"Les enfants volés" un documentaire exceptionnel samedi 19 janvier à 15h15 sur France 3 Poitou-Charentes et Limousin

En Espagne, des milliers d’enfants ont été cueillis, déracinés entre 1939 et 1996. L’enfant déclaré mort-né à la naissance était en réalité vendu à une autre famille.

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On peut parler d'un véritable commerce, en tous cas d'un trafic d'êtres humains de grande ampleur. En Espagne, ce phénomène a pris une dimension phénoménale puisqu'on estime le chiffre de ses enfants retirés à leur mère aux alentours de 300.000. Initiée sous le règne de Franco, cette pratique a perduré jusque dans les année 90.

Deux réalisateurs français, Juan Gordillo Hidalgo et Sandrine Mercier, ont fabriqué un document très émouvant en retrouvant des victimes de ce commerce juteux derrière lequel se cachaient des médecins, mais aussi des curés et des religieuses.  Aujourd’hui, les bébés sont adultes et veulent savoir. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Les gens se cherchent.
Pour retrouver leurs proches, ils doivent fouiller dans le passé. Mais les cliniques et les hôpitaux gardent leurs archives bien cachées. L’Etat fait la sourde oreille, la justice traîne les pieds.

Depuis près de deux ans, ces victimes ont donc décidé de mener leur enquête. Elles sont parties à la rencontre des témoins de l’époque, à la recherche des responsables et à la découverte du modus operandi. Nous les accompagnons sur les traces de cette invraisemblable histoire pour entendre tous les acteurs de cette affaire, pour comprendre comment ce trafic a pu naître, se développer, au point même de dépasser largement les frontières de l’Espagne.

Un film de Sandrine Mercier et Juan Gordillo Hidalgo
Une production Marmitafilms,Veo Productions
Avec la participation de France Télévisions

Diffusion samedi 19 janvier à 15h15 sur l'antenne de France 3 Limousin Poitou-Charentes



L'interview de Sandrine Mercier et Juan Gordiollo Hidalgo

Pourquoi nous avons fait ce film?

Nous avons eu connaissance de cette histoire, à travers les journaux espagnols, jusqu'à ce que nous rencontrions les victimes pour un reportage d'actualité. Nous avons été touchés par leur souffrance, leur envie de parler,  de savoir, d'être écoutés. Quand on parle de l’affaire des bébés volés en Espagne, on s’imagine qu’il faut se plonger dans l’Histoire, dans le franquisme et dans les images en noir et blanc.
Or, les victimes sont toujours vivantes, certaines ont à peine 30 ans… et d’autres ne savent toujours pas aujourd'hui en 2012, qu’elles ont été volées.
Cette histoire nous l'avons racontée à nos familles, à nos amis, à des collègues. Mais ce n'était pas suffisant, à chaque fois, nous entendions "mais c'est incroyable, on ne connaît pas cette histoire en France. Alors nous avons voulu écrire une part de cette histoire manquante de l'Histoire espagnole. Il nous fallait entreprendre un récit, une enquête, un vrai processus documentaire où nous allions avoir nous aussi à trouver notre place.
Creuser les sillons des témoignages anonymes, interroger, tenter de comprendre...Pour que cette histoire aux allures de légende, soit connue, et enfin reconnue.

Racontez-nous une anecdote du tournage du film
C'était lors d'une manifestation de l'association "SOS bébés volés" réclamant l'accès aux dossiers médicaux dans les maternités de Madrid.
Nous étions en train de filmer Soledad, la mère bataille, qui nous présentait une amie:  Maria Luisa. Cette madrilène venait tout juste de retrouver sa fille Pilar, 31 ans après sa naissance.
La séquence s'organise au milieu de cette foule rassemblée devant une clinique,  Maria Luisa et Pilar s'enlacent, rient, complices et tendres, malgré cette si longue séparation.
Hors champ, Lily, notre personnage central apparaît. En retard, elle était arrivée à pas de velours dans la manifestation et écoutait la scène. Happée par l'émotion de cette rencontre mère-fille qu'elle désire tellement vivre elle aussi, elle ne nous voit pas, oublie notre caméra qui s'approche pourtant. Et se met à pleurer. C'est certainement un des moments les plus émouvants du film, que nous avons saisi à cet instant précis. Car leur souffrance, leur douleur leur faisait oublier notre présence, plus que secondaire dans ce raz de marée émotionnel qu'est la quête de leur identité.
Propos recueillis par Emmanuelle Gayet
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