L'affaire dite "des découpeuses", le procès de deux femmes s'est ouvert ce lundi 14 novembre aux Assises de Seine Maritime. Elles sont accusées d'avoir assassiné puis découpé le conjoint de l'une d'entre elles, retrouvé dans la Seine en 2018. Elles risquent la prison à perpétuité.
C'est l'affaire dite "des découpeuses" qui est jugée depuis ce lundi 14 novembre aux Assises de Seine-Maritime. Le procès doit durer jusqu'au 18 novembre. Céline V. et Jessica A. sont accusées d'avoir assassiné le compagnon de Céline, d'avoir découpé son corps en morceaux et de l'avoir jeté dans la Seine.
Les deux femmes sont jugées pour "assassinat et atteinte à l'intégrité d'un cadavre". La victime, Sliman A., avait 45 ans et vivait avec sa compagne et leur fils au Petit-Quevilly, près de Rouen.
Troisième jour du procès : compte-rendu d'audience
D'après les témoignages, Jessica A., cliente de l'esthéticienne, n'avait jamais rencontré la victime. Selon son avocat, Maitre Beux-Prère l'hypothèse d'un transfert (terme de psychanalyse) pourrait sous-tendre le passage à l'acte.
Elle avait subi des sévices et violences sexuelles de son beau-père dans son enfance.
" Je regrette sincèrement"
Céline V., esthéticienne de 35 ans, s'est levée la première à l'appel de la présidente. En pleurs à la barre, elle a reconnu l'ensemble des faits qui lui sont reprochés. Dès sa première audition, elle avait reconnu avoir drogué son conjoint dans la nuit du 3 au 4 novembre 2018, avant de le tuer à coups de hache et de couteau, puis de le démembrer.
Elle avait justifié son geste en expliquant qu'elle subissait des violences de la part du père de son fils. Lors de cette première matinée de procès, elle a déclaré, en larmes : "Je regrette sincèrement."
Deux autres femmes impliquées
Esthéticienne à domicile, Céline V. s'était épanchée auprès de l'une de ses clientes, Jessica A, accusée d'avoir participé au démembrement de la victime. C'est elle qui aurait écumé les magasins de bricolage pour acheter combinaisons, outils et bâches, avant la nuit du 3 novembre 2018.
Dans le box, Jessica A., 39 ans, n'a montré aucune émotion en reconnaissant les faits.
Une troisième femme, amie de Céline V., comparait libre. Elle est jugée pour abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit contre l'intégrité d'une personne. Cette accusée avait eu connaissance du projet criminel " depuis le 7 octobre", sans avoir rien fait pour empêcher ce scenario macabre, car elle "ne l'imaginait pas capable de faire une telle chose".
Le père de l'accusée témoigne à la barre
Entendu comme témoin à la barre, le père de Céline V. a raconté la relation dégradée entre sa fille et Sliman A. Il explique avoir assisté à des reproches, des colères et à l'agressivité de la victime, qui aurait un jour "traîné par les cheveux avec un couteau sous la gorge" Céline V., selon une scène rapportée par sa fille, "qui vivait un calvaire, soumise à son compagnon". En détention, elle s'est ouverte à son père par écrit sur les viols qu'elle aurait subi de la part de son compagnon.
Auparavant, la tante de Jessica A. a fait état de la jeunesse fracassée de sa nièce, des violences subies par son beau-père, "un salopard" qui aurait commis des attouchements.
Ses amies n'ont pas su entendre ses " appels au secours"
Quatre amies de Céline V. défilent à la barre en ce premier jour de procès. Elles décrivent une femme " pétillante", "douce", gentille". Elles ne cachent pas leur émotion. Certaines pleurent à chaudes larmes et disent regretter de ne pas avoir perçu la détresse de leur amie, ni entendu ses appels au secours. Car avant la nuit du 3 novembre 2018, l'esthéticienne parle régulièrement à ses copines de ses difficultés de couple et répète qu'elle ne veut pas " vivre avec une épée de Damoclès sur la tête".
Céline V. décrit un mari "menaçant", qui lui aurait affirmé une fois qu'il finirait par brûler leur maison avec elle et leur fils à l'intérieur. A l'une d'entre elles, Céline V. confie dès le mois de juin " je vais le tuer".
Premier jour du procès : compte-rendu d'audience
"Céline était douce, gentille et pétillante", selon ses amies
Le mobile de la violence conjugale en question
Pourtant, aucune amie n'est directement témoin de la " violence" de Sliman A. Hormis à une fête d'anniversaire où il se serait montré menaçant envers un invité. Les avocats de certaines parties civiles, les frères et soeurs, fille et ex-compagne de la victime, ainsi que l'avocate générale ont insisté sur le fait que personne en dehors de Céline V. elle-même ne peut témoigner de violences au sein du couple. Mais les amies de l'accusée sont en revanche catégoriques sur le fait qu'elle avait "peur de lui" et plusieurs ont entendu des allusions au fait qu'elle "voulait en finir ", qu'il n'y aurait "pas d'autre solution".
L'accusation s'est quant à elle efforcée de démontrer que Sliman A. tenait à sa famille, qu'il avait "des exigences positives" sur le bien-être de sa compagne et de son fils, et de parler de "l'amour" entretenu au sein du couple.
Le procès de celles que l'on a baptisé les " découpeuses "attire beaucoup de monde aux assises de Seine-Maritime. La salle est comble. L'un des enjeux de ce procès hors du commun sera notamment de comprendre comment et pourquoi deux femmes a priori sans histoire ont basculé dans la violence meurtrière.
Le verdict est attendu vendredi. Céline V., tout comme sa complice Jessica A. encourent la réclusion criminelle à perpétuité.