Témoignage. Union libre, polyamour, liberté sexuelle... "Le couple dans sa forme traditionnelle est malade"

Publié le Mis à jour le Écrit par Manon Loubet
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Benoît, 40 ans, est père de deux enfants. Il a ouvert son couple en polyamour avec sa compagne, ils ont même décidé de ne plus vivre ensemble au quotidien. Mais ils ont trouvé une nouvelle façon de faire couple et ont réussi à raviver la flamme.

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L'amour, c'est "avoir la chose la plus importante au monde sans la posséder". C'est cette phrase de Paulo Coelho qui guide Benoît (prénom d'emprunt) chaque jour. Âgé de 40 ans, chef d'entreprise, il est le père de deux enfants en bas âge (moins de dix ans).

"Nous nous sommes donné de l'espace"

Avec sa compagne - et mère de ses deux enfants - ils expérimentent une nouvelle façon de faire couple après une dizaine d'années de relation exclusive.

"Cela fait 15 ans qu'on est ensemble et on a senti la tempête arriver dans notre couple et lors de la dernière tempête, nous avons décidé de se donner de l'espace. Nous habitons chacun dans notre maison, nous ne sommes plus exclusifs, mais nous restons ensemble."

Pour Benoît, son couple n'a cependant pas choisi la facilité : se séparer. "On a essayé de continuer à être ensemble. On est conscient que l'amour passionné ne dure pas. L'amour est vivant, il évolue, il change tout au long de la vie, cela passe par plusieurs étapes, au rythme des événements, des erreurs... C'est plus ou moins intense. L'amour peut avoir plusieurs états, se réinventer, être résilient. Je crois qu'on peut s'aimer toute une vie, mais on va s'aimer différemment."

Alors pour s'aimer différemment, après cette tempête, le couple normand a décidé de se laisser de l'espace au sens large. "Pour moi, le véritable amour, c'est quand on comprend qu'on ne possède pas l'autre. Quand on a démarré notre relation en polyamour, je n'avais pas d'autres relations que celle avec ma compagne. C'est elle qui a commencé. Je ne vais pas vous cacher que je suis passé par des phases d'égo et de jalousie, c'est la culture de notre société, le couple exclusif, même si ce mythe est une hypocrisie totale."

"Le couple dans sa forme traditionnelle est malade"

Enfant de parents séparés, Benoît assure qu'on a tous été témoin passif ou actif de l'infidélité. "On a tous couvert un pote qui a trompé, on a des parents séparés. Quand on regarde le taux de divorce aujourd'hui, il ne faut pas être dupe, le couple dans sa forme traditionnelle est malade."

Benoît ne cache pas avoir dû parfois lutter contre lui-même. "J'ai beaucoup lu sur la question du polyamour, notamment Françoise Simpère, qui a beaucoup écrit sur la question. J'ai aussi beaucoup beaucoup discuté avec ma compagne. Car ce type de relation, ce n'est pas la facilité, il faut beaucoup beaucoup communiquer. Pour que cela fonctionne, la communication, c'est la base."

Protéger à tout prix le "Nous"

Puis, Benoît a aussi expérimenté le polyamour, à l'instar sa conjointe. "Ces relations extérieures ne rentrent cependant jamais dans la sphère privée. Ma compagne ne les connaît pas, mes enfants non plus. La règle, c'est préserver nos enfants et le Nous, notre couple. On respecte l'intimité, la liberté de chacun. On ne se dit pas tout sur les autres relations, seulement si l'on estime que c'est nécessaire. Personne ne possède l'autre, mais le Nous est à nous et il faut le protéger."

Parfois, quand les autres relations sont en mode "passionnées", "c'est très très dur, mais il ne faut pas être dupe, il faut prendre du recul et se redire que la passion ne dure pas"

Benoît et sa conjointe passent quasiment tous les week-ends ensemble ainsi que les vacances. "Et parfois en semaine aussi, on est ensemble. Cela dépend, c'est vraiment très libre. Et les enfants naviguent entre nos deux maisons. C'est très naturel pour eux et cela ne pose aucun souci."

Quand on prend des décisions de vie comme les nôtres, ça ravive la flamme, je crois que le couple se réinvente. On s'est ouvert des possibilités qui nous ont rapproché. Cela ravive également une libido chez le couple initial.

Benoît

Le quadragénaire tient à préciser que le polyamour, ou plutôt l'amour pluriel comme il préfère le nommer - ne veut pas dire libertinage. "Cela peut être des relations sans sexualité, une relation épistolaire... Quand on parle de polyamour, les gens pensent directement au sexe. Mais ce n'est pas du tout ça. On n'est pas toujours avec quelqu'un d'autre en train de faire l'amour ! Les moments que j'ai pour moi, je ne les passe pas toujours avec quelqu'un d'autre, c'est aussi pour faire des choses pour moi comme traîner au lit, écouter de la musique, aller au bar avec des potes... Je suis juste libre. En couple traditionnel, il faut toujours faire des compromis."

Un mode de vie pas toujours accepté 

Il avoue que ce type de relation cependant "n'est pas simple, ni sans écueil". "Quand vous multipliez les amours, vous multipliez le bonheur, mais aussi le malheur. On est en train d'inventer, alors on essuie les plâtres." La clef, répète-t-il, c'est la communication. 

Mais il est persuadé que cela peut sauver des couples. "J'ai plein de copains qui ne vont pas bien dans leur couple, ils ne font plus l'amour au bout de dix ans de relation, s'y sentent étouffés... Je pense vraiment que cela réveille le couple et ça lui redonne 10 à 15 ans de vie. Mais voilà, faut juste accepter qu'on ne s'aime pas de la même manière tout au long de sa vie. Et que ce n'est pas une renaissance de cet amour, mais une métamorphose. C'est un dépassement de soi, un épanouissement intellectuel."

Benoît et sa femme sont actuellement en train de revenir dans une période exclusive. "L'exclusivité nous va bien en ce moment. Mais cela ne veut pas dire que ce sera toujours comme ça. Nous voulons lutter contre le diktat sur la manière de faire couple."

Le quadragénaire ne cache cependant pas que leur philosophie de vie n'est pas compréhensible par tout le monde, notamment auprès de leur famille. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a souhaité témoigner de manière anonyme.

La philosophie de Françoise Simpère

Dans son livre Itinéraires de polyamoureux, Françoise Simpère, journaliste et spécialiste de la question, définit le polyamour : "Le 'polyamour' signifie le fait de vivre plusieurs relations affectives en même temps, en toute franchise, sans mentir à ses partenaires et sans penser que si l’on aime ailleurs, on est forcément obligé de rompre un attachement antérieur."

Un documentaire de Martine Ansselin a même réalisé sur elle, La grande amoureuse :

Dans une interview du Monde, elle précise : "le polyamour, c’est oublier le couple et inventer ses propres valeurs d’amour". Elle ne condamne cependant pas le couple monogame "mais il ne convient pas à tout le monde. Et je déplore qu’un seul modèle de relations soit proposé"

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