"On ne se laissera pas virer comme des malpropres", les salariés d’Auchan se mobilisent contre la fermeture de leur enseigne

Les salariés de l'hypermarché Auchan de Bar-le-Duc (Meuse) se sont mobilisés, mercredi 27 novembre 2024, contre la fermeture prochaine de leur enseigne et la perte de leurs emplois. Plus de cent personnes sont menacées de licenciement d'ici à 2025, dans ce territoire déjà en proie à des difficultés économiques.

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Plus de 150 personnes se sont réunies dès 10 heures, mercredi 27 novembre 2024, devant l’enseigne Auchan de Bar-le-Duc (Meuse). Elles se sont rassemblées à l’extérieur du magasin, dans le calme, avant de défiler dans ses allées. Cette mobilisation, à l'appel des syndicats CFDT, CGT et FO fait suite à l'annonce d'un important plan social au sein du groupe. La multinationale de la grande distribution a annoncé, le 5 novembre 2024, la fermeture d'une dizaine de ses magasins et la suppression de 5% de ses effectifs français, soit 2389 postes au total, d’ici à juin 2025.

Des salariés désemparés

Quelques jours après la nouvelle, ces salariés meusiens sont encore sous le choc. Avec la fermeture annoncée et la mise en vente de l'hypermarché de Bar-le-Duc, faute de "fréquentation" et de "rentabilité", 108 emplois sont menacés. Karine travaille chez Auchan depuis plus de trente ans. "On est tous surpris et déçus d’Auchan, on ne comprend pas. J’ai passé 34 ans ici, ça va être difficile de tourner la page, c’était comme une deuxième maison. On a passé plus de temps ici que chez nous. Ça va être très dur pour nous tous et pour nos familles", déplore l’employée.

Au bout de 27 ans, soit la moitié de ma vie, j’apprends du jour au lendemain que c’est fini

Tristan, employé Auchan à Bar-le-Duc

Ce mercredi 27 novembre 2024, le magasin de Bar-Le-Duc est toujours à vendre. Par ailleurs, en cas de rachat, rien n'impose au repreneur de conserver le même personnel. Comme les autres salariés, Tristan est préoccupé pour son avenir. À 54 ans, il a passé 27 ans chez Auchan. "Je ressens de la tristesse, de la douleur. Au bout de 27 ans, soit la moitié de ma vie, j’apprends du jour au lendemain que c’est fini. Cela fait mal, je trouve qu’il y a une vraie injustice. Ça va être compliqué de tourner la page. J’espère qu’on pourra partir dignement, qu’ils nous proposeront une solution décente. À mon âge, c’est le flou, je ne sais pas comment envisager le futur", soupire le quinquagénaire.

Il fut un temps, nous étions très fiers de travailler pour Auchan 

 Pascaline Decorcelles, employée Auchan et représentante syndicale FO

Une inquiétude que partage Pascaline Decorcelles, employée de l’hypermarché et représentante syndicale FO : "Il fut un temps, nous étions très fiers de travailler pour Auchan. Peu à peu, ça s’est dégradé. Même si on venait à trouver un repreneur, nous ne serions pas tous réembauchés. Il y a des familles derrière, des crédits à payer, c’est terrible. Dans le département, il y a eu beaucoup de licenciements ces derniers mois. Entre les difficultés de Bonduelle, de Bergère de France, du Crédit Agricole et d’Auchan, la Meuse va très mal. Il y a très peu d’opportunités d’emploi".

Plusieurs revendications

La négociation du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) doit débuter le 28 novembre 2024. "On ne se laissera pas virer comme des malpropres. Tous les salariés se sont énormément investis pour cette entreprise, parfois pendant des décennies pour certains. On demande un PSE digne de ce nom, nous le méritons. Nous sommes en colère, d’autant plus que l’on sait qu’Auchan a racheté, cette année, près de 100 magasins ex-Casino. Le groupe a touché des aides de l'État et n’a rien fait pour notre hypermarché. On est face à une entreprise riche, qui réalise du profit, mais qui sacrifie ses salariés", fustige Pascaline Decorcelles, employée d’Auchan et représentante syndicale FO.

Les employés d’Auchan concernés par ce plan de licenciements espèrent repartir la tête haute. Dans un tract commun, les syndicats FO, CFDT et CGT dénoncent les mauvais choix stratégiques d’une "direction déconnectée de la réalité" et le "sacrifice de travailleurs au nom de la rentabilité". Parmi leurs revendications, ils réclament notamment une transparence totale sur les motivations économiques de cette fermeture, la mise en place de "véritables négociations", mais aussi la "garantie que sera proposée, à chacun, une solution de reprise de magasin ou de reclassement au sein de la galaxie Mulliez".

La famille Mulliez possède de nombreuses grandes enseignes telles qu’Auchan, Decathlon, Leroy Merlin, Midas ou encore Boulanger. Selon le dernier palmarès de Challenges, Gérard Mulliez et sa famille disposent d'une fortune estimée à 28 milliards d'euros, un chiffre en hausse de 8 milliards par rapport à 2023.

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