A Bois Guillaume, au nord de Rouen, un retraité se bat pour conserver son logement. Locataire pendant plus de 35 ans, il a été expulsé le 5 avril dernier. Expulsion qu'il conteste devant la justice. Atteint d'un cancer, il devrait bénéficier d'un logement d'urgence. Une situation précaire, dénoncée par ses avocats, qui saisissent les tribunaux.
Appuyé sur le bord du muret qui entoure son ancienne maison, Roger Duhamel plisse les yeux comme pour retenir son émotion. Ce logement, situé à Bois-Guillaume, était sien pendant 35 ans. Il en était le locataire.
C'est un homme encore sous le choc qui témoigne. Lui qui ne sait pas toujours où il passera la nuit. Lui qui vagabonde entre la résidence d'amis en région parisienne et sa voiture, où il dort parfois.
A 74 ans, Roger Duhamel n’imaginait pas se retrouver un jour sans domicile fixe. En avril dernier les huissiers interviennent pour l’expulser de son logement. La propriétaire souhaitait vendre le bien et lui avait signifié la fin du bail. Mais le retraité ne parvient pas à se reloger.
Maintenant je suis à la rue. Les huissiers sont passés au dessus d'une décision préfectorale, qui disait que je n'étais pas expulsable suite à mon cancer. Pour le moment, je suis chez une amie.
Roger Duhamel
Aucune solution adaptée
Malgré l’aide des services sociaux et quatre propositions d’hébergement, Roger Duhamel ne trouve pas de solution adaptée à ses besoins. Il multiplie alors les démarches pour demander un logement social. "Comme je suis seul, je ne suis pas prioritaire", souligne le septuagénaire.
Une recherche d’appartement compliquée, au vu de sa situation financière.
C'est une petite retraite, je touche à peine 1000 euros. Avec les aides, je pourrais payer des loyers aux alentours de 500 euros. Mais pour tous les studios, même les plus petits, il faut toucher au moins trois fois la somme du loyer.
Roger Duhamel
Depuis trois ans, il enchaîne les recours en justice pour faire annuler la décision du tribunal. Joint par téléphone, le cabinet d’huissier n’a pas souhaité réagir. Roger Duhamel ajoute. "Je ne comprends pas comment on peut me jeter comme si j'étais un squatteur." Dernière lueur d’espoir pour Roger Duhamel : sa requête déposée devant le tribunal judiciaire de Rouen. Un juge rendra sa décision, le 24 mai prochain.