Elle est aide soignante au CHU de Rouen, il est médecin urgentiste au Samu. Après 10 semaines de crise sanitaire et de promesses réitérées du gouvernement, ces soignants attendent maintenant des actes : plus de moyens et des hausses de salaire.
C'était en avril 2018, Valérie Foissey avait interpellé le président Macron lors de sa visite du CHU de Rouen.
"On a besoin de moyens, on a besoin de personnels" disait alors cette aide soignante en maternité en regardant son interlocuteur droit dans les yeux. Une image qui est passée en boucle sur toutes les chaînes d'information.
Comme une prière sans cesse rabâchée, les soignants n'ont cessé ces dernières années de manifester leur désaccord avec les politiques publiques, à qui ils reprochent une gestion comptable de la santé.
Médecins, infirmiers, aides soignants sont descendus dans la rue, ils ont fait grève, ont travaillé avec un brassard...dénonçant sans cesse leur manque de moyens pour travailler correctement, au service de tous.
Il aura fallu cette crise sanitaire du Covid-19 pour que ces mots prennent un sens.
On peut pas dire qu'ils n'étaient pas prévenus, ça fait des années que les soignants sont dans le rue, les Urgences et les Ephad en grève...il y a un réel manque de moyens et de personnels.
Ils -les politiques- arrivent là, et c'est comme ci tout allait bien. Non on est pas content, non ça va pas bien!
Leur politique est criminelle, Valérie Foissey
Incompréhensible pour les soignants, mais aussi pour la plupart d'entre nous, tombés des nues en réalisant ce dénuement.
Ce sont des associations ou des artisans qui nous déposaient des combinaisons de sécurité, des masques, du matériel indispensable ! Valérie Foissey
La crise sanitaire et les moyens qu'il a fallu mettre en oeuvre rapidement ont mis au jour les failles d'un système.
On a géré Lubrizol, on a géré Saint-Etienne du Rouvray, mais là une épidémie virale d'une telle ampleur, personne n'y était préparé...Du jour au lendemain, on a doublé voir triplé le nombre d'appels au centre 15, Sami Abdelkalek médecin urgentiste au Samu de Rouen
Après deux mois très difficiles, l'épidémie décline et les soignants reprennent leur souffle.
Mais un autre combat se profile, celui de la survie de l'hôpital public.
Notre crainte, c'est de retrouver le monde d'avant la crise, où il fallait que tout soit chiffré, normé. pour nous la santé des gens et la vie humaine n'ont pas de prix, Sami Abdelkalek
Le prix du travail
Le gouvernement a défini le prix de ces semaines de labeur pendant la crise.Une médaille et une prime à géométrie variable, mais dont ne bénéficieront pas tous les personnels des hôpitaux publics.
Pour Valérie Foissey, toutes des personnes qui travaillent à l'hôpital font partie du personnel soignant, y compris les hôtesses d'accueil ou les agents d'entretien.
Il ne faut pas selon elle faire de distingo entre ceux qui méritent ou non cette prime, au risque de créer des divisions bien inutiles.
Sami Abdelkalek ne se reconnait pas non plus dans la médaille qu'il est censé recevoir pour ses bons et loyaux services pendant la crise du Covid.
Je ne me condidère pas comme un héros, je fais mon métier, je l'ai choisi. Pas besoin de médaille, on ne cherche pas la reconnaissance. On veut juste soigner les gens dans de bonnes conditions, Sami Abdelkalek
Même souhait pour Valérie Foissey qui demande des moyens concrêts pour travailler et une revalorisation des salaires, "pour soigner toute la population, et pas d'avoir à faire une médecine de guerre".