L'agresseur d'un septuagénaire musulman, au lendemain de l'attentat jihadiste de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, a été condamné mercredi à 5 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Rouen, mais relaxé des poursuites pour injures racistes et islamophobes.
Le lendemain de l'attentat à Saint Etienne du Rouvray
Les faits s'étaient produits le 27 juillet à Barentin (15 km au nord de Rouen), au lendemain de l'attentat au cours duquel le prêtre Jacques Hamel, 85 ans, avait été égorgé pendant une messe par deux jihadistes se réclamant de l'organisation État islamique.Cette proximité dans le temps avec l'attentat avait attiré l'attention. Parmi les cinq parties civiles figuraient trois associations de lutte contre le racisme, la LICRA, SOS Racisme et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui ont été déboutées.
Des insultes et des coups
"Sale Noir, si je descends, c'est pas pour te taper. Je vais t'égorger pour vous faire comme vous nous faites à nous, c'est pas parce que t'es en robe et avec un chapeau que tu vas faire la loi ici. Je suis Français, je suis chez moi, c'est à toi de dégager", avait crié le prévenu âgé de 33 ans, ancien engagé dans l'armée, qui cherchait à sortir d'un parking, au volant de sa voiture.Il s'adressait à un septuagénaire d'origine sénégalaise, portant une djellaba et un kufi sur la tête, qui raccompagnait ses filles à leur véhicule vers 05H00 du matin, en bas de son immeuble.
Fortement alcoolisé, énervé d'être gêné pour sortir du parking, l'agresseur avait reculé et embouti le véhicule des filles du septuagénaire avant de quitter sa voiture et d'entrer dans l'immeuble.
Dans l'ascenseur, pendant plus d'une minute, il avait frappé le septuagénaire et tenté de l'étrangler avant de prendre la fuite. Souffrant d'hématomes et de douleurs cervicales, la victime avait eu trois jours d'ITT.
Pas de propos racistes
A l'audience du 4 octobre le prévenu avait reconnu l'agression, mais pas les propos racistes."Ce jugement est décevant et très laxiste par rapport à la gravité des faits", a déclaré à l'AFP Safa Lhabib, avocate pour le CCIF, espérant un appel du parquet.Outre la peine de prison avec sursis, l'agresseur a été condamné à 105 heures de travaux d'intérêt général et au versement de 600 euros à sa victime au titre des dommages et intérêts, et de 300 euros pour couvrir les frais de justice.
Une des filles de la victime, qui s'était portée partie civile, a été déboutée.