L'avocat général a requis 10 ans de réclusion pour Thierry Tilly. C'est la peine maximale et c'est déjà ce qui avait été requis en première instance. La plaidoirie de la défense devait avoir lieu dans l'après-midi.
L'arrêt pour décider du sort de Thierry Tilly sera rendu par la Cour d'Appel le 4 juin.
La journée s'est acchevé par la plaidoirie de la défense qui joue son va-tout en accusant le "complice" Jacques Gonzalez d'être le véritable responsable de toute cette affaire...
Selon Me Alexandre Novion "le Machiavel dans l'histoire, ce n'est pas lui (Tilly, NDLR) mais Jacques Gonzalez". L 'avocat le compare d'après les écoutes effectuées dans l'enquête à Bernard Blier dans le film les "Tontons flingueurs" , quand il déclare au téléphone parlant à Thierry Tilly : "Maintenant, ça suffit, je veux du fric et je vais lâcher les chiens"... Et l'avocat de poursuivre : "Pour moi, l'instigateur c'est Jacques Gonzalez qui a berné tout le monde."
Les Réquisitions de l'avocat général
"Ma conviction demeure intacte : et sur la culpabilité, et sur le châtiment." L'avocat général Pierre Bellet a souligné la force de persuasion et d'instrumentalisation de Thierry Tilly qui s'est présenté comme un mythomane. Mais que dans son cas, il ne s'agissait pas d'une pathologie mais d'une stratégie. Selon lui, il a effectivement fait preuve d'abus de faiblesse sur des personnes et état de sujétion psychologique.Le magistrat, qui a requis la plus haute peine de prison possible à l'encontre de M. Tilly, a également demandé à la Cour qu'elle prononce une peine de cinq ans de privation de droits civiques et civils ainsi que l'interdiction définitive de diriger une entreprise commerciale ou artisanale. "Ce sont des faits exceptionnels" de "vampirisation financière et morale".
Thierry Tilly, qui a écopé de huit ans de prison en première instance, est un "mythomane stratégique (...) C'est un menteur, un vantard, un hâbleur, un imposteur" qui "exploite les failles psychologiques" de ses victimes, a martelé M. Bellet. Tilly use d'une palette de techniques de manipulation pour mettre "en état d'embrigadement"
psychique ses victimes, a poursuivi le magistrat.
Epinglant le "machiavélisme" du prévenu, M. Bellet a jugé l'état de sujétion psychologique caractérisé et a conclu à la culpabilité de Thierry Tilly qui a placé ses victimes en état de "séquestration psychique" pour mieux les faire se dépouiller de leurs biens (environ 4,5 millions d'euros au total), principalement à son profit.
"Il a séduit ses interlocuteurs, leur a tenu un discours récurrent sur un complot franc-maçon, rose-croix, homosexuel, juif...", conduisant "onze personnes à croire" en cette machination, a encore martelé M. Bellet.
"Il ne peut bénéficier d'aucune circonstance atténuante".
Un peu plus tôt, les avocats des parties civiles avaient réclamé la confirmation des sommes allouées en première instance par le tribunal correctionnel de Bordeaux (environ 4,6 millions de préjudice matériel 505.000 euros de préjudice moral), Me Daniel Picotin insistant sur son "désir d'emprise sur autrui" qui habite Thierry Tilly et sa "capacité à faire du "cousu main" avec ses victimes" dont il "scanne" forces et faiblesses.
Des violences psychologiques volontaires
L'avocat général a rappelé que les Védrines étaient obligés de rester à l'intérieur les volets clos, des caméras de surveillance avaient été installées, à l'extérieur, ainsi que des grilles. Chacun d'entre eux devait aussi rendre des comptes, quotidiennement par mails ou par téléphone, à celui que la presse avait surnommé le "gourou".
L'avocat général a aussi insisté sur le fait que la violence envers eux avait été commise avec préméditation. Et de rappeler l'épisode selon lequel Christine de Védrines a dû rester quinze jours forcée à se tenir sur un tabouret sans manger ni dormir... Rappeler, encore, que c'est l'ensemble des membres de la famille qui se nourrissaient de très peu, bien souvent pas à leur faim, étant même contraints à chercher de la nourriture périmée sur les marchés...
La plaidoirie de l'avocat de la défense, Me Alexandre Novion, devait avoir lieu en milieu d'après-midi ce jeudi.