C'est un axe de circulation majeur dans la région : la RD 6015 traverse Yvetot d'Est en Ouest. Mais la route, empruntée chaque jour par 10 000 véhicules, est coupée depuis un an et demi. En cause : un affaissement de la chaussée. Les automobilistes sont excédés et ne comprennent pas pourquoi les travaux tardent à commencer.
À l'orée de la ville d'Yvetot (Seine-Maritime), un grand panneau prévient : "Déviation à trois kilomètres !" Cette déviation déstabilise toute la circulation à Yvetot. Car elle concerne une portion de la départementale RD 6015, qui traverse la ville d'Est en Ouest.
Le restaurant de la Vieille auberge s'est affaissé
Le 12 avril 2022, un arrêté de péril a été pris en urgence par la mairie. Le bâtiment du restaurant de la Vieille auberge, une institution dans la ville, s'est brusquement affaissé, ainsi que la chaussée située devant la bâtisse. Craignant une marnière, la ville a évacué les habitants, qui ont été relogés, puis a aussitôt interdit la circulation sur la chaussée endommagée.
Or, cette chaussée correspond à une portion de cette départementale très empruntée.10 000 véhicules y roulent chaque jour, allant de Rouen au Havre ou l'inverse. Des camions, des voitures, mais aussi des convois exceptionnels transportant des éoliennes. Ces derniers doivent aujourd'hui circuler sur la rocade. Mais les automobilistes et certains camions de déchargement n'ont pas le choix. Ils doivent passer par Yvetot, et se trouvent contraints d'emprunter les déviations, en plein centre-ville.
Ils décrivent la situation comme "une galère au quotidien et une grande pagaille générale".
C'est insupportable, chaque matin, il faut partir en avance ! On fait des détours dans le centre-ville pour pouvoir passer, il y a beaucoup de bouchons en heure de pointe. Tout le centre-ville est engorgé. Les gens klaxonnent, s'énervent, c'est comme ça chaque jour depuis un an et demi !
Une riveraine
Mais cette riveraine n'a pas le choix. La RD 6015 est sur le trajet de son travail."C'est comme ça matin et soir ...", ajoute-t-elle en soupirant.
Pourquoi les travaux n'avancent-ils pas depuis 18 mois ?
Au-delà de l'agacement, c'est l'incompréhension qui demeure : pourquoi ces travaux de voirie n'avancent-ils pas, depuis 18 mois, alors que toute la circulation la ville est durement impactée ?
Francis Alabert, le maire d'Yvetot, se dit déterminé à faire avancer le dossier mais reste pour le moment impuissant."J'ai fait tout ce que je pouvais. La situation de catastrophe naturelle est décrétée depuis juillet 2022. J'ai écrit au préfet et on cherche des solutions. Mais ce n'est pas de mon ressort : c'est une querelle d'experts, les assurances et les experts se renvoient la balle. C'est pour cela que c'est si long. Les questions d'indemnisation du propriétaire du bâtiment endommagé ne nous regardent pas, mais ce n'est pas normal de faire traîner les choses comme ça."
Le maire a rendez-vous le jeudi 11 octobre au Département de Seine-Maritime pour évoquer cette question. "Nous n'excluons pas de faire un recours judiciaire, peut-être un référé, pour mettre la pression sur les assurances et faire accélérer les choses."
Devant la Vieille auberge, la nature a repris ses droits. Des herbes folles crèvent le bitume. L'ancien restaurant et le bâtiment annexe se dégradent un peu plus chaque jour. Une partie des bâtisses s'affaisse, tandis que la chaussée continue de s'enfoncer.
"Cela n'était pas comme ça lorsqu'on a pris l'arrêté de péril, c'est de pire en pire", déplore le maire. Il ajoute : " Je suis conscient des problèmes de circulation que ça engendre. on étudie en ce moment un autre plan de circulation, mais tant que les travaux n'auront pas eu lieu, la situation sera toujours dégradée."
Une "décompression" des sols
De son côté, Julien Demazure, vice-président de l'arrondissement de Rouen pour le Département de Seine-Maritime, explique : "Nous avons procédé à plusieurs sondages géologiques, jusqu'à 20 mètres de profondeur. On ne parle pas de marnière à l'endroit où nous avons réalisé nos sondages, mais de décompression des sols, cette décompression a organisé des désordres en sous-sols sur différentes couches. Il y a des parties plus meubles que d'autres, qui ont pour effet de déstabiliser la chaussée en surface."
Quels types de travaux sont envisagés ?
Le Département a déjà mandaté des experts.
Il faudra procéder à un traitement des sous-sols, qu'il faudra étayer, en clair, la chaussée sera épaulée sur des pieux. Mais de toute façon, notre décision dépend d'un facteur : la démolition ou pas de la Vieille auberge !
Julien DemazureVice-président de l'arrondissement de Rouen pour le Département de Seine-Maritime
Deux hypothèses de travaux se présentent : "Soit on a une démolition de la Vieille auberge et ça permet de refaire la totalité de la route, soit on a un étayement de la Vieille auberge et on rouvrira partiellement la route pour rétablir la circulation dans un premier temps."
Julien Demazure précise que s'il faut réaliser les travaux en deux temps, cela doublera le coût du chantier qui passera de 250 000 euros à 500 000 euros environ.
Des travaux espérés pour le printemps 2024
Le département se dit prêt à commencer "dès demain" ces travaux de réfection. Les experts engagés sur ce dossier tablent sur cinq mois de travaux, dont trois de préparation de chantier.
De son côté, la mairie d'Yvetot espère que les travaux pourront commencer au printemps 2024. Le maire Francis Alabert glisse qu'il espère que ce chantier s'achèvera avant le 5 juillet.
Une date importante pour la ville et ses habitants, car c'est ce jour-là que passera au cœur de la ville...La flamme olympique !