L'arabica, à la saveur fine et à la culture délicate, ne sera-t-il qu'un lointain souvenir pour le palais des amateurs de café ? C'est ce que laisse penser une étude réalisée par la Royal Botanic Gardens de Kew, Royaume-Uni.
Les chercheurs ont mené deux types d'analyses en fonction de trois des scénarios d'émissions de gaz à effet de serre et d'augmentation des températures établis par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (+ 2,4 °C., + 2,8 °C. et + 3,4 °C.). La première, par localité (349 étudiées), conduit à une chute de 65 % à 99,7 % des lieux propices à la culture d'arabica d'ici 2080, comme le montre le graphique suivant. La seconde, par région, conclut à une réduction de 38 % à 90 % sur la même période.
La raison ? Le café, et en particulier l'arabica, s’avère une culture très dépendante du climat : les graines poussent dans une fourchette de températures restreinte, entre 19 et 25°C. Quand le thermomètre grimpe, la photosynthèse s’en voit affectée et dans certains cas, les arbres s’assèchent. Les caféiers pâtissent en outre de la hausse des périodes de fortes précipitations et de sécheresses prolongées, entraînée par le réchauffement de la planète. En réalité, la production de café pourrait se poursuivre sous serres, aux bonnes conditions de températures. "Mais l'arabica est considéré comme important pour la durabilité de l'industrie du café en raison de sa formidable diversité génétique", expliquent les auteurs de l'étude.
Au final, la menace de sa disparition met en péril les moyens de subsistance de millions de personnes qui le cultivent et le produisent. Les cultures d'arabica représentent un peu plus de 60 % de la production mondiale de café, avec 4,86 millions de tonnes produites cette année pour un montant de 16 milliards de dollars. Les exportations de cette variété s'avèrent cruciales pour les économies de pays comme le Brésil, le Soudan ou l'Ethiopie. Depuis quelques années toutefois, l'arabica a perdu du terrain au profit du robusta. Ce dernier, moins prestigieux mais bien moins cher, s'avère notamment très présent dans les pays émergents asiatiques, où la demande de café explose depuis une dizaine d'années et où les budgets sont plus serrés qu'en Europe. A la Bourse de New York, le prix de l'arabica a ainsi perdu 32 % depuis le début de l'année.