Réforme des retraites : "Ils font ce qu'ils veulent, nous, on subit", réagit un chauffeur-livreur rouennais résigné

Nicolas Cadinot, chauffeur-livreur de 52 ans à Rouen, en Seine-Maritime, n'attendait rien du projet de réforme des retraites du gouvernement. Il espère simplement que sa retraite lui permettra de "vivre plus ou moins correctement". Le 19 janvier, il ne fera pas grève pour ne pas perdre une journée de salaire.

Les annonces d'Elisabeth Borne sur le projet de réforme des retraites, Nicolas Cadinot ne les a même pas écoutées. Ce chauffeur-livreur de 52 ans qui habite et travaille à Rouen, en Seine-maritime, est résigné. "Ils ont les cartes en main, ils font ce qu'ils veulent, nous, on subit. Si ça ne passe pas comme ça, ça passera en force avec le 49.3", prévoit-il. 

L'intersyndicale à appeler à une grève nationale le 19 janvier prochain pour faire barrage à la réforme du gouvernement. Mais Nicolas Cadinot ne compte pas y participer. "Je n'ai jamais fait grève. Faire grève ? Pour quoi ? Est-ce que ça va changer le cours des choses ? Et puis, une journée de grève, c'est une journée de salaire en moins. Je ne peux pas me le permettre", lance le chauffeur-livreur. 

Le corps "s'use" mais le camion est confortable 

Depuis 10 ans, il travaille pour la société de transport G Set, implantée à Saint-Etienne-du-Rouvray, en Seine-Maritime. Le réveil sonne à 3h30 cinq ou six jours sur sept suivant les semaines. Et il termine sa journée, pendant laquelle il livre uniquement en agglomération rouennaise, entre 15h et 17h. S'il s'est habitué à ce rythme un peu spécial, et qu'il ne relève pas de problèmes de santé particuliers liés à la pénibilité de son métier, Nicolas Cadinot remarque que son corps "s'use". "Je n'ai plus la vitalité d'un homme de 30 ans et pas les mêmes réflexes au volant non plus", note-t-il. 

Il y a quelque temps, le patron nous a équipés de transpalettes électriques pour les charges lourdes, ce qui a soulagé nos journées de travail.

Nicolas Cadinot, chauffeur-livreur pour G Set à Rouen

Il tient à souligner le confort de son camion, relativement neuf, tant au niveau de l'assise que du bruit. Et ce qui a été mis en place pour le soulager, lui et ses collègues, d'une certaine pénibilité. "Il y a quelque temps, le patron nous a équipés de transpalettes électriques pour les charges lourdes, ce qui a soulagé nos journées de travail", souligne-t-il. 

Un départ possible à partir de 60 ans 

Nicolas Cadinot a commencé à travailler à 16 ans. Après son service militaire, pendant lequel il a passé son permis poids lourds, il a officié comme magasinier dans le surgelé pendant 22 ans avant de devenir chauffeur-livreur en 2012. Il ne remplit donc pas les conditions pour bénéficier de la retraite anticipée des chauffeurs routiers salariés (le CFA) qui requiert d'avoir travaillé au moins 26 ans comme chauffeur routier à l'âge de 57 ans. 

En revanche, il entre dans le dispositif "carrières longues", préservé par le projet de réforme des retraites du gouvernement, mais dont les règles changent. Ayant commencé à travailler entre 16 et 18 ans, il pourra ainsi faire valoir ses droits à la retraite à partir de 60 ans. S'il n'a pas encore fait les calculs, il pense tout de même devoir travailler plus longtemps s'il veut toucher une retraite à taux plein. 

"La retraite ne va pas être mirobolante"

Son métier, Nicolas Cadinot "l'adore". Il "aime le contact avec les gens" et estime "avoir un salaire correct, voire bon par rapport à d'autres gens". Mais il n'est "pas sûr" d'aller au bout. "Ce sera selon l'état physique", explique-t-il. Et pourquoi pas faire autre chose ? "J'aimerais me prendre un petit bar-supérette dans un petit village tranquille pour finir mes 5 années en pente douce." 

Toute sa vie, le Rouennais a gagné un peu au-dessus du Smic. "La retraite ne va pas être mirobolante", il en a bien conscience. Sans argent de côté, il espère tout de même qu'une fois en retraite, il arrivera "à vivre plus ou moins correctement". Et s'il faut, il envisage de faire quelques petits boulots en cas de besoin ou pour se "payer un restau". Il l'a déjà fait il y a quelques années, "pour payer les études de [s]es filles".  

S'il ne se fait pas d'illusion quant à sa retraite, et "n'écoute même plus vraiment" le gouvernement, Nicolas Cadinot aimerait "une revalorisation des salaires. Ce serait pas mal, on subit l'inflation comme tout le monde"

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