Une école en grève, une enfant privée de classe et un maire menacé de mort : où en est le conflit à Val-de-Reuil ?

La situation est de plus en plus tendue à Val-de-Reuil dans l'Eure. La cause : un conflit autour de la scolarisation d'une enfant autiste. Sa mère estime que son enfant est empêchée d'étudier. Les enseignants étaient en grève et le maire de la ville est accusé de racisme. La mère de la fillette témoigne au micro de France 3 Normandie.

Les grilles de l'école du Pivollet à Val-de-Reuil étaient fermées ce lundi 22 mai 2023. L'ensemble de l'équipe éducative était en grève. Depuis plusieurs semaines, l'école connaît une situation de forte tension.

La mère de Meïra, une fillette de 11 ans scolarisée en classe de CM1 dans cette école, a posté de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux pour dénoncer la situation de sa fille. Elle estime que la fillette, atteinte de troubles autistiques, est empêchée d'aller à l'école et que rien n'est fait pour l'aider. 

Dans plusieurs vidéos, Aminata, la mère de la fillette, explique la situation. Dans celle-ci postée sur TikTok et qui comptabilise plus de 6 millions de vues, le personnel éducatif refuse l'entrée de Meïra à l'école puisque le rectorat a décidé d'une exclusion à son égard. Plusieurs policiers étaient également présents.

"Cela fait 4 mois que c'est assez difficile par rapport à son intégration dans l'établissement, explique Aminata. Dès le départ, l'inspection académique a choisi d'affecter ma fille en classe ULIS." Selon le site de l'Education nationale, les classes ULIS "constituent un dispositif qui offre aux élèves qui en bénéficient une organisation pédagogique adaptée à leurs besoins ainsi que des enseignements adaptés".

Un placement en classe ULIS qui a été refusé par la mère

Par le passé, Meïra a déjà été placée en classe ULIS. Un système qui n'a pas fonctionné pour elle selon sa mère. "Nous avons choisi de la replacer en classe ordinaire." Cependant, elle explique que l'établissement a refusé sa demande. 

Le jour de la rentrée, le 27 février 2023, nous avons été accueillies par la police. Depuis quelques jours, Meïra est accueillie tous les matins par les forces de l'ordre pour m'empêcher de la déposer à l'école.

Aminata, mère de Meïra

France 3 Normandie

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EXCLUSIF. La mère de la fillette témoigne au micro de France 3 Normandie. ©S. Gérain / B. Belamri / France Télévisions

Le rectorat explique avoir fait plusieurs propositions à la mère de famille pour permettre un accompagnement adapté à sa fille, ce que réfute Aminata. "La seule proposition qu'ils m'ont faite c'est l'ULIS", accompagnée d'un transport assuré en taxi selon le rectorat. 

Les services de l’éducation nationale ont donc accepté la scolarisation de l’enfant à l’école du Pivollet à Val-de-Reuil avec l’accompagnement d’une AESH individuelle à temps complet.

Académie de Normandie

 Après plusieurs semaines, l'équipe éducative "a jugé préférable la scolarisation de l’enfant en classe ULIS, initialement envisagée, compte tenu de ses besoins particuliers".

Dans un communiqué diffusé sur le site de la ville de Val-de-Reuil, le maire explique que "cette proposition a été refusée par la famille qui s’est montrée particulièrement véhémente, recherchant, à travers des altercations verbales répétées, à mettre volontairement en échec toutes les pistes de règlement qui lui étaient soumises."

La mère estime que sa fille est victime de discrimination. "Ils sont restés campés sur leurs positions. Ils ont essayé d'exclure Meïra et de l'affecter dans un autre établissement", explique-t-elle. Je n'ai pas compris le choix de l'inspection académique de modifier son système et de me l'imposer."

La mère de famille explique avoir déposé plainte "contre la directrice de l'école, contre l'enfant qui frappe ma fille et contre l'inspecteur de l'académie, dans la mesure où l'on refusait l'instruction à mon enfant."

J'ai fait ces vidéos pour montrer que ce n'était pas du tout la maman que l'on voulait présenter à tout le monde et pour me protéger, sachant que j'étais toute seule à me battre contre toute l'institution.

Aminata, mère de Meïra

France 3 Normandie

Vague de menaces et d'intimidations

Même si la mère de famille affirme avoir demandé "de ne pas menacer qui que ce soit, de ne pas agresser qui que ce soit", elle avoue que les réactions l'ont dépassée. Elle explique que des internautes lui ont proposé d'organiser une manifestation. Une offre qu'a refusée Aminata. Elle explique qu'elle ne s'est pas installée à Val-de-Reuil "pour créer des problèmes."

Le rectorat explique que les vidéos postées sur les réseaux sociaux suscitent "des réactions violentes de personnes extérieures à l'affaire [qui] créent de l'inquiétude de la part de l'équipe éducative."

Les menaces et intimidations de la mère, arrivée il y a 8 semaines, ont engendré des tensions avec la directrice de l'école qui a été placée en arrêt, l'instituteur en arrêt maladie et des parents effrayés qui disent qu'ils vont régler physiquement cette affaire.

Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil

France 3 Normandie

Il estime également qu'il y a à présent "une campagne de dénigrement contre la ville avec des menaces importantes [ndlr : de la part des internautes]. On ne peut pas faire classe avec la menace violente physique de quelqu'un contre soi. Je trouve que tout ce qui s'est passé n'est pas très digne et pas très normal."

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Le maire PS de Val-de-Reuil, Marc-Antoine Jamet, va porter plainte contre la mère pour diffamation. ©France Télévisions

Selon Marc-Antoine Jamet, "il semble que cette mère ait fait la même chose dans d'autres communes en changeant de nom, d'adresse, de métier. On voit que c'est peut-être quelque chose d'assez organisé. Je pense que cette mère a fait ça dans bon nombre de communes", affirme-t-il.

Une solution a finalement été trouvée

La mère de la fillette et le maire de Val-de-Reuil l'ont confirmé : une solution proposée par le rectorat a été trouvée pour Meïra. "2 enseignants spécialisés vont accompagner personnellement Meïra en permanence avec aussi une auxiliaire de vie", explique Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil.

Il estime que "c'est la solution la plus sophistiquée qu'on puisse trouver" et considère que "la santé de l'enfant est une priorité absolue".

Pour autant, Marc-Antoine Jamet a annoncé dans un post sur les réseaux sociaux qu'il allait porter plainte pour diffamation contre la mère de l'enfant

Aminata, la mère de Maïra, a également confié qu'elle porterait plainte contre Marc-Antoine Jamet, maire de la commune de Val-de-Reuil, également pour diffamation. Quant à Meïra, elle devrait retrouver les bancs de l'école dès le mardi 23 mai 2023. 

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