Trois questions pour comprendre la crise des éleveurs porcins

Nouvel épisode dans la crise des éleveurs porcins. Les deux plus grosses entreprises d'abattage en France refusent d'acheter le porc au prix de 1,40 euro le kilo au Marché du porc breton (MPB) de Plérin. Un tarif fixé dans un accord en juin, qui visait à rémunérer plus justement les éleveurs.

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  • Pourquoi la cotation est-elle suspendue au marché du porc breton (MPB) à Plérin ?
Deux des principaux acheteurs, Cooperl et Bigard, refusent depuis lundi 10 août 2015 d’y acheter la viande de porc au prix de 1,40 euro le kilo. Le président du MPB, Daniel Picart, a en conséquence décidé de suspendre la cotation du porc sur le marché. Le prix de 1,40 euro avait été fixé le 12 juin 2015 dans un accord conclu entre les différents acteurs de la filière (les abattoirs, les industriels et les distributeurs).

Raison invoquée par ces deux géants de la filière, qui abattent près de 40% des porcs français : ce prix est trop élevé face à la concurrence européenne. Outre la baisse de leurs revenus, ce refus engendre des coûts supplémentaires pour les éleveurs : ils doivent continuer à nourrir les animaux non vendus.

  • Comment fonctionne le marché du porc breton ?
On l'appelle "marché", mais il n'y a pas d'animaux sur place. Il se tient deux fois par semaine, le lundi et le jeudi, à Plérin (Côtes-d’Armor). 18% des porcs élevés en France y sont vendus. Le prix fixé à Plérin sert de référence nationale pour le porc standard, même si d’autres marchés au cadran existent ailleurs en France. L'absence de cotation au marché du porc breton touche donc toute la filière en France.

A Plérin, le prix de la viande s’équilibre entre l’offre et la demande. Les abattoirs choisissent les animaux sur un catalogue. La hausse maximale et la baisse minimale du prix de vente sont fixées à 5 centimes d’euros par séance

  • Comment en est-on arrivé là ?
Les éleveurs porcins connaissent des difficultés économiques depuis longtemps, mais la crise s'est aggravée lorsque la Russie a décrété un embargo sur le porc européen, en février 2014. Il s'agissait officiellement d'une mesure sanitaire, à cause de cas de fièvre porcine en Lituanie et en Pologne et sur fond de crise ukrainienne. Conséquence : il y a plus de viande sur le marché, ce qui fait baisser son prix.

Un an plus tard, le commissaire européen Phil Hogan a annoncé que l'Union européenne allait financer le stockage des animaux par les éleveurs. Il s'agissait de faire remonter le cours du porc en faisant baisser la quantité de viande en vente. Les éleveurs et les industriels font aussi face à une rude concurrence européenne. Par exemple, le kilo de viande porcine s'est vendu à 1,319 euro en Belgique et à 1,256 euro en Allemagne la semaine du 1er août 2015, contre 1,404 euro en France.
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