour "complicité" de l'assassinat du père Hamel dans son église.
Le pardon de deux accusés
Le procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray s'est achevé ce mercredi matin (9 mars 2022) avec les derniers mots des accusés, marqués par le "pardon" réitéré de deux d'entre eux. Le verdict était attendu dans la journée.
Premier à s'exprimer, Yassine Sebaihia a très brièvement assuré qu'il n'avait "jamais voulu participer à un attentat" et "jamais voulu partir en Syrie". "J'ai été peiné par ce qui est arrivé", a ajouté le jeune homme de 27 ans, affirmant avoir opéré un "changement radical de direction" dans sa vie, en reprenant des études, et vouloir "vivre (sa) vie sereinement comme tout le monde".
"Je me suis déjà excusé, ça c'est que des mots", a ensuite déclaré Farid Khelil, cousin d'un des deux assassins du père Hamel, assurant vouloir joindre "les gestes à la parole" et devenir "un bon père, un bon citoyen". Il affirme que "l'humanisme" du rescapé de l'attentat, Guy Coponet, et "la force" de la soeur du prêtre assassiné, Roseline Hamel, représente "quelque chose qui (le) marquera à vie". Aujourd'hui âgé de 36 ans, il ajoute avoir "entendu" le message que lui a transmis l'une des religieuses présentes dans l'église le 26 juillet 2016, sœur Danielle, "Lèves toi, sois un homme": "Ça fait six ans que je me redresse. Il me reste encore beaucoup de chemin". Il conclut en demandant à la cour de lui accorder "une deuxième chance".
"Vu notre situation, on pourra jamais assez leur demander pardon", souligne à sa suite Jean-Philippe Jean Louis, à propos des victimes. "On est tous reliés par ce qu'on a vécu dans cette salle. Chaque jour je pense à vous", assure-t-il. Le jeune homme de 25 ans "remercie" les parties civiles pour l'absence de "paroles de haine" pendant les près de quatre semaines d'audience et assure avoir pris "comme des paroles d'éducation" les propos parfois "un peu véhéments" de leurs avocats.
Les réquisitions
Les réquisitions, (lundi dernier 7 mars) des avocates générales étaient les suivantes :
- 14 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers à l'encontre de Jean-Philippe Jean Louis
- 9 ans d'emprisonnement avec une peine de sûreté des deux tiers pour Farid Khelil
- 7 ans d'emprisonnement pour Yassine Sebaihia
- La réclusion à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans pour Rachid Kassim (absent du procès)
