Face à un écosystème marin en pleine mutation, le métier lui-même évolue. La question environnementale est aujourd’hui au cœur des préoccupations : techniques de pêche différentes, évolution de la ressource, quotas, cohabitation avec les éoliennes… à quoi va ressembler la pêche demain ?
La pêche en Normandie... ou plutôt les pêches tant la flotte est variée dans notre région : des petits bateaux de 5 à 6 mètres jusqu'à l'industriel de 100 mètres. Avec trois segments principaux : la petite pêche (au casier : bulots et crustacés), la pêche côtière (polyvalente : poissons et coquilles Saint Jacques) ou la pêche au large (les hauturiers : poissons uniquement).
Ce secteur important de l'économie régionale est-il en bonne santé ? Comment forme-t-on les futurs pêcheurs ? Comment les professionnels appréhendent-ils les enjeux environnementaux ?
Dans ce "Débadoc" présenté par Antoine Oricelli, il sera question des dangers de la pêche industrielle, de la préservation de la ressource et de la cohabitation nécessaire avec les nouvelles venues : les éoliennes.
Débadoc "L'avenir de la pêche normande" présenté par Antoine Oricelli
Diffusion le jeudi 2 février 2023 à 23h40 suite au documentaire "Inertie" de Nicolas Gayraud
Rediffusion le mardi 7 février à 9h05
Et bien sûr dans cet article, ci-dessus, quand vous voulez.
Autour d'Antoine Oricelli, nos invités :
- Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches de Normandie depuis 2017. Ancien patron pêcheur à Port-en-Bessin de 1988 à 2014 :
"C'est une activité de cueillette. On est les derniers cueilleurs. Quand on va en mer, on ne sait pas ce qu'il y aura. Il y a des choses qu'on maîtrise comme le gisement de coquilles. C'est un animal sédentaire, on sait que ce qu'on laisse, on pourra le repêcher après. On peut faire une vraie gestion. Sur du poisson, on est dans un espace communautaire, avec des animaux qui bougent, un facteur climatique important, donc on ne peut pas prédire l'avenir. Mais on sait que si on organise les pêcheries et si on fait attention aux ressources, il y aura toujours un avenir dans la pêche. Il faut absolument conforter la ressource de manière à ne pas travailler comme des fous 24h sur 24."
Travailler peu et bien valoriser ce qui est pêché. L'avenir de la pêche, il est là. Il n'est pas dans un productivisme acharné, avec du "toujours plus gros, toujours plus fort". Ça, ça ne marchera pas, ça ne peut pas avoir d'issue positive.
Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêchesExtrait du "débadoc : l'avenir de la pêche normande"
La température des eaux de la Manche a augmenté d'un degré ces dernières décennies. Un degré, ça paraît peu, mais on assiste déjà à une "tropicalisation" des espèces. On voit arriver des daurades royales ou du thon dans les filets normands... et d'autres espèces partir vers des eaux plus froides.
- Louis Perchey, 17 ans, élève en terminale - bac pro polyvalent au lycée maritime Anita Conti de Fécamp. Originaire de Trouville-sur-Mer, il est issu d'une longue famille de pêcheurs :
Aujourd'hui on ne pêche plus de morue. Le lieu pareil. Le bar revient grâce à une bonne gestion, on gère de mieux en mieux la coquille aussi. Donc la pêche se porte bien mais je ne pense pas que je pêcherai les mêmes poissons que mon père. Je pense que le cabillaud, on ne va jamais en repêcher par chez nous.
Louis Perchey, terminale bac pro polyvalent au lycée maritime Anita Conti de FécampExtrait du "débadoc : l'avenir de la pêche normande"
L'été dernier, avec les périodes de canicule, le bulot est venu manquer. On voit dès maintenant les effets du réchauffement de la Manche.
Des bateaux plus modernes
L'avenir de la pêche, c'est aussi des bateaux plus modernes, plus performants, avec une meilleure qualité de vie à bord.
- Quentin Yonnet, 41 ans, patron pêcheur de l'Alter Ego, chalutier de Port-en-Bessin, témoigne dans l'émission :
"Je rachète un bateau plus récent, coque polyester, avec un aménagement beaucoup plus agréable pour le travail des matelots. C'est très important. Maintenant, on commence à installer à bord des bateaux des bennes avec des tapis roulants qui apportent la pêche à hauteur d'homme. C'est beaucoup moins contraignant que d'être à genoux derrière sur le pont. C'est un bateau pour m'emmener jusqu'à la fin de carrière. Achat et travaux confondus, il va me revenir à 1,4 million d'euros."
Quel sera le profil des futurs marins normands ? Étonnamment, il semble que la crise sanitaire ait changé la donne.
- Christophe Molin, directeur du lycée maritime Anita Conti de Fécamp :
"Nous accueillons cette année 115 élèves en formation initiale. Et ce n'est pas suffisant par rapport à la demande : dans les 1 à 5 ans suivant leur sortie d'études, 95% de nos anciens élèves ont un emploi."
Avec la crise sanitaire, on a moins recruté en formation initiale, avec une baisse de 20 à 30% par rapport à avant Covid. Mais en formation continue, on a fait + 50%. Ce sont des reconversions. L'appel du grand large, l'appel de la liberté, des levers et des couchers de soleil, il est là. Il faut voir les bons côtés : quand on est en mer, c'est un plaisir absolu.
Christophe Molin, directeur du lycée maritime Anita Conti de FécampExtrait du "débadoc : l'avenir de la pêche normande"
Débadoc "L'avenir de la pêche normande" présenté par Antoine Oricelli
Diffusion le jeudi 2 février 2023 à 23h40 suite au documentaire "Inertie" de Nicolas Gayraud
Rediffusion le mardi 7 février à 9h05
Et bien sûr dans cet article, ci-dessus, quand vous voulez.
Article écrit par Marie du Mesnil-Adelée et Antoine Oricelli.