Réforme des retraites : blocages, barrages filtrants, opération port mort… "le but est de rester actif"

La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit sur les routes normandes et au port du Havre mercredi 9 mars 2023. Entre blocages et opération "port mort", les grévistes nous expliquent le choix de leurs méthodes de contestation et leur détermination à aller "jusqu'au bout".

Après une journée de mobilisation record en Normandie, mardi, la contestation contre le projet de réforme des retraites se poursuit mercredi 8 mars 2023. Certains syndicats et secteurs d'activité souhaitent que le mouvement dure dans le temps, jusqu'au retrait du projet. 

Sur le rail, même si la situation s'améliore, le trafic SNCF est encore perturbé sur les lignes normandes. Et des barrages routiers et des points de blocage ont lieu mercredi dans toute la région. 

À Rouen, "on se rend visible pour montrer qu'on est toujours engagé" 

Aux entrées de Rouen, en Seine-Maritime, des blocages routiers ont occasionné des ralentissements jusqu'au centre-ville mercredi matin. Et au niveau du port, 13 points de blocage ont été installés. Sous la grisaille, un routier patiente depuis près de 3h dans son camion et s'occupe en regardant la télévision. S'il "soutien[t] le mouvement", il explique ne pas trouver "normal qu'ils bloquent les gens qui veulent travailler". 

Un peu plus loin, les grévistes ont installé des palettes et sont réunis sous une tente estampillée CGT. "Le but est de trouver des idées, non pas pour bloquer, mais pour peser sur l'opinion et le gouvernement qui reste étonnamment lointain de la base, des travailleurs et des travailleuses de ce pays", pointe Julien Galant, responsable syndical et élu à l'union locale de Rouen. "Pourquoi nous devrions rester calmes et à la niche quand on sait que cette réforme est mauvaise pour nous ? On trouve des actions et on agit", appuie-t-il. 

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Julien Galant, responsable syndical et élu à l'union locale de Rouen. ©Emmanuelle Partouche / France Télévisions

Le syndicaliste se défend d'actions de blocage. "On fait du filtrant. [...] C'est juste un ralentissement, des déviations, il y a des accès pour les secours, et on est en relation permanente avec la préfecture si besoin. On est raisonnables. Mais le but est de rester actif [...] On se rend visible pour montrer qu'on est toujours engagé contre la réforme", souligne Julien Galant. 

Au Havre, "on est prêt à aller jusqu'au bout"

Le mouvement se poursuit également dans la zone portuaire du Havre, en Seine-Maritime. Depuis 6h du matin mercredi, tous les accès au port sont bloqués. Devant le centre administratif du port, les grévistes sont massés au niveau de plusieurs ronds-points. Des feux de pneus sont alimentés, les automobilistes sont contraints de faire demi-tour et les camions ne peuvent plus accéder à la zone portuaire. Sur les quais, les bateaux ne sont plus déchargés. 

"Il y a zéro activité portuaire. Les bateaux, c'est au niveau des camarades dockers qui ne font pas de manutention. Les bateaux restent sur rade. Personne ne rentre. Nous, on a bloqué tout ce qui est maintenance et administratif donc tout ce qui est régalien sur le port du Havre", explique Baptiste Tabouillot, représentant CGT des travailleurs portuaires.

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Baptiste Tabouillot, représentant CGT des travailleurs portuaires du Havre. ©Hervé Guiraudou / France Télévisions

La fédération des ports et docks est à l'origine de cette opération "ports morts", qui a débuté mardi et est prévue pour durer 48 heures. Le port n'avait pas connu une telle mobilisation depuis quatre ans. "En 2019 on avait déjà fait trois jours d'opération 'port mort'. [...] On est prêt à aller jusqu'au bout, jusqu'au retrait de cette réforme qui n'a aucun sens et qui n'est justifiée par absolument rien", assène Baptiste Tabouillot. 

Avec leur opération "port mort", les dockers et les travailleurs portuaires comptent mettre la pression sur le gouvernement en paralysant l'activité commerciale du premier port à conteneurs de France. L'action doit s'achever jeudi matin à 6h. Les blocages seront donc levés, mais la fédération des ports et docks doit se réunir jeudi 9 mars à Paris pour décider des futures actions à venir. 

À Caen, "ce qu'on veut, c'est le blocage total de l'économie"

Sur le périphérique de Caen, le rond-point d'Ifs, vers Falaise dans le Calvados, était à nouveau bloqué mercredi matin. Un blocage qui a fortement perturbé la circulation entre Caen et Falaise. 

"Ce matin on a décidé de s'organiser d'une façon plus autonome parce qu'apparemment, les blocages ne correspondent pas à certaines structures syndicales. Nous ce qu'on veut, c'est le blocage total de l'économie. En dehors du baratin, on ne voit pas les choses beaucoup avancer. Et ce ne sont pas les manifs traîne-savates qui vont faire avancer quoi que ce soit", s'insurge Joël, gilet jaune présent au rond-point d'Ifs mercredi.  

Du côté des raffineries, celles de Gonfreville-l'Orcher et de Port-Jérôme, près du Havre, étaient bloquées mercredi matin par quelques grévistes. Les sites ne sont pour le moment pas à l'arrêt mais les expéditions sont bloquées. Aucun camion de carburant ne peut sortir. 

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