Stéphane Sardin est mort en août dernier à 28 ans, victime d'un cancer qui l'a emporté en deux mois. Ses parents, Didier et Madeleine partent en guerre contre l'utilisation des pesticides qu'ils accusent d'être à l'origine du cancer de leur fils.
Stéphane était mécanicien agricole. Il était en contact régulier avec des produits phytosanitaires dans le cadre de son travail. Ses parents disent aujourd'hui que leur fils s'était plaint avant de tomber malade de nombreux malaises et de maux de ventre après avoir été au contact des pesticides et herbicides. Ces produits s'accumulent sur les machines agricoles dont les mécaniciens assurent l'entretien et les réparations.
A l'image de Paul François, un autre agriculteur charentais intoxiqué et malade depuis plusieurs années, Didier et Madeleine Sardin veulent faire prendre conscience, tout particulièrement aux agriculteurs, du danger des pesticides et du caractère très cancérigène du benzène contenu dans les produits chimiques.
Le silence entretenu autour de la dangerosité des pesticides et engrais dans le monde agricole commence à se briser et ces produits directement mis en cause dans l'apparition de certains cancers. Un lien de cause a en effet été reconnu par la justice dans le cas de Paul François contaminé par le lasso, un puissant herbicide commercialisé par le groupe Monsanto.
Comme beaucoup, les parents de Stéphane Sardin attendent aujourd'hui une évolution législative autour de la mise sur le marché de ces produits chimiques, potentiellement dangereux pour la santé mais soutenus par de puissants lobbys industriels et financiers.
En octobre dernier, le Sénat a remis un rapport et des recommandations sur l'usage des pesticides. Nicole Bonnefoy, sénatrice de Charente, en était le rapporteur. Dans ses conclusions, la mission commune d'information sur les pesticides du Sénat "a constaté que les dangers et les risques présentés par les pesticides étaient sous-évalués et que la protection contre les pesticides n'était pas proportionnée aux dommages éventuels". Ce rapport ajoute que "le suivi des produits après leur mise sur le marché n'est qu'imparfaitement assuré au regard de leurs impacts sanitaires réels et les effets des perturbateurs endocriniens sont mal pris en compte".
Jérôme Deboeuf et Christophe Guinot ont rencontré dans leur ferme de Charente, Didier et Madeleine Sardin, voici leur témoignage en vidéo: