118 skippers s’élanceront ce dimanche pour disputer la Transat Jacques Vabre. A leurs trousses, presque 300.000 passionnés de voile prendront le départ virtuellement, grâce au jeu en ligne Virtual Regatta.
Perché sur un tabouret, le skipper Martin Louchart fait défiler des bateaux sur son téléphone. IMOCA, Multi50, Class40… «Comme pour la vraie course !», s’enthousiasme Olivier Scius, son team manager.
Sous ses doigts, Virtual Regatta, un jeu de simulation de voile qui cartonne chez les passionnés présents au Village de la Transat Jacques Vabre au Havre. Créé en 2006 par un ancien skipper, Philippe Guigné, le jeu en ligne – gratuit – s’adresse au grand public tout en tentant de rester au maximum fidèle à la réalité. Ce dimanche 27 octobre à 13h, il permettra aux skippers virtuels de prendre le départ de la course et de défier les 120 concurrents inscrits à la Transat, jusqu’à Salvador de Bahia au Brésil. 300.000 joueurs en ligne devraient relever le défi.
Calculer la meilleure trajectoire possible en fonction de données réelles
« Le jeu reçoit des données réelles de la météo, ce qui revient à injecter du vent du monde physique, sourit Philippe Guigné. Cela permet de mettre en place une stratégie et de définir la meilleure route possible, comme dans une vraie course. On s’est d’ailleurs rendu compte que les trajectoires réelles et virtuelles étaient assez similaires. J’ai pensé ce jeu avec mon âme de voileux. »Le PDG de Virtual Regatta l’affirme, la simulation en ligne permettrait aux skippers de s’entraîner réellement. Martin Louchart, joueur depuis cinq ans, ne dément pas : «Moi, c’est la stratégie météo qui m’intéresse. Grâce à la version off shore [celle qui permet de participer à la Transat en direct, contrairement à la version in shore, ndlr], j’ai pu exercer mes trajectoires au moment de passages de dépression, où il faut traverser en aile de mouette, C’est assez addictif».
«C’est ludique et pédagogique !», renchérit Olivier Scius. Pour ce joueur de la première heure, il manque néanmoins certaines données pour coller strictement à la réalité. «Par exemple, le facteur vague, qui fait ralentir. Ou l’impossibilité d’aller en surf, comme Martin pourra le faire.»Un peu plus loin sur le quai, Basile Bourgnon, autre skipper addict à l’appli. «Avec ma bande de potes voileux, on se tire la bourre sur Virtual Regatta. Je ne connais pas d’autres jeux de voile aussi bien fait», souligne-t-il.
«C’est complètement du divertissement !»
Pourtant, le jeune homme n’y voit pas une manière de s’exercer, même stratégiquement. «C’est complètement du divertissement ! Je ne pense pas qu’on puisse parler d’entrainement virtuel. Le vent n’est pas perturbé par l’effet de site, alors que c’est quelque chose qu’on utilise beaucoup pour naviguer.»Virtual Regatta fera partie des JO 2024 dans la catégorie e-sport. Mais pas de quoi donner des envies de reconversion aux navigateurs, qui à leurs claviers préfèrent l’air iodé. «Bien sûr, on ne peut pas retrouver la notion humaine, la confrontation avec les éléments et avec soi-même», remarque le team manager de Martin Louchart.?⛵️ Prêts à traverser l'Atlantique ?
— Transat Jacques Vabre (@TransatJV_fr) October 26, 2019
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Olivier Scius tentera néanmoins de dépasser le jeune skipper, dont les données seront retransmises dans le jeu et permettront de faire apparaitre son Class40, tout comme les voiliers des 119 autres concurrents. «Mais bon, s’amuse-t-il, on espère quand même qu’il restera en tête.»