C'était en avril 2022. Ferrero, notamment basé dans l'agglomération de Rouen, faisait face à une vague de contamination de ses produits à la salmonelle. Un reportage de Complément d'enquête diffusé ce jeudi 17 octobre 2024 sur France 2 semble aujourd'hui indiquer que le groupe aurait minimisé le nombre de contaminations.
Des millions de chocolats rappelés, des centaines de consommateurs hospitalisés : il y a deux ans, le groupe Ferrero était secoué par le pire scandale sanitaire de son histoire. Une affaire qui revient sur le devant de la scène : selon l'émission Complément d'enquête, le géant de l'agroalimentaire aurait largement minimisé le nombre de contaminations. Me Jérémy Kalfon, avocat de plusieurs familles de victimes, n'en est pas étonné.
🔴 Kinder contaminés à la salmonelle, travail des enfants dans les champs de noisettes :
— Complément d'enquête (@Cdenquete) October 15, 2024
Révélations sur une marque très prisée des Français, Ferrero.
🍫 « Ferrero : les petits secrets du géant du chocolat » un nouveau numéro de #ComplementDenquete à voir jeudi à 22.45 sur… pic.twitter.com/91Bamv7aWj
Un rebondissement dans un scandale sanitaire sans précédents
121 consommateurs infectés en France, essentiellement des enfants - dont un petit garçon à Val-de-Reuil (Eure). Plus de 400 malades en Europe et des millions de Kinder Surprise et de Schoko-Bons rappelés. Si les échantillons de salmonelle ont été détectés dans des chocolats provenant de l'usine d'Arlon, en Belgique et pas dans l'antenne du Grand-Quevilly (Seine-Maritime), l'affaire a entaché l'image du groupe Ferrero, également connu pour les marques Nutella et Crunch.
Combien d’échantillons de salmonelle ont été détectés dans l’usine concernée ? À nos confrères du Parisien, le 26 mai 2022, Nicolas Neykov, directeur général France de Ferrero, concède qu'un épisode de contamination à la salmonelle s'est bel et bien produit le 15 décembre 2021. Mais selon Complément d'enquête, ce sont en réalité 81 échantillons qui se seraient révélés positifs en l'espace de deux mois.
Complément d'enquête s'appuie sur un rapport (ci-dessus), publié en anglais le 18 mai 2022 par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Un document passé inaperçu au moment de sa publication, et qui démontre pourtant que Nicolas Neykov a largement minimisé l'importance de cette contamination...
"Ils n'ont pas tout à fait collaboré comme il le fallait avec les autorités"
Ce vendredi 19 octobre, la société italienne a répondu à nos sollicitations en déclarant que "tous les lots de produits ont été rigoureusement testés avant d'être mis sur le marché". Mais ce qui est reproché à l’entreprise, et notamment par Me Jérémy Kalfon, c’est d’avoir caché les résultats des tests lorsqu’ils étaient positifs. "Depuis le départ, on voit bien qu’ils n’ont pas tout à fait collaboré comme il le fallait avec les autorités", estime-t-il.
"Il faut bien se rappeler que le contrôle sanitaire chez Ferrero se faisait en interne, reprend l'avocat. Ils ont donc été en mesure par ces process-là de noyer le poisson et d'en dire le moins possible. La moyenne d'âge de ma clientèle c'est 2 ans et demi dans ce dossier. En ne communiquant pas de façon complète et transparente sur cette affaire, on met en danger des enfants."
Regardez ce reportage d'A. Deshayes, D. Meunier et J-B. Le Pors :
À ces accusations, Ferrero répond avoir "toujours entretenu une collaboration constructive avec toutes les autorités compétentes". Si une enquête préliminaire est ouverte, reste à déterminer combien de victimes pourraient se constituer parties civiles : la plupart des clients de Me Kalfon ont été indemnisés par la société, en échange d'un renoncement à toute action devant la justice. Affaire à suivre.