Une ligne à très haute tension de RTE est en projet, entre Amiens et Petit-Caux, en Seine-Maritime. Les riverains redoutent des conséquences esthétiques, environnementales et économiques.
Dans la vallée de la Bresle, Beauchamps, à la frontière entre la Somme et la Seine-Maritime, où une ancienne abbaye, reconvertie en havre de paix, pourrait voir son calme imperturbable bousculé par l’installation d’une ligne à très haute tension.
Jérôme Maillard détient LieuDieu, lieu touristique vert, avec sa femme. Ici, ils ont tout reconstruit de leurs mains. Alors voir probablement arriver une ligne à très haute tension à côté de leur domaine, est un non-sens". Le propriétaire pointe du doigt une carte de ses terres, un trait rouge le traverse.
C'est la fameuse ligne de 400 000 volts qui devrait passer au dessus de nos têtes. Elle traverserait le cœur de notre domaine foncier qu'on a mis des années à réunir. Ca nous empêcherait de développer des projets futurs, enfin s'il y en a... Parce que là, je peux vous dire que c'est cuit.
Jérôme Maillard, propriétaire de LieuDieu
Le rire du gérant est nerveux. Pour ce professionnel du tourisme, impossible de se projeter.
Une ligne au cœur de la forêt et proche des habitations
En tout, cinq tracés sont soumis à des concertations publiques. Si la deuxième option était choisie, la forêt d’Eu serait aussi menacée. Elle pourrait voir, selon le collectif stop THT 76-80, 10 000 arbres abattus.
Les arguments contre ce projet électrique fusent chez les habitants. A Incheville, côté Seine-Maritime, des riverains ont déjà 90 000 volts au-dessus de leur toit.
Lorsque l'on compare les pylônes de 90 000 et 400 000 volts, il n'y a pas photo. Il y a des différences de hauteur, de largeur, de nuisances visuelles et sonores. On peut entendre la plus grande structure à 500 mètres, elle est à côté des habitations.
Sylvain Finet, porte-parole du collectif Stop THT 76-80
Selon le réseau de transport électrique : "Toutes les autorités sanitaires (nationales, européennes et mondiales) s'accordent aujourd'hui sur un point : aucun effet à long terme sur la santé n'a été démontré."
Un projet porté par RTE
Cette ligne aérienne longue de 80 kilomètres doit être installée entre Argœuves, à côté d'Amiens, et Petit-Caux en Seine-Maritime.
Selon RTE, elle doit faciliter la transition vers la neutralité carbone.
Cette transition implique inévitablement une augmentation de la consommation électrique de l'ordre de 40%. Le réseau de transport électrique doit ainsi être adapté pour pouvoir acheminer l'énergie des centres de production (Normandie) vers les centres de consommation (Picardie).
Cyril Wagner, directeur adjoint du centre ingénierie de Lille chez RTE
Cinq propositions de parcours ont été soumises. La décision finale relèvera des préfets de la Somme et de Seine-Maritime, en mai prochain. La ligne, quant à elle, devrait être mise sous tension en 2033.