#Metoo dans la voile : de nouvelles victimes ont parlé, des skippers de la Transat Jacques Vabre ont signé une pétition

Isabelle Autissier, Alain Gautier, Jacques Caraës... Des grands noms du monde de la voile - ainsi que de nombreux skippers sur le départ de la Transat Jacques Vabre - ont signé une pétition, le 24 septembre 2023, pour dénoncer le harcèlement et les agressions sexuelles dans ce milieu, après des témoignages de nouvelles victimes.

Alors que l'une des mythiques courses au large va prendre le départ au Havre (Seine-Maritime) le dimanche 29 octobre 2023, la Transat Jacques Vabre, un sujet brûle toutes les lèvres : une pétition sur Change.org pour dénoncer le harcèlement et les agressions sexuelles dans le milieu de la voile, assortie d'une tribune publiée dans le magazine Voiles et voiliers.

Un signalement contre le skipper Kévin Escoffier

Ce mouvement #Metoo dans le milieu de la voile a démarré en juin 2023, point de départ de signalement contre le skipper Kévin Escoffier lors de la course The Ocean Race, à Newport aux États-Unis. Il est aujourd'hui visé par une enquête judiciaire en France pour des "comportements inappropriés" envers un membre féminin de son équipe.

Comme l'indique cette pétition, ces faits ont eu "le mérite de délier quelques langues".

Timidement, certes, mais les témoignages sont là. Ils datent pour certains de plus de 10 ans, ils viennent pour d’autres de l’olympisme, mais aussi des écoles de voiles et de la course au large. Les agresseurs, oui il y en a bien sûr plusieurs, sont identifiés – tristes secrets de polichinelle – mais pas inquiétés. Ils sont toujours licenciés, ils régatent, occupent des postes à responsabilité, encadrent.

Pétition "2023 rimerait avec Omerta ?"

Change.org

"Souvenez-vous, #Metoo. Tant que c’était dans le monde du cinéma, loin là-bas à Hollywood, on pouvait y aller, en parler… Mais là, c’est chez nous, sur nos pontons, nos courses, au sein de nos équipes. C’est plus délicat. Nous sommes bien d’accord. Mais est-ce une raison pour se taire ? Et donc cautionner ?", peut-on lire dans la tribune, qui appelle tous les membres d’un même équipage "femmes, hommes, parents, régatiers.ières, responsables d’école de voile, comme de centres d’entraînement, skippers.euses, entraineurs.euses en club comme en équipe de France, responsables fédéraux, fans de voile ou pas, voileux.euses ou pas" à réagir.

Isabelle Autissier : "pourquoi personne n'a rien dit ?"

Cette pétition a été signée par de nombreux skippers de la Transat Jacques Vabre et de grands noms de la voile, qui n'hésitent pas à se mobiliser. C'est le cas d'Isabelle Autissier. Contactée par France 3 Normandie, elle est très remontée. "Après l'affaire de Kévin Escoffier, tout le monde disait que ça se savait dans le milieu, que c'était de notoriété publique, c'est ultra-agaçant, pourquoi personne n'a rien dit ? Il a un entourage, il y a une classe IMOCA, une fédération, il y avait moyen d'intervenir. Il a encore fallu que ce soit une fille qui ait le courage de parler..."

Isabelle Autissier ne se dit cependant pas surprise que le milieu de la voile soit touché par ce fléau. "Il y a eu quantité d'affaires dans tous les sports et il n'y avait rien eu chez nous jusqu'à présent. Il n'y avait pas de raison que notre milieu ne soit pas touché. Grâce au mouvement #Metoo, on est dans un système qui se desserre et c'est tant mieux, que ça continue !"

La navigatrice milite pour que le système d'écoute et de référents se développe dans le milieu. "C'est dans notre intérêt collectif, c'est un combat des femmes et des hommes."

Même discours pour Isabelle Delaune, en charge des relations presse pour la classe Ocean Fifty, qui a également signé cette pétition. "Je suis tombée des nues quand j'ai appris pour Kévin Escoffier cet été et je ne veux pas que cela se reproduise."

"Ce n'était pas une action isolée"

Beaucoup de skippers ont apposé leur signature en bas de cette pétition, et notamment des hommes comme Alain Gautier ou Jacques Caraës.

Les langues se sont déliées, on a appris que ce n'était pas une action isolée.

Alain Gautier

Navigateur

Pour ce skipper de renom, "il faut absolument que les personnes qui en sont victimes se sentent protégées et qu'elles ne se sentent pas pointées du doigt quand elles le signalent".

Jacques Caraës est très énervé. "Il faut que ça cesse, on ne peut pas faire n'importe quoi avec la gent féminine. C'est tout simplement inadmissible, cela ne doit pas exister, ne plus exister. Cette pétition, cela va peut-être calmer les attitudes de certains."

De son côté, la direction de la Transat Jacques Vabre n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette pétition.

Pour l'heure, les victimes souhaitent rester dans l'ombre et d'autres noms d'agresseurs ne sont pas sortis au grand jour. Mais cela ne saurait tarder...

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