L'assemblée générale de la cave administrée par un mandataire judiciaire qui s'est tenue hier jeudi, celle de la dernière chance, n'a pas fait de miracle. La cave installée depuis 1948 à Neuville-de-Poitou va déposer le bilan ce matin à Poitiers.
Un administrateur judiciaire devrait être nommé à l'issue de l'audience au tribunal de Poitiers avec la mission de trouver un repreneur potentiel, mais la tâche risque d'être extrêmement compliquée tant la coopérative s'est enlisée dans les difficultés de gestion financière. Une liquidation pure et simple doit être envisagée et les 14 employés de la cave craignent aujourd'hui de se retrouver au chômage, même si pour l'instant l'activité n'est pas interrompue.
Une production et des ventes en chute libre
Les difficultés de la cave de Neuville ne datent pas d'hier. Elles ont commencé il y a une vingtaine d'années pour s'accentuer à partir du début des années 2000. La production n'a cessé de chuter, moins 40% en 2012 par exemple. Les 70 vignerons qui livraient encore leurs récoltes à la cave se sont tournés cette année vers Alliance Loire, ou vers des vignerons indépendants et les Grands Chais de France. Qu'en sera-t'il des vendanges de l'année prochaine, il est trop dire pour le dire.Réunis en assemblée générale en septembre dernier pour assurer la survie de la Cave, les adhérents ont refusé la seule offre de reprise émanant du propriétaire d'Ampélidae. Vigneron du Haut-Poitou, Frédéric Brochet est installé à Marigny-Brizay à quelques kilomètres de Neuville et a su assurer le succès commercial de son domaine.
Même s'il semblait inéluctable, le dépôt de bilan est accueilli avec tristesse et fatalisme aujourd'hui tant la cave a été pendant de longues années un emblème économique et de renommée pour Neuville-de-Poitou.
La longue descente en enfer à partir des années 90
La cave coopérative a été crée en 1948 et le Haut-Poitou est reconnu comme vin de qualité supérieure (VDQS) en 1970. Ce label couronne plusieurs années d'effort pour améliorer la qualité de la production. Un travail qui n'a jamais cessé et le Haut-Poitou obtient la label AOC (Apellation d'Origine Contrôlée) en 2011.Jusqu'au début des années 1990, les vins du Haut-Poitou gagnent en reconnaissance, les ventes suivent la tendance et les marchés à l'exportation se multiplie. Entre 1970 et les années 90, la cave emploie alors une quarantaine de personnes.
Une crise des marchés en 1992 suivant les intempéries de 1991 provoquent une première période de grandes difficultés pour la coopérative alors gérée depuis de longues années par Gérard Raffarin, le frère de Jean-Pierre et le fils de Jean Raffarin qui a fait partie des fondateurs de la cave en 1948.
En 1994, un plan social signe la fin des années de prospérité pour la coopérative jusqu'alors souvent citée en exemple pour sa gestion. 12 licenciements sur les 36 employés sont prononcés dont celui de Gérard Raffarin, directeur général depuis 24 ans.
L'année suivante, elle échappe de peu à la liquidation et est rachetée par un grand nom du Beaujolais Georges Duboeuf. Celui n'aura pas une vraie politique d'investissements dans les installations de Neuville qui ne sont plus adaptées, il abandonnera le Haut-Poitou après le rejet de construction de nouveaux locaux plus modernes à Neuville-de-Poitou en 2006. A cette époque, un second projet situé dans le Mirebalais avait été préféré mais celui-ci ne verra jamais le jour. Ces années d'hésitation et de luttes intestines autour de la localisation d'une future cave jamais construite n'ont fait qu'accentuer les difficultés.
En 2006, la Cave du Haut-Poitou confie la vente de ses vins à Alliance Loire, basée en Anjou mais le redémarrage commercial n'a pas lieu. Les ventes sont limitées et l'entreprise neuvilloise finit l'année dernière avec un déficit de 300 000 euros. L'engrenage se met alors en place pour conduire ce 15 novembre 2013 au dépôt de bilan.