Le chef de l’Etat a annoncé dans une allocution télévisée plusieurs lois sur la publication des patrimoines des politiques et sur l'interdiction de mandat de tout condamné pour corruption ou fraude fiscale.
Lors d’une déclaration solennelle à l’Elysée, ce midi, où il a affirmé avec vigueur que son ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, n'avait "bénéficié d'aucune protection de l'Etat", le chef de l'Etat a annoncé une série de mesures visant à lutter de "manière impitoyable contre les conflits entre les intérêts publics et les intérêts privés".
"J'affirme ici que Jérôme Cahuzac n'a bénéficié d'aucune protection autre que celle de la présomption d'innocence et il a quitté le gouvernement à ma demande dès l'ouverture d'une information judiciaire", a déclaré le président, regrettant "une faute impardonnable (...) un outrage fait à la République".
Première mesure: le gouvernement soumettra au Parlement "dans les semaines qui viennent" un projet de loi visant à "assurer la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires".
Les élus condamnés pour fraude fiscale ou corruption seront "interdits de tout mandat public", a aussi dit M. Hollande. "L'exemplarité des responsables publics sera totale", a-t-il promis, alors que l'opposition a commencé mercredi à demander de nouvelles démissions de membres de l'exécutif.
"La République c'est notre bien le plus précieux", a martelé M. Hollande.
Déclarant vouloir "renforcer l'indépendance de la Justice", il a également annoncé une réforme du Conseil supérieur de la magistrature, l'instance régulatrice de la vie judiciaire en France, qui sera "votée cet été".
La gauche au pouvoir en France est au centre d'un séisme politique après l'aveu mardi de Jérôme Cahuzac qu'il possédait bien un compte secret à l'étranger. Mis en examen (inculpé) pour "blanchiment de fraude fiscale", M. Cahuzac a porté un coup aux promesses d'exemplarité du président François Hollande.
L'opposition de droite et une partie de la gauche critiquent vivement l'exécutif français alors que l'extrême droite a appelé à la démission du gouvernement et à l'organisation de législatives.
Politiques et médias critiquent également M. Cahuzac pour le fait qu'il ait quatre mois durant rejeté en bloc les allégations d'un média d'investigation, le site Mediapart.
L'ancien ministre, qui a démissionné le 19 mars après l'ouverture d'une enquête judiciaire, a nié "les yeux dans les yeux" face à François Hollande comme lors de tête-à-tête avec plusieurs ministres, ont affirmé plusieurs d'entre eux comme l'entourage du président.