Bébé secoué : "On a un diagnostic excessif du syndrome en France", affirme l'avocat de la nounou jugée à Rouen

Une assistante maternelle de l’Eure est jugée en appel devant la cour d’assises de Rouen. En 2014, le petit Cameron, dont elle avait la garde, décède à l’hôpital.

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Est-ce que le petit Cameron âgé de 13 mois est mort des suites du syndrome du bébé secoué ? C’est à cette question que vont tenter de répondre les jurés et les experts. Quatre jours de débats, d’analyses et de témoignages pour comprendre ce qui est arrivé à ce bébé à la santé fragile.

Le procès en appel de Marie-Laure P. a débuté ce lundi 27 mars 2023 devant la cour d’assises de Seine-Maritime. Neuf ans après les faits, la famille de Cameron et sa nounou se replongent dans ce jour dramatique du 10 janvier 2014. Poursuivie pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur un mineur, l'ex assistante maternelle espère un acquittement. Lors de son premier procès, elle a été condamnée à 8 ans d’emprisonnement en mai 2021. Libérée sous contrôle judiciaire, elle est désormais en arrêt maladie et continue de clamer son innocence.

Rappel des faits

Le 10 janvier 2014, à la Houssaye, dans l'Eure, l'assistante maternelle téléphone aux secours alors que Cameron dont elle a la garde ne réagit plus. Envoyé en urgence au CHU de Rouen, l’enfant décède peu de temps après. Les médecins diagnostiquent alors le syndrome d’un bébé secoué. Ce diagnostic est retenu par le ministère public lors du premier procès considérant qu'il ne s'agissait pas d'un accident, mais d'un acte volontaire. Une conclusion partagée par la famille du garçonnet. 

Mais l'accusation réfute cette thèse et évoque notamment des antécédents médicaux de l'enfant, hospitalisé plusieurs fois durant sa première année. L'enfant de 13 mois présentait des difficultés respiratoires et de déglutition et avait subi une opération du larynx dans sa première année. 

Un premier procès en appel avait débuté en mai 2021 dans l'Eure mais face à la lourdeur du dossier et à sa technicité, la présidente de la cour avait pris la décision de le renvoyer.  

Le syndrome du bébé secoué au cœur des débats

Dès le premier jour de ce troisième procès, l'avocat de la défense, Maître Grégoire Etrillard, répète de manière systématique aux témoins la définition du secouement retenue dans les publications de la haute autorité de santé relatives au syndrome de bébé secoué. C'est--il dit "Un secouement d'une violence telle qu'une personne extérieure se dirait qu'il y a un danger pour la vie de l'enfant". 

L’avocat s’appuie sur la thèse du professeur Bernard Echenne. L’ancien chef de service en neuropédiatrie affirme que de nombreuses erreurs de diagnostic ont été commises. Il était entendu ce mardi 28 mars.

"Il n'y a pas de signe objectif prouvé de rupture mécanique" précise le médecin avant d’ajouter "ce qui a tué cet enfant, c'est un œdème cérébral hémisphérique droit. L'œdème pas les saignements". Il appuie sa thèse en argumentant qu’"en 2022, il est paru trois articles littéraires internationaux qui insistent sur le fait que des saignements de ce type peuvent intervenir de manière spontanée."

Pour s’opposer à cette analyse, l'avocate de la partie civile s'appuie quant à elle sur un courrier du bureau de la société française de neuropédiatrie qui précise que "les propos du Dr Echenne n'engagent que lui."

Pour Me Etrillard, ce diagnostic est trop souvent avancé sans être approfondi : "cela fait 10 ans que je consacre ma vie à essayer d’expliquer qu’en France on a un diagnostic excessif du syndrome du bébé secoué. On le trouve dans beaucoup trop de cas où l’on devrait, au contraire, se poser des questions sur l’histoire clinique de l’enfant. Sur ce qui a pu amener à une décompensation par le biais d’un saignement qui n’a rien à voir avec un saignement provoqué par une violence". Et de poursuivre : "c’est assez manifeste car l’on voit que ça tombe un peu sur n’importe qui. Aujourd’hui, c’est une nounou qui a consacré 13 ans de sa vie à s’occuper des enfants. Et tout à coup, elle aurait une attitude qui n’a rien à voir avec tout ce à quoi elle s’est consacrée,"  plaide auprès de nos journalistes Me Etrillard.

L’audience de mercredi sera consacrée à l’analyse psychologique et psychiatrique de Marie-Laure P. Le verdict est attendu jeudi 30 mars. L’ancienne assistante maternelle risque jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.

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