Virginie Carolo-Lutrot, maire (DVD) de Port-Jérôme sur Seine et présidente de Caux Seine-Agglo, était l'invitée d'ICI 19/20 Normandie Rouen. Elle tire le bilan de sa rencontre avec le ministre de l'Industrie, au sujet de la suppression des centaines d'emplois sur la plateforme pétrochimique Exxon Mobil.
La stupeur et la colère règnent toujours moins de deux semaines après l'annonce, le 11 avril dernier, de la suppression de 647 emplois (soit près d'un sur trois), sur le site pétrochimique Exxon Mobil de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), cœur de l'activité économique de Caux Seine-Agglo.
Rencontre avec @RolandLescure pour discuter des impacts de la suppression d'emplois chez ExxonMobil à Port-Jérôme. L'État est mobilisé pour soutenir notre territoire. Ensemble, nous mettons en place un suivi opérationnel pour accompagner les familles et les salariés affectés ! pic.twitter.com/DuHvBAYsQe
— Virginie Carolo-Lutrot (@VCaroloLutrot) April 23, 2024
Les syndicats, comme les élus locaux, n'ont pas l'intention d'abandonner le combat. C'est le cas de la maire (DVD) de la commune et présidente de Caux Seine-Agglo, Virginie Carolo-Lutrot, qui rencontrait ce mardi 23 avril le ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure. Interview.
Le PSE en consultation dès cette semaine
France 3 Normandie : Savez-vous s'il y aura une solution pour tous ceux qui seront concernés par ce Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), comme s'y est engagé Exxon Mobil dans un e-mail envoyé aux salariés ?
Virginie Carolo-Lutrot : Le ministre était très déterminé, très engagé. Il connaît bien le territoire, parce qu'on développe depuis dix ans, finalement, cette transition sur le territoire tout en ayant en ligne de mire la chimie française. Il a été très réceptif à la stratégie que nous élaborons depuis une semaine.
On a discuté avec la direction d'Exxon, mais surtout aussi avec les syndicats, pour que chacun sur le territoire retrouve l'emploi dont il a besoin.
Certains vont peut-être partir, certains vont peut-être prendre un plan pour Exxon. Mais il y a aussi toutes les entreprises du territoire pour lesquelles nous devons trouver des solutions.
Ce matin à Lillebonne, avec C. Deschamps, nous mobilisions 550 élus et représentants syndicaux contre les suppressions de postes liées aux annonces d'ExxonMobil. Une décision prise en 90 secondes ne peut être opérée en 90 jours pour supprimer 90 ans d'histoire ! @CauxSeineAgglo pic.twitter.com/X0XSYnSmpu
— Virginie Carolo-Lutrot (@VCaroloLutrot) April 19, 2024
Avez-vous des informations sur ce PSE ? Quand aurons-nous des données plus concrètes sur sa mise en application ?
Ce PSE sera certainement démarré, en tout cas sa consultation, cette semaine. Ce sont les dernières informations que j'ai eues.
Les syndicats pourront avoir enfin accès au document qui prépare le sort des différents postes sur toute la plateforme, et trouver des solutions pour chacun d'entre eux.
Un impact global sur les entreprises du territoire
Vous le disiez : un poste supprimé chez Exxon touche en réalité l'ensemble du territoire. Cette casse sociale en perspective, comment l'accompagner au mieux et s'assurer qu'il y aura des garanties de l'Etat dans les semaines et mois qui viennent ?
Il faut d'abord avoir un diagnostic. Nous avions déjà fait une estimation de l'impact d'Exxon sur le territoire dans les années 2020, 2021. On avait déjà préparé les entreprises les plus impactées. Eh bien on les rencontre depuis vendredi dernier.
Après le séisme de jeudi, après l'émotion qui est encore présente dans les rues de la commune, il faut que toutes les entreprises impactées nous disent exactement combien d'emplois le seront. Qu'ils nous disent "c'est trente emplois, c'est dix, c'est deux intérimaires, c'est tel montant de contrat".
On va en faire le bilan et le présenter directement au ministère.
"Port-Jérôme, c'est une grande usine"
Le ministère justement, que vous dit-il ?
Tout l'enjeu du PSE d'Exxon, c'est de déboucher sur un PSE territorial, à travers un plan de revitalisation dans lequel nous mettrons dans la balance tous ces aspects-là : garder les talents sur le territoire, ce savoir-faire industriel qui a 90 ans.
Il faut garder aussi tous ceux qui ont des compétences pour travailler dans les futures industries que sont Eastman, Futerro ou Air Liquide, ce qui était prévu.
Ça arrive au mauvais moment... Ces sociétés ne vont arriver qu'en 2026, 2027 ?
Clairement, il nous manque 18 mois, 24 mois. C'est d'ailleurs exactement ce que je demande à la direction d'Exxon : revoir ce calendrier, qui est plutôt mauvais par rapport à ce que le territoire avait prévu et ce sur quoi nous avions travaillé.
On est viscéralement industriel et on doit le rester.
Virginie Carolo-Lutrot
Vous pensez que c'est possible, qu'ils peuvent avoir un semblant d'humanité ?
Je ne sais pas si c'est une question d'humanité ou une question de logique territoriale. À un moment donné, nous, nous avons respecté l'ensemble de nos devoirs sur le territoire : lors des risques technologiques, lors des différents investissements.
Ce que je leur demande, c'est d'avoir aussi un devoir sur ce territoire. À travers la chimie, ou le raffinage, la mise en place d'outils pour garder ce savoir-faire.
On l'a tous en commun. Port-Jérôme, c'est UNE grande usine. Soit on partage de l'énergie, soit on partage des compétences, soit on partage ce risque industriel. On est viscéralement industriel et on doit le rester.
Visionnez l'interview complète réalisée par F. Nicolas dans votre édition d'ICI 19/20 Normandie Rouen du 23/04/24 :