Pendant deux mois le Mont Saint-Michel était totalement désert. Une situation inédite pour le rocher qui figure parmi les sites touristiques les plus visités en France. Les 15 habitants de cette commune, religieux de l'abbaye compris, ont vécu une expérience étonnante.
Si vous avez déjà visité le Mont Saint-Michel vous vous en êtes obligatoirement rendu compte, pour déambuler dans la merveille il faut composer avec la présence d'une multitude de touristes venus du monde entier.
Une fréquentation digne d'un mois de Janvier
En moyenne 2,5 millions de visiteurs (chiffre: office de tourisme Mont Saint-Michel) arpentent chaque année les rues et les ruelles du Mont Saint-Michel un chiffre qui s'additionne à celui du nombre de pélerins et de randonneurs qui parcourent la baie à pied environ 200 000 par an (chiffre: syndicat des guides de la baie du Mont Saint-Michel).
Si le Mont était totalement désert pendant deux mois, depuis le 11 mai les touristes reviennent timidement. Flora Deguette responsable communication de "l'office de tourisme Mont Saint-Michel Normandie" compare la fréquentation actuelle à celle du mois de janvier, très loin de l'affluence habituelle en cette saison.
Confiné entre terre et ciel
Jean-Yves Lebrec habite le Mont Saint-Michel avec son épouse depuis une dizaine d'année. Il parle du confinement à l'ombre de l'archange comme d'une expérience forte et émouvante, un isolement forcé mais finalement assez plaisant."C'était très curieux d'être confiné entre la terre et le ciel, au Mont Saint-Michel on vit un peu dans le ciel. On a une vie très intérieure, ça ne nous a pas vraiment ennuyé, on peut même dire que ce moment était un véritable délice."
Jean-Yves Lebrec
"Cela n'est probablement jamais arrivé depuis le VIIIè siècle, depuis la fondation du Mont. Le silence était éronnant, on était frappé d'entendre un bruit humain, nous étions attentif à chaque grincement de porte. On entendait la nature, les oiseaux, le vent on avait le sentiment de vivre au rythme de la nature."
Jean-Yves Lebrec
"On n'a jamais vu ça !"
Ces rues exceptionnellement vides, le photographe professionnel breton, Mathieu Rivrin, a pu les immortaliser les 22 et 23 avril 2020. Et, surtout, il les a partagées sur facebook. Une jolie balade virtuelle, et une véritable buzz sur les réseaux sociaux (plus de 3,5 millions de vues !)."On a jamais vu ça, et je pense que même pendant la guerre c'était différent. Les magasins sont restés ouverts pendant l'occupation."
Jean-Yves Lebrec
En effet, pendant l'occupation le rocher servait de lieux de villégiature aux officiers allemands, hôtels, restaurants et commerces étaient donc maintenus ouverts.
Le confinement au Mont Saint-Michel "un moment magique"
La nature en a profité pour reprendre ses droits, Si les rues du Mont étaient désertes, la baie elle aussi était vide de randonneurs.
Les animaux ont repris possession de la baie, un matin par la fenêtre ma femme a même vu un chevreuil qui se promenait au pied du Mont.
Pendant deux mois, la population du Mont Saint-Michel s'est limité a une quinzaine d'habitants en comptant les religieux de l'abbaye.
On se promenait tous les jours. Nous ne croisions pas grand monde, chacun prenait soin de son prochain. Les soeurs de l'abbaye nous ont offert des biscuits qu'elles avaient cuisinés et nous avons partagé les oeufs de nos poules.
Jean-Yves Lebrec
Déconfinement attendu...
Malgré la magie de cette période Jean-Yves Lebrec apprécie le déconfinement et le retour des visiteurs, il souhaite que le Mont Saint-Michel retrouve une activité normale. Il conseille même aux amateurs d'expérience insolite de venir profiter des derniers instant de calme sur le rocher avant qu'il soit à nouveau pris d'assault par des flots de touristes.Cela n'a pas été désagréable mais c'est mieux de voir de la vie. Ce lieu a toujours été un lieu d'accueil, il doit le rester.
Jean-Yves Lebrec
... et très encadré
Depuis ce lundi 11 mai les boutiques de souvenirs du Mont Saint-Michel ont commencé à rouvrir les unes après les autres. Dans les navettes qui ont repris leur ballet, le port du masque est obligatoire, et les professionnels se préparent à accueillir les touristes dans les meilleures conditions. La mairie en collaboration avec la sous-préfecture d'Avranches a mis en place un parcours flêché que les touristes seront obligés d'emprunter. Le but : empêcher les rassemblements et le croisement des personnes pour limiter les risques de contacts et de transimission du virus.Les commerçants du Mont Saint-Michel que nous avons joints par téléphone espèrent que l'activité reprendra le plus rapidement possible, la limite de circulation de 100 km les empêche de recevoir la clientèle étrangère qui représente une part importante de leur chiffre d'affaire qui ne sera pas compensé par le tourisme local.