Transat Jacques Vabre : Martin Louchard, 17 ans, nous explique comment naviguer à bord d'un Class40

C'est le benjamin des 59 skippers en lice pour la Transat Jacques Vabre 2019. Nous avons rencontré Martin Louchard, jeune granvillais de 17 ans, juste avant son départ à la voile pour le Brésil à bord du Class40 #ATTITUDEMANCHE.
Il nous explique comment naviguer à bord d'un tel voilier.

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Vous l’avez peut-être aperçu sur sa trottinette autour du bassin Paul Vatine. Bien qu'il soit bluffant de maturité pour son âge, Martin a besoin de se défouler entre deux interviews et la trottinette semble être sa méthode pour relâcher la pression à quelques heures du départ de la Transat Jacques Vabre. À seulement 17 ans, le jeune granvillais fait son entrée dans la cour des grands et se retrouve confronté aux meilleurs skippers du monde au côté de son co-skipper Fred Duchemin. N'étant pas encore majeur, Martin a d'ailleurs dû demander aux organisateurs de cette course Transatlantique une dérogation afin de pouvoir y participer
 


A bord de son Class40, enthousiaste et souriant avec un Kinder Bueno à la main, le jeune skipper a répondu à nos questions juste avant le départ. Martin et Fred participent à cette course mythique sous les couleurs du Département de la Manche.
Avant de découvrir notre vidéo dans laquelle Martin explique la vie à bord lors d'une telle course, voici un rapide retour arrière sur sa jeune carrière

 

Précocité et talent

C'est en s’inscrivant à la section voile de son collège granvillais que Martin découvre ce sport plutôt atypique pour le commun des collégiens. A la base, il s'y inscrit un peu pour manquer les cours du mercredi nous avoue t'il mais très vite son talent pour la navigation se révèle et le jeune homme prend beaucoup de plaisir.
Après quatre années de collège, c’est une évidence, Martin est fait pour être sur l’eau et la voile devient sa passion. Il s’inscrit alors au Yacht Club de Granville. Dès lors, il commence à naviguer au large avec différents propriétaires de bateaux plus performants que ceux qu’il a pratiqués durant ses années collège.
C’est un certain Frédéric Duchemin, skipper granvillais lui aussi, qui remarque rapidement la précocité et le talent de Martin. Ensemble ils s'entraînent le long des côtes normandes à bord du bateau de Fred. Martin apprend beaucoup de son mentor et très vite lui propose de participer à la Transat Jacques Vabre. Fred accepte se pari un peu fou. Il croit en l'instinct de marin de Martin et tous deux sont complémentaires.
 

 

#ATTITUDEMANCHE

Le bateau sur lequel le couple de skippers va rejoindre le Brésil pour cette Transat Jacques Vabre date de 2013. Ensemble, ils ont réalisé beaucoup de travaux à bord pour préparer leur voilier pour cette course. Le dernier chantier en date s'est fait le mois dernier pour mettre leur embarcation aux couleurs du Département de la Manche qui a souhaité apporter son soutien à ces deux granvillais pour leur permettre de vivre cette traversée de l'océan Atlantique à la voile. Pour l'occasion, leur Class40 numéro 113 a été baptisé #ATTITUDEMANCHE
 

Depuis dimanche 27 octobre 13H15, heure du départ au Havre, le Class40 #ATTITUDEMANCHE fait donc route vers le Brésil. Pour Martin et Fred, le principal objectif est de finir la course. Un classement dans le Top 20 serait du bonus. Cette traversée de l'Atlantique est effectivement la première tant pour le bateau que pour Martin. Comme le veut la tradition, les deux skippers sont partis avec une bouteille de champagne qu'ils sabreront lors du passage de l'équateur pour remercier leur bateau. 



Saisir l'insaisissable

Le Class40 de nos deux aventuriers granvillais mesure 13 mètres de long et son mât de 19 mètres supporte 200m2 de voile. Autant dire que ce n'est pas si simple de s'y retrouver dans tous les bouts dédiés au maniement de la voilure.
Les premiers prérequis sont de repérer d'où vient le vent, savoir quelle voile installer et comment la régler mais aussi s'orienter en fonction des vents et courants. Une tâche complexe car le vent est invisible. Pourtant sa force est telle qu'elle peut faire avancer un bateau voir le retourner. Ainsi, pour optimiser la vitesse de son bateau, le secret est de comprendre comment capter au mieux cette énergie. Mais l'air est en perpétuel mouvement. Il accélère par endroits et ralenti à d'autres. C'est par ces écarts que vont se créer des différences de pression qui vont animer le bateau plus ou moins vite.

Le temps que le skipper ne passe pas à tenir le gouvernail lui permet de se consacrer d'avantage aux réglages de la voilure dans le but d'avancer le plus rapidement possible. C'est pour cette raison que chaque voilier est équipé d'un pilote automatique

 

Navigateurs des temps modernes

La mer est un milieu hostile pour l'homme. Sa puissance est sans limite et de nombreux explorateurs y ont perdu la vie depuis le début de l'histoire de la navigation. Aujourd'hui, seul la technique a évolué. Les bases de la navigation et les dangers sont restés les mêmes. C'est pourquoi même le plus expérimenté des skippers restera toujours humbles face à la mer.
 


A bord de son Class40, Martin nous montre justement un appareil indispensable qui épaule aujourd'hui tous les navigateurs des temps modernes. Il s'agit de l'écran du radar que l'on appelle l'AIS. Il permet notamment de voir à l'avance les cargos et autres embarcations.

C'est un petit appareil que l'on va regarder en permanence pour être sûre de ne pas taper. Et puisque nous sommes principalement dehors, on regarde aussi devant le bateau pour savoir s'il n'y a pas des containers, des bouts de bois ou autres objets flottant dangereux en cas de collision avec notre voilier. On fait attention parce que le bateau avance tout seul, et nous, on peut manquer d'attention par moments...

Autre évolution majeure : la nourriture. Sur ces voiliers de courses, les skippers mangent du lyophilisé afin de ne pas perdre trop de temps à cuisiner. De plus les petits sachets contenant la poudre sont très légers et ne prennent pas de place à bord. Mode d'emploi Selon Martin :

On fait bouillir de l'eau puis on ajoute un sachet. Quelques secondes plus tard, on a un petit plat tout prêt tout chaud !

Après le repas, rien de tel qu'une bonne sieste ! Lors de ce genre de course en binôme, les skippers dorment en fractionné par tranche d'une heure trente. Pour un minimum de confort, ils embarquent un pouf à billes qu'ils installent là où ils trouvent de la place... Un voilier de course n'étant pas très spacieux entendons-nous bien !

Avant de nous quitter, Martin insiste sur un dernier point de sécurité, le gilet de sauvetage. Il ne faut jamais le quitter en extérieur. Il ne reste plus qu'à prendre un maximum de plaisir. Bon vent !
 

 

C'est pas sorcier

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l'art de la navigation à la voile, voici un épisode de "C'est pas sorcier" dédié aux grands voiliers de compétition.

Vous le verrez, il y a des manœuvres plus compliquées que d'autres. Le virement de bord en est un exemple. Cette manœuvre s'effectue lorsque le vent change de côté. C'est notamment le cas lors des virages. Les skippers doivent alors changer les voiles de côté vu que le vent va lui aussi tourner. Pour ce faire, les voiliers sont équipés de ce qu'on appelle des écoutes. Ces espèces de poulies permettent d'agir sur les voiles avec un moindre effort. Il faudra tout de même changer tout le matériel de côté pour équilibrer le voilier par rapport au vent et limiter les risque de retournement. Et oui Jamy !
 
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