Chaque jour, de nouveaux pays ferment leurs frontières et les vacanciers français se retrouvent pris au piège. Au Pérou, en Républicaine Dominicaine et sur les îles Canaries, des normands racontent leurs vacances qui tournent au fiasco.
"Il va falloir payer et on ne sait pas combien de temps ça va durer"
Damien a décollé le 8 mars dernier pour une dizaine jours de vacances sous le soleil en République Dominicaine. En forfait "all inclusive", autrement dit tout inclus, vol, hôtel, restauration... Damien, sa compagne et ses amis avaient tout prévu. Ils devaient prendre un avion retour le 16 mars, mais voilà... le vol a été annulé. Depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus, les avions sont cloués au sol et les compagnies aériennes forcées à reporter les vols. "Nous avions rendez-vous dans le hall de l'hôtel pour être transférés vers l'aéroport de Punta Cana. On nous a alors annoncé que le vol était annulé et que nous devions rester une nuit supplémentaire en République Dominicaine", explique Damien.Originaire de Lillebonne le petit groupe profite donc, à la charge de l'organisateur du voyage, d'une nuit supplémentaire sous le soleil d'Amérique centrale. L'opérateur leur promet un vol le lendemain, mardi 17 mars 2020 en direction de Paris. Mais là encore, le vol est annulé. "On nous ne donne pas plus d'informations. Les liaisons d'Air Caraïbes sont suspendues. On nous promet de revenir vers nous rapidement, avec un potentiel vol le lendemain", raconte Damien. Mercredi 18 mars, même scénario. Pas d'avion et les quatre compères sont toujours bloqués à l'hôtel, avec une différence de taille : "Désormais on doit payer. 106€ la nuit pour deux. Il va falloir payer et on ne sait pas combien de temps ça va durer", regrette Damien."Nous sommes bloqués à l'hôtel dans l'attente d'un avion. On doit être prêts à partir à n'importe quel moment". Sur place, l'hôtel se vide à vue d'oeil. Les américains peuvent rentrer chez eux mais les européens sont bloqués. "L'Union européenne ferme ses frontières. On vit dans le flou et, même s'il n'y a aucun malade dans l'hôtel, c'est un peu la panique". Damien est en vacances jusqu'à dimanche, sa compagne, elle, est au chômage technique. Ils ne savent pas quand ils pourront regagner la France. Un vol vers Bruxelles leur a été proposé le 19 mars avec comme à chaque fois, l'incertitude d'une annulation à la dernière minute...
D’autres normands sont aussi en confinement à l’étranger mais sur l’eau
C'est le cas de Sandrine et Jean-Marie Mulot. Ce couple de Havrais est parti il y a un an pour un tour du monde en bateau. Aujourd’hui ils sont bloqués au port de Las Palmas sur les îles Canaries, en Espagne.
"Ici, c'est confinement total depuis 5 jours et pour encore 10 jours : interdiction de partir en mer, de sortir faire du sport, les plages et parcs pour enfants sont fermés, et si on y va, on encourt une amende de 300 à 600 euros ! Au supermarché, on ne peut rentrer qu’un par un et être 10 maximum dans une grande surface. Les espagnols ne rigolent pas", relate Sandrine Mulot. Seule sortie quotidienne pour ces Havrais, la sortie de leur chienne, mais uniquement sur le ponton du port et pendant 10 minutes maximum. Même s'ils sont habitués à la vie dans un espace restreint, être confiné dans un voilier habitable à quai n’est pas si simple.
"On a la chance d’avoir un bateau de 14 mètres, et une grande cabine pour s’isoler. Mais la météo n’est pas avec nous. Il pleut donc on ne peut pas profiter du pont", sourit Sandrine Mulot. En bons marins, Sandrine et Jean-Marie savent tout de même comment occuper leur temps : "Sur un bateau, il y a toujours des choses à faire : on en profite pour bricoler, nettoyer le fond de cale. Et puis, on devait partir pour une transatlantique donc entre marins on s'est échangé en amont des livres, des reportages et des films et on avait téléchargé pas mal de choses", raconte Sandrine Mulot.
Le couple devait revenir en juin pour rendre visite à ses proches qu’il n’a pas vu depuis un an. Un voyage qui sera sans doute reporté. Le gouvernement espagnol envisage déjà de prolonger le confinement de 10 jours supplémentaires.
"Quand le Pérou a fermé ses frontières on a compris qu'on resterait bloquées"
Julie Preterre est arrivée au Pérou le 2 mars. Elle devait quitter le pays de 21 mars mais le président, Martín Vizcarra, a décidé de fermer toutes les frontières terrestres, maritimes et aérienne du pays explique la jeune femme. "Notre vol Lima-Paris a été annulé sans que ayons la possibilité de le modifier", raconte Julie. Au moment où elle a appris qu'Air France n'assurait plus la liaison avec Paris, Julie était à Cuzco à plusieurs heures de l'aéroport de Lima."Nous avons pris un vol pour rejoindre Lima le 15 mars, mais il était déjà trop tard", raconte Julie. La veille, l'ambassade de France au Pérou a prévenu les ressortissants et touristes qu'ils avaient 48 heures pour quitter le pays. Les deux amies avaient également réservé deux autres vols pour rentrer en France : Lima - Sao Paulo - Paris. Depuis, le pays est confiné. Comme en France, il est interdit de sortir, sauf pour des achats de première nécessité et pour consulter un médecin. "Nous en avons pour 15 ou 30 jours, explique la jeune médecin, je comprends que le Pérou prenne de telles mesures. Nous avons nous-mêmes tardé en France pour prendre des mesures de confinement."
Pour le moment la jeune femme et son amie sont logées dans un hôtel de la capitale péruvienne. "Les gérants nous ont promis que nous pouvions rester jusqu'à notre retour en France. Ils nous ont fait une remise - 23€ la nuit - c'est sympa", sourit Julie.
Les deux amies resteront confinées au Pérou pour encore au moins 10 jours. Elles espèrent que leur vol retour vers Paris sera remboursé : "Nous avons payé le Sao Paulo - Paris que nous n'avons pas pu prendre. Nous espérons que notre voyage retour sera pris en charge."