Détectée en 2018, la "Crassule de Helms" n'a fait que proliférer en dépit des efforts pour empêcher l'envahissement des espaces naturels de Port-Jérôme-sur-Seine
Ne vous fiez pas à leur nom. Jussie, Ambroisie, Aster : ces plantes sont un véritable fléau pour la biodiversité et un cauchemar pour les jardiniers et les responsables d'espaces verts.
Introduites accidentellement ou volontairement dans la nature, ces végétaux venus d'autres continents "étouffent" les plantes locales, prennent leur place et envahissent tout l'espace avec pour conséquence une importante et dangereuse modification de l'écosystème et une grave menace sur la biodiversité.
Entre Rouen et Le Havre, en amont du Pont de Tancarville, la municipalité de Port-Jérôme-sur-Seine a fait appel à des spécialistes après la découverte, en 2018, d'un phénomène inquiétant dans un des étangs de pêche d'un des parcs de loisirs de la commune.
Venue de Tasmanie
Ayant constaté la prolifération d'une plante aquatique modifiant l'écosystème des eaux de l'étang, la ville de Port-Jérôme-sur-Seine et la communauté de communes ont fait appel à des spécialistes qui ont confirmé qu'il s'agissait bien d'une espèce exotique envahissante la Crassule de Helms (ou "Crassula helmsii (Kirk) Cockayne") originaire de Tasmanie.
Un partenariat a ensuite été signé avec le conservatoire d'espaces naturels Normandie-Seine pour définir les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre la prolifération de cette plante invasive et protéger les étangs, ses abords et la petite rivière du Télhuet qui coule en aval en direction de la Seine.
Toujours en 2019, le conseil municipal de Port-Jérôme-sur-Seine a décidé de fermer un des étangs et de voter un premier budget pour un plan d'actions comme la pose d'un filet au-dessus pour empêcher les oiseaux de disséminer le dangereux végétal.
Le contenu d'un aquarium
Une enquête a permis de déterminer que cette plante est arrivée là après une intervention humaine. Selon les spécialistes, son introduction à Port-Jérôme-sur-Seine remonte aux années 2010-2012.
La découverte d'un poisson rouge dans l'eau de l'étang contaminé a permis de comprendre ce qui s'était passé. Une personne aurait vidé son aquarium dans l'étang. Aquarium qui contenait, en plus du petit poisson, la fameuse Crassule de Helms, plante commercialisée dans certains magasins d'aquariophilie.
"On ne peut pas l'éradiquer"
Lutter contre la prolifération de cette plante est très difficile car il n'y a pas de méthode miracle pour la faire disparaître.
Comme l'ont expliqué sur place les techniciens du programme régional d'actions relatif aux espèces exotiques envahissantes à notre journaliste François Pesquet, sur les 120 espèces exotiques envahissantes répertoriées en Normandie, la Crassule de Helms est celle qui inquiète le plus car, à l'heure actuelle il n'y a pas de solution, à part préserver l'endroit où elle se trouve, c’est-à-dire l'isoler du monde extérieur pour éviter sa propagation.
"On ne peut pas l'éradiquer, on ne peut que la contrôler par un arrachage minutieux et régulier" précise Jean-François Dufaux, coordinateur du programme régional d'actions relatif aux espèces exotiques envahissantes.
C'est ainsi qu'en juin 2021, l'étang est toujours fermé.