À Canteleu, près de Rouen (Seine-Maritime), l'association "Fraternité Banlieues" organise des distributions de vêtements et objets. Cela s'appelle le "trafic solidaire". Nous vous emmenons à la découverte de cette initiative à destination des quartiers prioritaires.
France 3 Normandie lance une nouvelle chronique qui se déroule au plus près de chez vous. Chaque jeudi, nos journalistes web dressent le portrait personnes, mettent en avant des initiatives atypiques dans des communes rurales ou dans des quartiers où notre média a moins l'habitude d'aller.
"Fraternité Banlieues"
Pour ce nouvel épisode, c'est moi, Théo Thomas, qui m'y colle. Direction Canteleu, à l'ouest de Rouen, pour le "trafic solidaire" : une initiative pour les quartiers prioritaires qui permet de donner des vêtements ou des objets du quotidien à tous ceux qui en ont besoin.
Équipé de mon téléphone, de mon stabilisateur et de mes deux micros, je prends la route car je suis attendu à 14h30 !
Sur place, Koumba Sidibé, la directrice de l'association, m'attend. Lorsque j'arrive, c'est déjà l'effervescence. Des dizaines de personnes sont déjà présentes dans le local puisque c'est une journée un peu spéciale... le "trafic solidaire" est organisé !
Koumba, la directrice de l'asso m'accueille et m'explique le principe de cette initiative. Je fais un tour du local à ses côtés.
"Nous avons plein de choses, un peu de tout et n'importe quoi ! On a des manteaux, des fournitures scolaires. Il va nous rester quelques classeurs, quelques cahiers, quelques trousses... Nous avons un peu de jouets pour enfants aussi !" Tous les vêtements sont lavés, triés et rangés.
C'est la deuxième fois qu'est organisé ce "trafic solidaire". La première fois, cela s'est déroulé au quartier de la Lombardie, dans les hauts de Rouen. Les deux autres distributions se sont déroulées à Canteleu et Grammont. Dans ces trois sites, l'association dispose de locaux, ce qui lui permet d'organiser ces distributions.
"On se connaît tous, on s'apprécie tous !"
L'association expose de nombreuses fournitures qui sont ensuite à disposition des habitants. Ils peuvent choisir gratuitement les produits qu'ils souhaitent emporter avec eux.
Sur place, je fais la rencontre de Fabienne, très sympathique. Après quelques mots échangés avec elle, cette habitante du quartier accepte de témoigner.
Fabienne ne trouve pas son bonheur. Il n'y a plus de vêtements à sa taille et elle en plaisante volontiers.
"C'est trop petit ! Non, ça c'est pour un homme." Une jeune fille lui propose un haut bleu, mais Fabienne n'a pas l'air convaincue... "Dans la paroisse où je vais, si j'ai pas de collant ou un legging à mettre, ils vont me flinguer quoi !"
Dans les magasins, quand vous voulez trouver des fruits ou des légumes, vous n'arrivez pas à les acheter parce que c'est beaucoup trop cher. Donc c'est pour ça qu'on vient ici.
Fabienne, bénéficiaireFrance 3 Normandie
Avec l'inflation et des produits hors de prix, Fabienne a choisi de venir ici. Elle se sent comme à la maison. "On se connaît tous, on s'apprécie tous ! On ne porte aucun jugement sur les personnes."
Un moment de partage
Sur place, avec ma caméra, certaines personnes n'osent pas trop parler mais on me présente Johny. Il me montre tous les vêtements qu'il a trouvés. "Un petit 501 bien propre, une veste... En plus c'est de la marque, ça rigole pas !"
Lui aussi est venu parce que "maintenant, c'est devenu un peu cher. Donc là, ça aide". Mais Johny vient aussi pour partager un moment de convivialité avec les autres.
En même temps que la distribution, un goûter est organisé. Café, gâteaux, jus, madeleines, on vous propose sans hésiter à boire et à manger !
Ici, on peut boire un petit café, on peut manger un petit peu de gâteau, parler un peu avec tout le monde... Ça fait du bien !
Johny, bénéficiaireFrance 3 Normandie
L'initiative des jeunes
Certains jeunes du quartier passent même en coup de vent, juste pour dire bonjour. À 18 ans, Fatima est membre de l'association. Elle me raconte comment est né le "trafic solidaire". "On a eu beaucoup de dons des écoles, collèges, lycées, des voisins, de nous-mêmes..."
Lorsqu'il a fallu stocker et ranger tous ces dons, c'est alors que Fatima a eu une idée.
Je me suis dit "mais ça fait beaucoup", alors je suis partie demander à la directrice si on pouvait faire une "journée dons". Et elle a accepté.
Fatima, membre de l'association
Démarche écologique et solidaire
Retour à l'intérieur du local avec Koumba, directrice de Fraternité Banlieues. On discute tous les deux de l'intérêt de cette initiative.
Le but principal, c'était surtout de faire du lien social sur le quartier, créer un espace de socialisation, rencontre avec les habitants.
Koumba, directrice de l'association
"Et puis le second, c'était de redistribuer des vêtements toujours corrects, en bon état, pour éviter de jeter tout simplement", explique-t-elle. Aujourd'hui, "avec les plateformes comme Shein, on ne garde pas longtemps les vêtements."
Au vu du succès de l'initiative, l'association envisage de renouveler ce genre d'opérations tous les deux mois. Pour rester informer des activités de l'association, vous pouvez vous abonner à ses comptes Facebook et Instagram (@fraternité_banlieues).
Pour ceux qui souhaiteraient faire des dons de vêtements et d'objets, ils sont à déposer au siège de l'association Fraternité Banlieues (1 rue Jean Mullot à Rouen), ou dans l'un des trois lieux d'accueil (à Canteleu, Grammont ou la Lombardie).