L'accusation a estimé lundi que Garikoïtz Aspiazu Rubina, alias "Txeroki", ancien chef probable de l'appareil militaire de l'ETA, et les neuf autres membres de l'organisation séparatiste jugés à Paris restent bien sur une "ligne dure" et que les regrets exprimés marquent même une "régression".
A l'ouverture de son procès, où il comparaît avec neuf autres Etarras notamment pour l'enlèvement en 2007 dans les Landes d'une famille de vacanciers espagnols, "Txeroki" avait exprimé les "regrets" d'ETA à l'égard des victimes n'ayant "aucune responsabilité dans le conflit".
Ces "regrets" avaient été rejetés par Madrid, qui les a jugés "hypocrites".
"On est dans un retour en arrière", a estimé lundi au début de son réquisitoire, l'avocat général Jean-François Ricars, fustigeant une "distinction répugnante" entre les victimes, qui traduit un "discours de régression", une "position totalement inacceptable" d'accusés qui adoptent "les positions les plus extrêmes".
Pour le magistrat, ce discours marque un retour à une "ligne dure" pour "peser sur le débat en interne", car l'évolution de la situation depuis deux ans s'est passée "sans eux" et même "contre eux".
Selon le magistrat, les accusés tentent par un tout de passe passe de "s'emparer des évolutions actuelles auxquelles ils sont étrangers".
Avant toute discussion, l'Espagne et la France exigent une dissolution sans conditions et la remise de ses armes par l'ETA, à qui les polices des deux pays infligent revers sur revers et qui, en un an, a appelé à plusieurs reprises à des pourparlers.
L'avocat général a entamé son réquisitoire, qui doit durer toute la journée, devant un box vide. En début d'audience, l'une des accusés, Itziar Plaza Fernandez a lu une déclaration au sujet de la mort du militant de l'ETA Jon Anza, resté dix mois à la morgue d'un hôpital de Toulouse avant d'être identifié en mars 2010.
Mme Plaza Fernandez a mis en cause la police espagnole, estimant qu'il "s'agit bien d'une affaire d'Etat" et que Jon Anza a "été assassiné".
Le parquet de Toulouse a demandé récemment le classement sans suite de l'enquête, estimant que la mort de Jon Anza, qui souffrait d'un cancer, "n'a rien à voir avec une opération illégale de contre-terrorisme mais est la conséquence de son état de santé".
Vêtus de t-shirt à l'effigie de leur camarade, les accusés ont ensuite entonné un chant des combattants basques puis tourné le dos à la cour, avant d'être expulsés pour la journée par le président.
Initialement prévu jusqu'à vendredi, le procès devrait s'achever mercredi.