La coccinelle asiatique, nouveau fléau en Lot-et-Garonne

Les coccinelles asiatiques ''Harmonia axyridis'' envahissent le Lot-et-Garonne au détriment des espèces locales.

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Voraces, elles peuvent priver les indigènes de nourriture, voire manger leurs larves. Elles avaient été importées de Chine par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) à partir de 1982 pour lutter contre les pucerons et commercialisées à grande échelle entre 1995 et 2000. Cependant, l'invasion est un phénomène récent qui inquiète les agronomes de l'Inra. Depuis les spécialistes d'Harmonia axyridis, c'est son nom scientifique sont sur la brèche. Depuis que cette coccinelle originaire d'Asie s'est soudain acclimatée à l'Europe avant de l'envahir presque totalement, leur charge de travail s'est considérablement alourdie. Des entomologistes viennent d'annoncer avoir découvert comment cette petite bête retrouve, dans un habitat, le lieu de rassemblement de ses congénères. En hiver, certaines coccinelles s'abritent par petits groupes sous l'écorce de vieilles souches. Mais H. axyridis peut choisir l'intérieur d'une maison où elle forme des agrégats de dizaines, de centaines, voire de milliers d'individus. Bien que réputées inoffensives, ces concentrations se révèlent gênantes : lorsqu'il est dérangé, le coléoptère macule les surfaces d'un liquide jaunâtre nauséabond et émet occasionnellement des substances allergisantes.

 



Des générations à foison 


En 1982, l'Europe se lance dans une tentative d'importation et d'acclimatation de cette espèce pour lutter contre les larves d'autres espèces nuisibles. La station de lutte biologique de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), à Antibes, importe des échantillons de populations récoltés en Chine. Puis procède, au milieu des années 1990, à des essais en serre et à l'air libre, en France, en Afrique du Nord et en Amérique du Sud. Mais le coléoptère se montrant ici aussi incapable de résister à l'hiver, l'INRA cède son procédé à des industriels privés. Durant des années, des biofabriques européennes - dont la société française Biotop qui commercialise une souche "non volante" - vendent des larves utilisées en horticulture et culture sous serre, pour le traitement saisonnier des pucerons. Quelles sont les conséquences de cette invasion ? La question intéresse les écologues et les généticiens. En effet, l'animal, dont on a découvert que l'hémolymphe (le sang) possède des propriétés antibactériennes d'intérêt médical, n'est pas un ravageur de cultures mais un amateur de pucerons. Ses seules nuisances visibles se limitent à ces brèves intrusions hivernales dans les habitations et à des dégradations occasionnelles de la qualité du vin lorsque la bestiole - au goût, paraît-il, exécrable - est mêlée accidentellement au raisin pendant les récoltes.


Impact écologique


Sur le plan écologique, l'impact de ces pullulations reste incertain. Une équipe européenne dont est membre Marc Kenis, directeur de recherche au CABI (Centre of Agriculture and Bioscience International) à Delémont (Suisse), a constaté au terme d'un comptage de cinq ans réalisé sur des dizaines de sites belges, britanniques et suisses "une chute importante de la population et même parfois une quasi-disparition de la coccinelle à deux points, l'espèce européenne la plus commune". Pierre Coutanceau, qui est aussi entomologiste amateur et ingénieur au Muséum national d'histoire naturelle à Paris, affirme, lui, n'avoir rien observé de tel dans notre pays : "Je continue à en trouver autant qu'auparavant", assure cet auteur d'un Atlas des coccinelles de France.

En revanche, on commence à comprendre l'origine de ces pullulations. Peut-être dans la crainte d'être un jour interpellée sur le sujet, la direction de l'INRA a demandé à l'un de ses spécialistes en génétique des populations, Arnaud Estoup, directeur de recherche à Montpellier, de chapeauter des travaux sur H. axyridis. Consistant à analyser les génotypes de milliers de coccinelles récoltées un peu partout dans le monde ou issues de la souche de l'INRA, une étude conduite par Eric Lombaert, ingénieur à Sophia-Antipolis, a permis de reconstituer un scénario : les invasions en Europe occidentale, en Amérique du Sud et en Afrique du Sud ont vraisemblablement pour origine des insectes du Nord-Est américain. En Europe, ils se seraient ensuite mélangés avec des individus issus des élevages de lutte biologique.


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