Depuis un mois, le centre hospitalier universitaire de Rouen forme en deux jours des infirmiers aptes à travailler dans les services de réanimation. Alors que le pic épidémique est sur le point d’être atteint dans les hôpitaux normands, la cinquième session de formation a lieu cette semaine.
« Quand on ne connait pas, la réanimation fait peur », explique d’emblée Anaïs Crey, responsable de la formation. Depuis mi-octobre, le C.H.U de Rouen a formé 54 infirmiers volontaires issus des différents services de l’hôpital et de la clinique privée Mathilde. L’enseignement est très rapide. Un jour de formation théorique et une journée de pratique. Puis les infirmiers sont envoyés dans le grand bain en binôme avec un collègue confirmé. « Notre but n’est pas de former parfaitement un infirmier en réanimation en deux jours mais c’est mieux que rien », tranche Antoine Lefevre-Scelles, responsable médical du centre d’enseignement des soins d’urgence du C.H.U.
6 semaines de formation nécessaires en temps normal
La formation expresse a été imaginée par cet anesthésiste en réanimation au cours de l’été pour anticiper une possible deuxième vague de Covid-19 en Normandie. En avril, des infirmiers avaient dû soutenir leurs homologues dans les services de réanimation, sans aucune préparation. « On s’est rendu compte que cela avait été une source d’anxiété pour eux, au détriment des patients. L’objectif cette fois-ci c’était de pouvoir accueillir les débutants dans de bonnes conditions », constate le médecin. Habituellement, un infirmier qui veut se former pour travailler dans ce secteur nécessite six semaines en immersion avec un binôme expérimenté. Quand la période sera plus clémente, les deux jours de formations introductifs imaginés par Antoine Lefevre-Scelles y seront ajoutés.
« C’est une formation que l’on veut la plus complète possible pour répondre aux attentes des participants. Le plus important est de démystifier la réanimation. On leur explique que la réanimation c’est pas plus compliqué que ce que l’ont fait dans nos exercices pratiques », relativise Anaïs Crey. Au cours de ces exercices, les infirmiers apprennent de nouveaux gestes comme le décubitus ventral, une technique pour permettre au patient d’être mieux oxygéné. Si certains d’entre eux ont travaillé dans des blocs opératoires, aucun ne connait l’impressionnant arsenal médical au service des patients hospitalisés en réanimation. « Effectivement c’est une salle où il y a beaucoup de matériel. Par exemple, le respirateur qui en angoisse certains est totalement inconnu pour ces infirmier », note la médecin anesthésiste.
Les infirmiers en pleine formation semblent rassurés. « Je suis plutôt confiant, je me dis que je ne serai jamais tout seul », assure Edgard Minot, infirmier en chirurgie digestive. « On est adaptables. Beaucoup de choses nous ont été apprises à l’école d’infirmiers. Il faut simplement se les remémorer », ajoute Maureen Levarlet, infirmière en chirurgie. « Et puis, je préfère faire quelque chose à mon niveau pour permettre aux collègues épuisés de souffler un peu », conclut la jeune femme.
Pour l’heure, il reste 45 patients pris en charge pour le Covid-19 dans le service de réanimation du C.H.U de Rouen. Mais Antoine Lefevre-Scelles avertit : « même si il y a un ralentissement au niveau des entrées, il reste encore beaucoup de patients à prendre en charge. Les capacités de l’hôpital sont toujours en tensions. »