Pression, manque de moyens, horaires à rallonge : une étude tire la sonnette d'alarme sur la santé de ces professionnels. Deux vétérinaires de Seine-Maritime ont accepté de nous parler de leur quotidien.
1 vétérinaire sur 5 aurait eu des idées suicidaires au cours des 12 derniers mois. C'est l'une des conclusions alarmantes d'une récente étude réalisée auprès de 3244 praticiens pour le compte de l’association Vétos-Entraide et du Conseil national de l’ordre des vétérinaires (CNOV). Loin de l'image idéalisée que l'on peut avoir enfant, la profession est pourtant en grande souffrance.
Il y a quelques années, Laure Picard a bien failli arrêter ce métier. Associée avec 2 autres vétérinaires, cette jeune maman vit un rythme affolant. Elle travaille en libéral 50 à 70h par semaine et réalise une garde 1 week-end sur 3 tout en s'occupant de son nouveau né.
J'étais souvent absente, je faisais beaucoup de route et je devais gérer un bébé en bas âge. Il a fallu faire un choix car j'avais l'impression de passer à côté de ma vie. J'ai choisi mon fils.
Laure Picard, vétérinaire à Duclair (Seine-Maritime)
Heureusement, Laure Picard est très bien entourée par sa famille et ses amis et elle décide de se salarier pour avoir un rythme moins pesant plutôt que de jeter l'éponge. "J'avais doute idéalisé le travail. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de pression, de stress et d'heures. J’étais aussi très exigeante envers moi-même, je voulais sauver tous les animaux de la terre ! ", confie-t-elle.
Un sentiment de culpabilité
Afin d'accompagner ses confrères, William Addey, vétérinaire à Buchy (Seine-Maritime) est membre et fait partie du conseil d'administration de l'association Vétos-Entraide en 2005, suite à une vague de suicides.
Le risque suicidaire est surtout partagé par ceux qui font des gardes. Plus un professionnel fait des gardes dans la nuit, plus il y a un risque de suicide augmenté.
William Addey, membre de l’association Veto-Entraides
William Addey alerte sur la situation de solitude vécue notamment par les jeunes femmes. "L'épuisement émotionnel, cette peur de l'échec, cette culpabilité par rapport au risque de mort de l'animal est davantage porté par les jeunes femmes qui rentrent dans le métier et qui sont seules", résume-t-il.
Selon l'étude, 4,7 % des vétérinaires interrogés ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours.