Au lycée les Bruyères de Sotteville-lès-Rouen, tous les élèves sont "égaux sous le masque" depuis la campagne de sensibilisation au racisme et à l'antisémitisme proposée par des élèves de l'établissement, dans le cadre du prix Ilan Halimi. Objectif : libérer la parole chez les plus jeunes.
Dès leur plus jeune âge, des lycéens de seconde sont confrontés au racisme. Aujourd’hui, ils en parlent grâce à un atelier organisé par cinq élèves du Lycée les Bruyères de Sotteville-Les-Rouen.
Des mots forts, révélateurs d'une situation intolérable et marquante pour ces adolescents âgés de 14 à 16 ans. La parole se libère, au gré des papiers rendus anonymement.En vacances, on ne voulait pas nous laisser rentrer dans un magasin. On nous a contrôlé. On nous a fouillé nos sacs. Ils ont laissé passer tout le monde sauf nous.
Pour les organisateurs du projet, élèves en prépa commerce (Flavia Fins, Caroline Fernandes, Anaïs Roix et Mélissa Fréville) et en filière Sciences et Technologies du Management et de la Gestion (Hakim Amandar), l'important était de sensibiliser la nouvelle génération.
Pour nous, la lutte contre le racisme passe par de petites actions comme cette journée d'échanges. Il ne faut pas avoir peur d'en parler.
Cette année, le racisme sur les réseaux sociaux est au cœur des débats. Un sujet omniprésent dans la vie de ces adolescents.
"Gagner le prix Ilan Halimi n'est pas le plus important"
Chaque classe de seconde a le droit à une heure d’intervention, rythmée par des débats, des quizz et des vidéos de sensibilisation. Cette journée s’inscrit dans le cadre du 3e prix Ilan Halimi, pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme.Pour rappel, le prix Ilan Halimi est nommé ainsi en souvenir de la mort de ce dernier. En janvier 2006, un groupe surnommé le “gang des barbares” avait enlevé, séquestré et torturé le jeune homme de confession juive pendant trois semaines. Il avait été découvert le 13 février 2006 près de la gare de Sainte-Geneviève-des-Bois. Ilan Halimi avait succombé à ses blessures peu de temps après son transfert à l’hôpital. Ce prix a été lancé dans le cadre du plan national de lutte contre le racisme et l'antisémitisme sur la période 2018-2020.A cette occasion, l’association de solidarité avec les travailleurs immigrés rappelle à ces jeunes leurs droits fondamentaux. Mahmadou Camara, membre du collectif, insiste sur l'importance de ne pas banaliser tout acte ou parole à consonnance raciste.L’objectif du prix Ilan Halimi, c’est de sensibiliser des jeunes à la lutte contre les préjugés racistes et antisémites. Ce n’est pas un combat facile, et je veux leur dire mon admiration et ma reconnaissance. pic.twitter.com/SRi487UNZR
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) February 12, 2020
Cette journée de sensibilisation "Tous égaux sous le masque" fait écho à d'autres projets menés par ces cinq jeunes engagés dans la lutte pour l'égalité. Un podcast de trente minutes a été enregistré grâce à la radio associative du lycée les Bruyères. A cela s'ajoute, une campagne d'affiches entièrement réalisée par ces mêmes étudiants. Mais pour Hakim Amandar, l'un d'eux, le résultat du prix est secondaire.Il ne faut pas avoir peur de dénoncer ce que vous considérez être une discrimination. Vous avez le droit de pointer du doigt ce type d'acte. Vous pouvez porter plainte.
Je veux que les jeunes sachent que nous sommes là pour discuter en dehors de ce moment, qu'ils ne sont pas seuls. L'important n'est pas de gagner le prix Ilan Halimi. L'important, c'est de combattre le racisme.
Les gagnants du prix Ilan Halimi seront connus courant février. En attendant, cet échange symbolique entre deux jeunes générations pleines d'avenir et d'ambition est intervenu à la veille de la journée de la laïcité, qui se tenait ce mercredi 9 décembre.