Il n'y a pas eu de miracle ce lundi à Niort, comme prévu le tribunal de commerce a placé la société Heuliez SAS de Cerizay en liquidation judiciaire avec l'autorisation de poursuivre l'activité jusqu'au 31 octobre 2013. Seul espoir: la création d'une Société d'Economie Mixte par la Région.
Le tribunal expose qu'il a reçu des lettres d'intention de la part de repreneurs potentiels mais aucune de ces offres n'a été qualifiée de sérieuse, il juge donc qu'aucun plan de redressement par voie de continuité ou de cession ne lui a été présenté. Le groupe industriel espagnol Cosmos qui semblait le mieux placé et qui était présent à Niort le 23 septembre lors de l'audience, a refusé de s'engager pour l'instant. Son intérêt pour Heuliez est lié à un contrat de fourniture de plusieurs dizaines de millions d'euros avec Volkswagen. Le constructeur allemand ne devrait faire connaître sa décision que dans le courant du mois d'octobre.
La région au secours d'Heuliez SAS
Ségolène Royal a affirmé qu'il n'était pas question pour elle d'abandonner Heuliez SAS qui a représenté l'un des fleurons de l'économie régionale et qu'elle a toujours soutenu au fil des difficultés rencontrées par l'entreprise depuis plus de six ans. Pourtant aujourd'hui, la présidente de Région a estimé qu'il y avait " moins de 50% de chances de réussir".La poursuite d'activité pendant le mois d'octobre, prévue pour satisfaire les commandes des derniers clients, va permettre à la Région de mettre en place la SEM (Société d'Economie Mixte) dont Ségolène Royal a annoncé la création pour sauver Heuliez. Cette SEM a été dotée d'un budget de 650 000 euros par un vote du Conseil Régional. Une quinzaine de salariés sur les 287 employés actuels serait conservée sur place pour assurer la maintenance de l'outil de travail dans l'espoir de nouveaux marchés pouvant relancer l'activité de l'entreprise et ré-embaucher d'autres salariés. Tous les regards sont tournés vers le constructeur allemand Volkswagen avec qui cet important contrat de commandes de pièces détachées présenté comme le sauveur de l'entreprise est toujours en suspens. Mr Dumay, le directeur d'Heuliez SAS a confirmé ce matin devant le tribunal de commerce de Niort que "Wolkswagen n'a pas à ce jour concrétisé d'engagement commercial avec Heuliez".
Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes précise qu'avec la création de cette société d'économie mixte, la Région sera "propriétaire de l'outil de travail" qu'elle veut chercher à protéger dans l'hypothèse d'une reprise d'activité. Une rencontre avec le groupe espagnol Cosmos est prévue ce mercredi pour signer un accord d'intention et les statuts de la société seront approuvés le 18 octobre après un tour de table avec des investisseurs privés.
Le député socialiste des Deux-Sèvres, Jean Grellier, estime aussi que la crétion de la SEM permet de rester optimiste: "l'espoir se maintient notamment si Cosmos est capable d'aller chercher le marché de Volkswagen qu'Heuliez avait initié" a-t'il déclaré à l'AFP.
Les lettres de licenciements envoyées en octobre
Suite à cette liquidation judiciaire, les lettres de licenciements vont être envoyées aux salariés du site de Cerizay dans le courant du mois d'octobre. Elle sonneront le glas pour une société en grande difficultés depuis de nombreuses années. Au début des années 2000, Heuliez employait 3000 personnes. Au fil d'une lente agonie et après trois dépôts de bilan depuis 2007, il ne comptait plus aujourd'hui que 287 salariés qui vont donc se retrouver au chômage. Les salariés d'Heuliez SAS avaient anticipé la liquidation et avaient négocié le plan de sauvegarde de l'emploi qui a été signé. Les salariés licenciés ont obtenu le paiement d'une prime supra-légale de 10 000 euros par employé et des aides au reclassement d'un montant de près de 500 000 euros.L'entreprise a été sauvée une première fois par la région Poitou-Charentes en 2009, avec une entrée dans le capital à hauteur de cinq millions d'euros.
En 2010, elle s'était scindée en deux avec la création de la société Mia Electric, chargée de la production de la voiture électrique du même nom, tandis que le groupe BGI reprenait Heuliez SAS et ses activités traditionnelles d'emboutissage, ferrage et peinture.
Le reportage d'Elodie Gérard et Laurent Gautier