L'exercice grandeur nature a eu lieu le lundi 21 octobre 2024 dans la cathédrale de Rouen pendant trois heures. Objectif : éteindre un incendie en hauteur et protéger les œuvres du monument. Une simulation qui rappelle l'intervention du 11 juillet dernier sur le départ de feu sur la flèche.
Une trentaine de sapeurs-pompiers du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours) 76, une dizaine de véhicules incendies, la grande échelle, un poste de commandement... Les passants ont été interloqués par le déploiement des soldats du feu à la cathédrale de Rouen (Seine-Maritime), ce lundi 21 octobre 2024. Un signe rassurant, les sirènes n'ont pas retenti.
Scénario de l'exercice : un départ de feu au niveau de la base de la flèche, que l'on appelle le tambour. Objectif : tester la coordination entre les pompiers, les services de l'État, la DRAC (monuments historiques) et le diocèse.
Rouen fait partie des 87 édifices religieux engagés dans le "plan cathédrale". Le dispositif de l'État lancé suite à l'incendie de Notre-Dame-de-Paris.
Une colonne sèche haute de 70 mètres
C'est une course de vitesse. Pour avoir accès à l'eau le plus vite possible, les pompiers disposent d'une colonne sèche, soit une"tuyauterie fixe et rigide destinée à faciliter l'intervention des sapeurs-pompiers. Elles sont alors raccordées aux tuyaux souples pour être mises en charge au moment de l'emploi", selon la brigade nationale des sapeurs-pompiers.
Dans la cathédrale de Rouen, elle monte jusqu'à 70 mètres de hauteur. Son niveau a été élevé après le départ d'incendie de juillet 2024 sur le chantier de restauration de la flèche.
Bâcher ou déplacer les œuvres
Une seconde équipe de pompiers a pour mission d'appliquer le "plan de sauvegarde des biens culturels". Elle a en tête la liste des objets à protéger ou à déplacer pendant l'intervention et leur place dans l'édifice.
Lors d'une intervention, le feu et le ruissellement d'eau des lances sont, on le sait, destructeurs. Deux méthodes, soit bâcher les œuvres et objets s'ils sont monumentaux, soit les déplacer vers un lieu sûr.
Florie Alard, conservatrice des monuments historiques à la DRAC, précise qu'une dizaine d'oeuvres devaient être sauvées en priorité en cas de sinistre.
Durant l'exercice du 21 octobre, plusieurs œuvres de l'autel ont été bâchées, dont la sculpture du Christ en croix de Clodion. D'autres éléments ont été déplacés devant le portail d'entrée de la cathédrale.
C'est la connaissance des lieux qui fait la réussite de l'opération.
Colonel Delbassée-Leflon, directeur adjoint SDIS 76
Le retour d'expérience de l'incendie de juillet 2024
Le 11 juillet, les habitants ont cru revivre le désastre de Notre-Dame-de-Paris. De la fumée noire s'échappait de la flèche de la cathédrale de Rouen.
Le feu avait pris derrière la bâche blanche du chantier de restauration et de peinture. Il a été éteint grâce à la rapidité d'intervention et au courage des pompiers "Très rapidement, avec des moyens conséquents, en quelques minutes, nous sommes arrivés avec une cinquantaine de sapeurs-pompiers", se souvient le directeur adjoint du SDIS 76.
Suite à cet incendie, du matériel supplémentaire a été livré : des bâches, des perches, des planches roulantes "pour évacuer plus facilement des objets", précise la conservatrice de la DRAC.
Le plan d'intervention dans la cathédrale de Rouen, "c'est un travail méticuleux, énorme de planification, ça se prépare, et ça s'exerce" conclut le directeur de cabinet du préfet, représentant de l'Etat pendant l'exercice, Clément Vivès.
L'exercice incendie du 21 octobre va être analysé dans le détail. Il avait un caractère exceptionnel mais les pompiers du SDIS 76 effectuent deux exercices chaque mois à la cathédrale de Rouen.