Jam-session au hangar 181 sur les bords de Seine à Rouen ! 70 artistes ont réalisé tout le week-end une immense fresque sous la houlette du graffeur rouennais Kejo. L'occasion de découvrir les cultures urbaines, graff et hip-hop, et d'avoir une idée de ce que serait Rouen en capitale européenne de la culture.
Ce qui frappe en arrivant près du hangar 181 en bord de Seine, sur la rive gauche de Rouen, c'est cette odeur entêtante de peinture. Le calme aussi, car le long de ces murs, 70 artistes laborieux sont à l'œuvre, et l'on n'entend davantage le bruit caractéristique des bombes de peinture, que leurs conversations. Ces graffeurs ont été réunis par l'artiste rouennais Kejo, à qui la ville de Rouen a laissé carte blanche pour redonner un peu de superbe à ces murs fatigués. Un hangar que Kejo connaît bien ! Il y a 12 ans, il y avait réalisé une fresque de 1300 m2, sans doute l'une des plus grandes jamais réalisée en France.
Le thème c'est un retour de la nature sur la ville que j'ai nommé Vers le vert. Le mur est divisé en sept parties ou 7 crew de 10 personnes. Tout ce travail va être unifié par la couleur. J'ai fait des couleurs pour chaque équipe, ocre, violet, et vert bien sûr pour représenter la nature, qui va être le fil conducteur de toute la fresque
Kejo, graffeur
"C'est bien que la mairie nous laisse carte blanche pour ce projet, on laisse libre cours à nos idées, on a moins de pression. Vers le vert, car on est tous sensibiliser à la nature ! Pendant le covid on a revu des animaux dans la ville, la nature reprenait le dessus, c’était logique de choisir ce thème" poursuit Kejo.
Rouen, capitale Européenne 2028
Ce projet artistique a été mis en place dans le cadre de la candidature de "Rouen capitale européenne 2028". Le graffiti et les arts urbains sont au cœur de cette candidature, au même titre que d'autres représentations plus classiques de la culture.
"Ce thème de nature urbaine c'est important pour nous, car les enjeux écologiques ont toute leur place dans notre candidature, c'est au cœur des réflexions que l'on mène, nous explique Rebecca Amstrong, déléguée générale de la candidature Rouen Seine-Normande 2028. C'est important de laisser à des artistes la liberté d'interpréter ce thème, sur certains endroits ils poétisent la ville, sur d'autres ils nous interpellent aussi sur le devenir de la ville".
Un reportage à Rouen d'E.Partouche, S.Lhôte et A.Delahaye. Avec Kejo graffeur, et Rebecca Amstrong déléguée générale de la candidature Rouen Seine-Normande 2028.
Cette année la ville met en place une dizaine de prototypes (résidence d'artistes européens, terrains d'aventure pour les enfants..) l'idée étant de tester et de montrer à petite échelle quelles sont les valeurs de la ville, et ce dont elle est capable. Comme cette mise en valeur des cultures urbaines dans des endroits plus improbables que le centre-ville.
Cet Urban Jam c'est un moment important de la candidature, parce qu'on retrouve ici tout notre adn, tout l'état d'esprit de la candidature. Il y a la Seine juste derrière, et puis il y a ce détour à faire. Ici ce n'est pas un lieu identifié comme un lieu de culture, un lieu patrimonial. Dans notre candidature, on a envie de faire découvrir l'ensemble du territoire, la Seine et ses méandres, et de proposer des détours aux visiteurs
Rebecca Amstrong, déléguée générale de la candidature Rouen Seine-Normande 2028
Mission réussie à voir ces familles et ces poussettes se promener sur cette zone qui fut longtemps un site industriel, et qui est aujourd'hui un lieu de passage, et bientôt un lieu de culture urbaine. Car longtemps le graff fut considéré comme un art grossier et insolent. "Ça va changer la vision des gens sur le graff, ils vont nous voir œuvrer sur le mur, découvrir cet art" se réjouit Kéjo.
"Avec ce week-end consacré au graff, au hip-hop, on donne quelques indications aux gens, des petits cailloux pour leur donner envie d'embarquer avec nous vers 2028. Cette fresque c'est aussi montrer que toutes les cultures ont leur place dans notre candidature, les cultures urbaines, le street-art, le hip-hop ont toutes leurs places dans ce projet " conclut Rebecca Amstrong.