Pour vacciner en trois jours les 40 000 résidents de maisons de retraite en Normandie, au cours de la semaine prochaine, des médecins libéraux et des infirmières sont mobilisés. Ils annoncent déjà des fermetures de cabinets par demi-journées, et des rendez-vous non urgents reportés.
La campagne de vaccination s'accélère en Normandie et s'organise petit à petit, département par département. Pour les 5 départements normands, la vaccination a déjà commencé lundi au CHU de Rouen pour les personnels de santé de plus de 50 ans ou avec pathologie et les Ehpad associés. Au CHU de Caen, elle a démarré ce mercredi.
"Une dizaine d'établissement a été vacciné mardi, une vingtaine ce mercredi", assure Thomas Deroche, directeur de l'Agence Régionale de Santé (ARS).
Samedi, elle débutera dans beaucoup de cliniques et dans les 15 maisons de retraites pilotes, sélectionnées dans chaque département, soit 75 ehpad. Les doses nécessaires seront acheminées vendredi, dans ces établissements.
Au @SDIS14 la campagne de vaccination débute ce jour pour les personnels de plus de 50 ans avec le directeur départemental et le médecin chef ! pic.twitter.com/FWNpjEwQsr
— SDIS 14 (@SDIS14) January 6, 2021
Et c'est sans compter, les 3 centres de vaccinations qui ouvriront dans chaque département, la semaine prochaine, en vue de vacciner les pompiers, les professionnels de santé (dentistes, kinés, podologues, etc) et tous les intervenants à domicile des personnes âgées (de plus de 50 ans ou à risque, c'est toujours la priorité choisie qui sera déclinée)
En tout, plus de 25 000 doses sont disponibles en ce moment en Normandie. Et d'ici vendredi, le deuxième flux viendra doubler la donne. "Le réassort n'est pas un problème", certifie le directeur de l'ARS Normandie.
Des bras à trouver pour vacciner
Il faut donc beaucoup de bras pour administrer les vaccins. Un appel a tout simplement été lancé aux médecins de ville et de campagne, aux infirmiers et infirmières libéraux, "qui ont en très grande partie répondu oui dans toute la Normandie", affirme Antoine Leveneur, pdt de l'Union Régionale des Médecins Libéraux. Soit près de 600 généralistes et autant d'IDE ( infirmier(e)s diplômés d'Etat).
On a appris hier qu'il fallait aussi vacciner les professionnels de santé, les pompiers, et les aides-à-domicile. Alors on ne connaît pas la fin du film mais on doit y aller et on y va !
Des consutations reportées chez les généralistes
Alors que les généralistes ont accepté sans hésiter de se mobiliser pour vacciner vite, contrainte de temps incontournable à cause de la durée de vie du vaccin très courte, une fois décongelé (3 à 5 jours maxi), il faut faire des choix. Et celui de fermer les cabinets quelques heures par jour, a été pris, malgré le risque "d'embouteillage" qui s'annonce.
"Nous ressentons en ce moment l'accélération de la circulation de la Covid et du nombre de cas, et avec le froid d'autres pathologies saisonnières se rajoutent. Et nos cabinets sont déjà en tension. Autant vous dire que nous avons du prendre la décision de fermer quelques heures par jour, pour aller aider à la vaccination quand ce sera nécessaire. Les patients vont devoir comprendre et s'adapter. Partout nous ferons en sorte qu'il y ait un suivi pour les urgences", explique le docteur Leveneur.
Ces heures de fermeture exceptionnelle seront effectives dans l'Orne, l'Eure et le Calvados dès le 11 janvier et le 18 janvier pour la Seine-Maritime et la Manche.
Il faut s'attendre à voir cette situation s'installer dans le temps car la campagne de vaccination va prendre quelques mois.
Avant fin janvier, 40 centres de vaccination dans le Calvados
Avant la fin du mois de janvier, un département comme le Calvados (l'exemple choisi par l'ARS), sera équipé d'une quarantaine de centres de vaccination répartis sur tout le territoire. Des écoles désaffectées (on parle de l'ancienne école Lemière à Caen, par exemple), des casernes de pompiers, des maisons médicales ont été identifiées pour être provisoirement transformées en centre de vaccination, au plus près des gens.
Chacun prend bien soin d'éviter le mot "vaccinodrome", terme polémique en ce moment. La question est avant tout politique. Mais pas seulement.
Pas question que l'on revive les gymnases surpeuplés de la vaccination H5N1. Il faut des locaux plus humains, avec plus d'intimité.
Livrée ce vendredi 8 décembre 2021, la maison de retraite de Cérences, dans la Manche, établissement pilote qui se prépare depuis décembre, commencera sa campagne de vaccination l'après-midi même. Samedi, toute la journée, elle se poursuivra avec un surplus dimanche, si nécessaire.
"73 % des résidents et à peu près autant dans le personnel, sont volontaires. Mon collègue du Cotentin est à 80%. Il y a donc du monde à vacciner", raconte le directeur Stéphane Lemaitre.
Au total en Normandie, on compte 370 maisons de retaite et environ 40 000 résidents.