Procès de l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray :des peines de 7 à 14 ans de prison requises contre les accusés

Depuis le 14 février, trois proches des auteurs du meurtre du Père Hamel sont jugés par la cour d'assises spéciale de Paris. Pour l'accusation, ils ont tous trois démontré "leur pleine adhésion à l'idéologie jihadiste". Des peines de 7 à 14 ans de prison ont été requises ce lundi.

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Les deux auteurs du meurtre du père Hamel dans son église, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, ont été abattus par la police peu après l'attentat. En leur absence, la cour d'assises spéciale de Paris juge depuis le 14 février trois membres de leur entourage familial ou téléphonique pour "association de malfaiteurs terroriste".

Contre le quatrième accusé, le propagandiste français de l'organisation État islamique (EI) Rachid Kassim, les deux avocates générales ont demandé "la réclusion à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans", le qualifiant d'"instigateur incontestable" de l'attaque du 26 juillet 2016. Seul accusé poursuivi pour "complicité" de l'assassinat, il est présumé mort en Irak en 2017.

"Porte-voix de l'idéologie mortifère"

Saliha Hand-Ouali et Marine Valentin ont réclamé "14 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers" à l'encontre de Jean-Philippe Jean Louis, le plus jeune des accusés (25 ans), pour avoir été le "porte-voix de l'idéologie mortifère" de l'EI sur Telegram, avoir été un "facilitateur de départs vers la Syrie" et avoir lui-même tenté de s'y rendre en compagnie d'Abdel-Malik Petitjean.

L'accusation a ensuite requis "neuf ans d'emprisonnement avec une peine de sûreté des deux tiers" pour Farid Khelil, 36 ans, cousin d'Abdel-Malik Petitjean. "Il a été lui même engagé idéologiquement et il porte une responsabilité accablante dans le parcours jihadiste de son cousin qu'il a galvanisé", a estimé Saliha Hand-Ouali.

"manipulateur" et "affabulateur"

Décrit comme "manipulateur" et "affabulateur", l'accusation estime qu'il a bien formé le projet de "rallier la zone irako-syrienne" avec son cousin et Jean-Philippe Jean Louis, qu'il a accueilli Abdel-Malik Petitjean chez lui peu avant l'attentat "dans un contexte de partage de convictions idéologiques" et qu'au vu de ses messages sur Telegram évoquant un passage à l'acte violent, "il y a de quoi, sans l'ombre d'un doute, caractériser la dangerosité de l'intéressé".

Une peine plus légère, de "sept ans d'emprisonnement" a été demandée pour Yassine
Sebaihia, 27 ans, vu comme "l'apprenti jihadiste, pas assez mûr pour passer à l'action lui-même, mais en adhésion totale". Le jeune homme s'était rendu chez Adel Kermiche à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) deux jours avant les faits, selon lui pour suivre des cours de religion, avant de repartir dès le lendemain matin. Or, abonné à la chaîne Telegram du jeune extrémiste, "il savait pertinemment ce qui s'y trouvait", pointe l'accusation.

Les trois accusés, en détention provisoire depuis près de six ans, encourent trente ans de réclusion.

"Crime de réseau"

Les trois semaines de débat peuvent se résumer par: "cachez ce jihad que je ne saurais voir", avait estimé dans la matinée Éric Morain, ouvrant les plaidoiries des parties civiles. "J'ai le sentiment étrange et persistant d'avoir assisté dès la première semaine à une tentative de travestissement des choses", les accusés ayant "déçu" en disant "parfois tout et son contraire", a analysé l'avocat de la Fédération nationale des victimes d'attentats (Fenvac).

Selon lui, par leur activité jihadiste en ligne, ils sont bel et bien coupables d'un "accablant" "crime de réseau", version moderne du "crime de bureau" dont on avait qualifié les actes de Maurice Papon sous le régime de Vichy. C'est "comme s'ils étaient incapables de faire le lien entre les horreurs qu'ils lisaient et écrivaient et leurs conséquences concrètes. Comme si la jihadosphère n'était qu'un vaste jeu vidéo", a abondé Antoine Casubolo-Ferro.

Des accusés "livrés au loup"

L'avocat de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) a aussi blâmé un "tissu social complètement mité", les carences familiales, éducatives et policières, qui ont laissé les trois accusés "livrés au loup".

Christian Saint-Palais, avocat de deux soeurs du père Hamel, a lui insisté sur les "choix" individuels. Aux "parcours difficiles" des trois accusés dans le box, il a opposé celui du père Hamel. Enfant de divorcés modestes dans la France des années 1940, privé de sa mère pendant des années, il a "choisi avec détermination" un "chemin de vie".

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