L'annonce de l'arrêt du vapocraqueur d'ExxonMobil à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) a été vécue, dans l'agglomération, comme un séisme. En 90 ans d'existence, c'est en effet la première fois que le pétrolier américain ferme une grande unité de son usine. Retour sur un siècle d'histoire.
L'aventure du pétrole s'écrit depuis 90 ans à Port-Jérôme-sur-Seine. En 1934, la Standard Oil, une société de raffinage et de distribution de pétrole fondée au 19e siècle, investit en effet les bords de Seine pour y construire la plus grande raffinerie d'Europe. Une épopée à l'américaine commence alors pour les communes du secteur.
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Une incroyable expansion après-guerre
Les Etats-Unis, alors premiers producteurs mondiaux de pétrole, envoient des compagnies construire des usines sur le vieux continent. L'objectif est stratégique, car l'importation et l'exportation des hydrocarbures sont facilitées en Baie de Seine.
À Port-Jérôme, deux raffineries naissent ainsi : Vacuum et Standard. Elles deviendront Mobil et Exxon, puis seront détruites ou démontées pendant la Seconde guerre mondiale.
En 1951, il faut donc tout reconstruire. Modernisés, enrichis de nouvelles techniques, les deux sites disposent d'une capacité de production "deux à trois fois plus grande qu'avant les hostilités", assurent alors les médias.
La deuxième moitié du 20e siècle voit la chimie s'adosser au raffinage. Exxon Chemical investit des milliards de francs. On produit de plus en plus de polymères dérivés du pétrole, avec un vapocraqueur fraîchement installé. Des milliers de tonnes de plastique, alors en pleine expansion, sont fabriquées.
L'Asie Pacifique, Graal des investissements
En 1992 sont inaugurées de nouvelles installations, sur le site de Gravenchon. Rapidement, Exxon et Mobil fusionnent au niveau mondial. Et les investissements continuent de pleuvoir.
L'Asie Pacifique est un marché en plein développement.
Hervé Brouhard, directeur d'exploitation ExxonMobilEn 2008
"L'usine que vous voyez derrière, qui va faire partie de ce projet d'expansion, est essentiellement orientée vers l'export, vers l'Asie Pacifique", expliquait, en 2008, Hervé Brouhard, directeur d'exploitation ExxonMobil. "C'est un marché en développement."
C'est ce marché en développement et cette concurrence asiatique et surtout chinoise qu'ExxonMobil met d'ailleurs en avant pour justifier la fin de la pétrochimie à Port-Jérôme. 647 emplois sont concernés par la fermeture de cette unité.