La transidentité, c’est le fait de ne pas se sentir en accord avec le genre assigné à sa naissance. Se sentir femme dans un corps d'homme, homme dans un corps de femme.
C'est aussi ne pas se reconnaître dans les identifications de genre masculin et féminin (non-binaire). Ou se reconnaître alternativement dans un genre ou dans l'autre (fluide).
Aujourd'hui en France, la population transgenre représente 1 à 2% de la population et près de 9.000 prises en charge en "affection longue durée" en 2020 (vestige de l'époque où la transidentité était considérée comme une maladie, cette prise en charge permet de couvrir les frais médicaux comme le traitement hormonal ou les rendez-vous médicaux et paramédicaux par exemple).
9.000 prises en charge en 2020 selon la CNAM. C'est dix fois plus qu'en 2013.
La transidentité n'est plus taboue. Et tant mieux, selon les invité.es de notre débadoc, même s'il reste du chemin à faire.
Il faut des modèles. Il faut mettre des mots sur les choses. Il y a 30 ou 40 ans, un homme se sentant femme allait être "classé" comme homosexuel. Mais ce n'est pas un sujet de sexualité. Avec la transidentité, on parle de ce que je suis et pas de qui je désire.
Michel Le Marrec, responsable de l'association Contact en Ille-et-Vilaine
Depuis la création de notre consultation transidentités au CHU de Caen il y a 4 ans, le nombre de consultations double chaque année. On est passé de 200, 250 consultations l'an dernier à 450 consultations cette année. C'est lié au fait qu'on en parle. Les freins se lâchent petit à petit et on s'autorise enfin à se questionner sur son genre.
Camille Delouche, psychiatre - équipe consultation transidentités du CHU de Caen et Vincent Bertaud, psychologue et coordinateur de la consultation
Pour joindre la consultation transidentités du CHU de Caen (rattachée au service d'endocrinologie) :
Parmi les invité.es de l'émission, Yolande Miel, dont le fils Maxence (né Clara) s'est suicidé il y a trois ans.
Je pense qu'aujourd'hui ça aurait été différent. Mais en 2017 on en parlait pas ! C'était quelques années trop tôt. Avant de me parler, Maxence est resté deux, trois ans sans se confier à personne. De là est née une profonde dépression.
Yolande Miel, auteure de "Maxence ou le journal d'un mec bancal"
Maxence souffrait d'une dysphorie de genre, soit la détresse d'une personne transgenre face à l'inadéquation entre son genre assigné et son identité de genre. Selon l'INPES, une personne transgenre a 10 fois plus de risques de suicide qu'une autre. Et selon la CNAM, il y a une tentative de suicide chez un tiers des personnes trans. Un tiers d'entre iels fait ou fera une tentative de suicide !
Cette peur de parler est encore trop souvent liée à la transphobie dans notre société. Pourquoi la transidentité fait-elle si peur ?
Parce que les idéaux de ce que serait la nature pure et parfaite selon certains se voient soudain détricotés par ceux pour qui c'est une question de survie.
Arnaud Alessandrin, sociologue à l'université de Bordeaux, spécialiste LGBT et discriminations
Certains parlent de mode... d'autres d'épidémie... c'est n'importe quoi. Je m'en suis rendu compte quand j'avais 4, 5 ans. Je ne comprenais pas à l'époque... Ce sont des décennies de souffrance intérieure. J'ai cru que j'étais un monstre ! Alors il faut en parler, il faut avancer.
Béatrice Denaes, journaliste et auteure de "Ce corps n'était pas le mien", vice-présidente de l'association Transsanté France
"Débadoc : la transidentité", une émission diffusée ce jeudi 13 octobre à 23h30 sur France 3 Normandie et France 3 Bretagne.
Rediffusion le 18 octobre à 9h05 sur France 3 Normandie.